Un post de mon ex-blog (05/10).
Peu de semaines sans que l'on entende un de nos politiques, de droite comme de gauche, nous vanter le système de "méritocratie républicaine"
dans lequel nous serions: chacun a les mêmes chances que les autres à
la condition de s'en donner les moyens et de profiter de ce que lui
offre la société pour saisir "ses chances".
A l'appui de cette thèse, ils citent
le système scolaire gratuit, maintenant massifié, avec des bourses pour
les plus défavorisés "méritants" et donc, à chacun de se
débrouiller, s'organiser et se battre pour atteindre les meilleures
places, les chances étant égales...
Cela a certes un peu fonctionné de
la fin de la guerre à celle des années 70, le pourcentage de fils
d'ouvriers et d'employés dans les grandes écoles montant jusqu'à 5 à 6%.
Cela ne fonctionne plus puisque ce pourcentage ne cesse de baisser
depuis un peu plus de 20 ans.
On sait qu'à revenus égaux, s'en
sortent mieux ce qui sont dotés du plus gros patrimoine. Patrimoines
financier, culturel, social. C'est dire, comme l'a magistralement
démontré Pierre Bourdieu que l'école, plus que significativement,
reproduit les inégalités de départ quand elle ne les amplifie pas
lorsque la part de revenus disponibles pour les moins favorisés
s'amenuise.
Peut-on comparer les "chances" d'un enfant d'immigrés fraîchement débarqués, de parents analphabètes, habitant à 8 dans 60 m2
avec, sans aller chercher les extrêmes, celle d'un fils de classes
moyennes dont les parents sont informés des méandres institutionnels et
sociaux, qui peuvent le soutenir, et disposant de sa chambre, de son
micro-ordinateur, .. ?
Et ce d'autant plus si le premier se
retrouve dans des établissements scolaires de grande taille, où la
concentration de milieux défavorisés est cinq à dix fois plus importante
que celui du second ? Le premier a-t-il seulement les chances lui
permettant de devenir "méritant" ? Oui, de l'ordre de une pour mille quand celles du second sont au moins de plusieurs centaines.
Peut-on alors parler d'égalité des chances et de méritocratie républicaine ? Non, bien entendu.
Quelles seraient les conditions qui
permettraient non pas de gommer mais au moins d'atténuer
significativement cet état de choses ? Nous les connaissons tous: une
inégalité de traitement infiniment supérieure à celle qui existe pour
les établissements à fort pourcentage de populations défavorisées (à
Csp-): Des établissements de taille réduite, des effectifs par classe
aussi, un suivi éducatif et social renforcé, mais aussi et peut-être surtout, enseigner autrement,
avec certes des moyens supplémentaires, y compris salariaux pour les
enseignants qui y feraient leurs preuves. Ce type d'élèves exige
infiniment plus d'investissement personnel que ceux des beaux quartiers.
Le remède le plus radical à ces inégalités dans le domaine éducatif, c'est surtout le même que dans toutes les autres facettes de l'inégalité sociale : la JUSTICE SOCIALE au pouvoir ! Fini les "beaux quartiers"... et le capitalisme !
RépondreSupprimerConnaissant la mentalité des "beaux quartiers", ceux-ci auraient l'audace d'envoyer leurs enfants dans les écoles pour défavorisés, en utilisant les filières et les pressions où ils sont passés maîtres.
RépondreSupprimerSeule la solution de Rem* est pérenne. Au grand dam de ceux qui, actuellement, vivent dans et jouissent de ces "beaux quartiers".
Et deux commentaires débiles, deux !
RépondreSupprimerL'inégalité entre les hommes ne dépend pas seulement du système économique, financier, mais aussi culturel. Celui qui se fout de savoir, ne saura jamais rien...
Il est "normal" que l'inégalité résultant de la diversité, se maintienne, se reproduise, quel que soit le système éducatif.
Croire le contraire est de l'angélisme anticapitaliste.
Remarquons que de plus en plus de profs du public envoient leurs propres enfants dans le privé. Si même eux n'ont plus confiance dans la sacro-sainte Education Nationale...
RépondreSupprimerTout le monde sait bien que, dans les systèmes non-capitalistes, les enfants de la Nomenklatura avaient les mêmes chances que les enfants de prolos. D'ailleurs, il n'y avait pas de beaux quartiers.