Suite à quelques commentaires à mon post d'hier, je republie une chronique de mon ex-blog (avril 2009) qui me semble adaptée.
Les informations de Fr3 faisaient
état, hier soir, de ces jeunes, hospitalisés après s'être shootés dans
une boîte de nuit avec une variété de détergent parce que, disaient-ils,
la bouteille de whisky était trop chère. Un médecin interviewé disait
que ce genre de choses se produisaient de plus en plus souvent et que
des conséquences graves n'étaient pas à exclure.
J'ai résisté au premier réflexe, pourtant de bon sens, qui aurait été de penser: "mais ils sont fadas ces jeunes aujourd'hui !"
Je me suis remémoré que, dans l'histoire,
toutes les sociétés ont toujours marqué, hormis la période historique
récente, les étapes de la vie par des rites festifs, souvent excessifs
et déraisonnables, faisant le plus souvent appel à des substances menant à des
états de conscience approximatifs. J'ai connu, à Ouvéa, des jeunes se quasi-
tuant le week-end à l'alcool à photocopieuse quand l'alcool buvable
était indisponible du fait d'une prohibition imbécile.
Dans ma jeunesse,
les monômes des bacheliers (qui m'ont laissé une belle cicatrice) et,
dans les villages, les tournées des conscrits s'accompagnaient de
désordres et transgressions divers ainsi que d'une imbibation certaine.
Alors, certes, ce n'était pas très
malin, ni très intelligent, cela dégénérait même quelquefois. Cela ne
s'inscrivait pas dans une rationalité propre à une société policée, mais
cela constituait les rites de passages régulant une vie sociale encore
pleine de mystères, qui ne sera jamais transparente, jouant avec ses
excès pour enraciner ses règles.
La démographie actuelle donne aux
vieux un poids de plus en plus important, y compris électoralement,
comme on l'a vu avec la dernière élection présidentielle et il semble
que ces vieux aient oublié qu'ils avaient été jeunes. Nous instaurons
une société hygiéniste stigmatisant les incivilités, refusant les excès,
adepte du mesuré, voire du mesquin, et du calme, assimilant à une
violence insupportable le moindre chahut.
J'ai l'impression de vivre dans une société d'aides-comptables ou d'apprentis-notaires dans laquelle la moindre conduite à risques, le moindre écart à la règle sont dénoncés, où la norme, une conformité grise, deviennent la règle, oubliant que la jeunesse à besoin d'espace à excès pour s'intégrer paisiblement dans le monde adulte. Les seuls écarts tolérés actuellement sont ceux qui font tourner le commerce: ceux des fringues et des ornements de frime, des coiffures et des goûts musicaux.
J'ai l'impression de vivre dans une société d'aides-comptables ou d'apprentis-notaires dans laquelle la moindre conduite à risques, le moindre écart à la règle sont dénoncés, où la norme, une conformité grise, deviennent la règle, oubliant que la jeunesse à besoin d'espace à excès pour s'intégrer paisiblement dans le monde adulte. Les seuls écarts tolérés actuellement sont ceux qui font tourner le commerce: ceux des fringues et des ornements de frime, des coiffures et des goûts musicaux.
Le tabac, l'alcool, le cannabis
constituent des passages, à mon avis, nécessaires pour accompagner ces
excès, et s'ils sont interdits, de dangereux produits de substitution
seront utilisés ou des conduites à risques extrêmes seront
significativement mises en oeuvre. Plus généralement, nos sociétés
inventent tous les jours de nouveaux interdits sans que, on le constate
quotidiennement, les civilités et le civisme s'améliorent pour autant.
Trop d'interdits tuent l'interdit et induisent des excès pires que ceux
qu'ils voulaient combattre.
On argue du risque de dépendance
pour interdire ces substances alors que le passage à l'alcoolisme
chronique ou aux drogues dures ne concernera qu'une minorité (moins de
10% selon les spécialistes) qui, de toutes manières, auraient trouvé
d'autres substances ou d'autres comportements pour exprimer leurs
fragilités, leur mal-être ou des tendances suicidaires.
Les jeunes portent le changement dont nous avons tous et toujours plus besoin depuis que nos sociétés sont devenues "chaudes"
selon la terminologie de C. Levy-Strauss. L'avenir leur appartient,
leurs insolences et leurs excès sont nécessaires pour, symboliquement, "tuer les pères"
et de pesantes hiérarchies en place, même si, l'espace d'une vie, cette
insolence se transforme, hélas quelquefois, en pires conformismes, à la
manière de certains soixante-huitards de ma connaissance ou des bourgeois que chantait J. Brel.
- Europe: "Durer, toujours durer", Blog de P. Jorion. *****
- "Nice : des loyers 35% plus élevés que dans les autres régions françaises", WebTimeMedias.
- "Le PIB grec chute de 6,5 % au premier trimestre", Le Monde.
- "Pourquoi manger local ?", Même pas mal. ****
- Marseille: "Scènes du délabrement politique ordinaire", Le Monde.
- Quebec: "On prend aux jeunes l'argent nécessaire à la "conquête du Nord"", Le Monde.
- Nucléaire: "Les centrales sous la menace du changement climatique", Eco(lo).
- "La Banque de France abaisse ses prévisions de croissance au 2e trimestre", Le Monde.
- "Les glaciers côtiers de l'Antarctique plus minces", Sciences 2.
D'un autre côté, comment trangresser des interdits s'il n'y a plus d'interdits....?
RépondreSupprimerTrop d'interdits tuent l'interdit, comme trop d'informations tuent l'information.
