mardi 16 novembre 2010

"Risque dépendance"... Alerte!

J'ai dit ici plusieurs fois que la "réforme" sarkozienne des retraites n'avait pour seul but que de réduire drastiquement les montants des retraites des futurs retraités, obligeant progressivement de plus en plus de monde à cotiser à des retraites complémentaires par capitalisation. Il se trouve, vraisemblablement par hasard, que c'est exactement le calcul fait par le frère de N. Sarkozy à la tête du groupe financier Malakoff Médéric, spécialisé dans les retraites complémentaires et qui vient de passer un accord avec la Caisse Nationale de Prévoyance (CNP, société contrôlée indirectement par l'Etat) dans ce but, accord que la Banque de France vient de bloquer provisoirement.

J'ai dit ici plusieurs fois que la Sécurité sociale, en équilibre en 2002 avait été systématiquement et consciencieusement mise en déficit par les gouvernements de droite qui se sont succédés depuis, ceci afin d'accréditer l'idée qu'il fallait la "réformer" à la Sarkozy et donner une part substantielle du gâteau aux assurances privées dont on sait qu'aux USA, cela a abouti au système le plus coûteux du monde tout en laissant au bord du chemin, et sans soins, 50 millions de personnes.

MédiaPart, dans un article très bien documenté démontre qu'en fait, la prise en charge du "Risque dépendance" n'est, en fait, qu'une manoeuvre sarkozienne supplémentaire pour tuer la Sécurité Sociale, conformément aux voeux de C. Bébéar dès 1996, et de D. Kessler en 2007.

N. Sarkozy, dans sa prestation télévisée du 16 novembre annonce qu'il veut résoudre "la question de la dignité des vieux, d'une population dont la vieillesse augmente, et d'enfants qui sont totalement démunis" et déclare vouloir créer "un nouveau risque, une nouvelle branche de la Sécurité sociale", rajoutant: "Faut-il faire un système assurantiel ? Obliger les gens à s'assurer ? Faut-il augmenter la CSG ?
 Faut-il avoir recours à la succession quand les enfants n'ont pas la volonté ou pas les moyens ?". Interrogation reprise depuis par F. Fillon puis par R. Bachelot qui cite le rapport n° 2647 de Mme V. Rosso-Debord sur le risque dépendance. Ce rapport, tout à la gloire des assurances privées, écrit notamment: "Les mutuelles, sociétés de prévoyance et sociétés d'assurance devraient 
assurer progressivement la prise en charge de toutes les personnes atteintes par 
une perte d'autonomie quelle qu'ait été la durée de leur assurance". (Toutes les citations proviennent de l'article de MédiaPart.)

L'article de MédiaPart explique encore: "Les déremboursements de médicaments que le gouvernement accélère depuis 2007 permettent dans le même temps aux mêmes assureurs d'englober dans leurs “packages” des offres portant aussi sur le risque maladie, de moins en moins bien couvert par la Sécurité sociale".
Comme d'habitude, tous ces arguments sont pourris, comme l'explique J. Attali sur son blog : "A droite comme à gauche, chacun semble penser que, en raison de l’allongement de l’espérance de vie,  nous allons être bientôt  noyés sous une armée de vieillards impotents, alzheimerisés ou parkinsoniens,  dont les retraites ne suffiront pas à payer le coût de leur entretien, et qu’il faudra assister pendant de très  longues années". Or, en réalité: "le fait de vivre plus longtemps n’augmente pas la durée de la dépendance, il ne fait que retarder la dernière année de vie, où se concentre l’essentiel des dépenses de santé. Sauf pour le petit nombre de ceux qui  sont ou seront dépendants : Ils sont un million aujourd’hui (3 millions si on compte les dépendances légères)  et leur  nombre n’augmentera que  de 1 à 1, 5% par an d’ici à 2040.  La durée moyenne de la dépendance est de 3, 7 ans pour les hommes. Un an de plus pour les femmes", concluant: "La dépendance n’est donc pas un enjeu majeur aujourd’hui. (...) D’où un débat qui va tourner sur le seul étroit  dilemme entre financement par des cotisations d’un « cinquième risque »   (par la société) ou par l'assurance (par soi-même). De plus, en invoquant la nécessité de financer ces dépenses soi-disant cataclysmiques, les partisans de la réduction des dépenses de santé pensent trouver un argument de plus pour justifier leur position".

Sur ce thème suivre aussi le site Cinquième risque.fr.
- "La sécurité sociale a joué un rôle contre-cyclique vital pendant la crise", Le Monde. "L'expérience de privatisation de ces dernières décennies ne montre pas de résultats convaincants en termes d'amélioration de la protection sociale".
- "Sarkozy l'américain", Le Monde.

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