SupprimerAussi con que le message d'hier!!!!
RépondreSupprimerQuelque chose que vous ne comprenez pas n'est pas forcément con.
SupprimerRésumons :
RépondreSupprimerJe suis pour l'idéal bourgeois ! Le bourgeois ne se trompe jamais : il fait vivre l'artiste, il donne du travail aux incultes, aux bons à rien, il épouse les moches (friquées), bref, le bourgeois est nécessaire. Il est important qu'il s'enrichisse : affaire d'espoir.
Bien plus nécessaire que le communiste qu'est rien qu'un parasite "nauséabond", ou l'écologiste religieux, vierge de tout doute, nouvel inquisiteur arriéré....
Autres parasites ? Le fonctionnaire inutile, le syndicaliste aviné et sexuellement pervers, le socialiste méridionnal particulièrement corrompu, l'énarque orgueilleux, le littéraire pur, le militant de base qui croit aux images, le nationaliste, ...etc, etc....
Bon week-end!
@Jef
RépondreSupprimerÇa tourne à l’obsession depuis que votre chef a confirmé la position de EELV sur le « cannabis »
Pour faire bonne mesure cad justifier la consommation de l’herbe vous citez L. Strauss (pas moins) et de poursuivre en philosophant sur « leurs insolences et leurs excès sont nécessaires pour, symboliquement, "tuer les pères’’ »
Mais pour éviter de généraliser vous ajoutez : « si, l'espace d'une vie, cette insolence se transforme, hélas quelquefois, en pires conformismes, à la manière de certains soixante-huitards »
Cad ceux ou celles qui ont renié leurs idéaux d’antan ? Voulez-vous des noms ?
La liste serait longue à établir des retournements spectaculaires de jeunes gauchistes transformés en vieux sociaux-démocrates, avant de devenir des réactionnaires chenus.
Ce qui pose problème (justement dénoncé par Stp Gatignon (Maire EELV de Sevran) se situe dans les cités périphériques où se développe une délinquance et des règlements de compte entre bandes dont le trafic de drogue est la base. Faute de travail , c’est l’avenir que réserve notre Sté ?
Pensez-vous qu’en «légalisant l’herbe » la paix dans les cités reviendra ?
Comment lutter contre les gros trafiquants de drogue qui dorment sur leurs deux oreilles car leur fric contribue à faire tourner la machine capitaliste ?
Vous pensez sincèrement qu’en légalisant, tout cela rentrera dans l’ordre ?
C'est marrant !
SupprimerL'Etat-voyou qui vendrait de la dope, ça me paraît plus acceptable que le règne underground des trousducs dealers de banlieue !
Il vend bien déjà de l'alcool et du tabac.
SupprimerBruno, des types comme Cohn-Bendit (Gaby, bien sûr, pas son frère) sont des exemples tout droit issus de 68.
SupprimerC'est un vieux copain, qui a dix ans de plus que moi, pauvre mais toujours passionné, qui me l'a fait découvrir. Pour le situer (mon copain), il fut l'un des trois qui furent invités dans les années 70 à aller en délégation-échanges d'idées à Pékin et ailleurs en Chine, parmi leur groupe pro-Mao. Il en garde un souvenir intéressant. En bien et en mal, d'ailleurs, il est lucide le bougre !
Pour le situer, voici un de ses bouquins, jamais édité officiellement. J'ai assuré la mise en page en A5. A compléter par la couverture ici.
Les évènements de 68, même préparés depuis un an ou deux, comme je l'ai déjà signalé ici, furent un point majeur de notre vie en société, malgré ceux qui ont tout fait pour en minimiser les implications et les effets. Il faut avoir vécu "l'avant" pour comprendre ce qu'ils ont provoqué dans une société bloquée, dont je fus très longtemps la victime. Hier, distribuant des tracts de porte à porte dans des HLM de l'un des quartiers les moins favorisés de Nantes, avec des militants dont certains avaient quarante ans de moins que moi, je vivais enfin. Passionnant d'argumenter face à des personnes très diverses, même quand la fin de non recevoir conclut le dialogue. Presque enivrant, le sentiment d'être accueilli avec chaleur, avec l'impression qu'en face, la personne se sent enfin exister puisqu'on vient chez elle lui parler.
Et tant pis si, le lendemain, les pieds se vengent en criant leur douleur (insuffisance veineuse depuis des dizaines d'années).
Vieux motard que jamais... :)
A JC: Mes préférences sont toutes symétriques aux votres. Nous sommes donc fait pour nous entendre.
RépondreSupprimerA Bruno: Je pense, sincèrement, qu'en légalisant les choses s'amélioreront.
@Jef
RépondreSupprimerles taxes de la "dope" iront biensûr alimenter les caisses de la branche maladie de la secu
et de la recherche contre le cancer du poumon voire de la gorge ! :-(
on vit une époque formidable ...
enfin heureusement c'est pas pour demain ....
reste qu'il faut éradiquer les trafics des cités qui gangrènent les quartiers et polluent la vie des gens
mais c'est une autre histoire ....
j'ai pas entendu la voix de Steph Gatignon sur le sujet ...
vous avez dit curieux
Parceque lui, il vit ça au quotidien
pas comme qq caciques de EELV résidants dans des quartiers "bio" du centre de Paris
Bruno, je vois que vous préférez les cirrhoses aux cancers. Vous en avez le droit.
RépondreSupprimerPour ma part les deux me vont.
Cécile DUFLOT ministre de la défonce!
RépondreSupprimerAh, qu'elle est bonne celle-là.
RépondreSupprimerDommage qu'il n'existe pas d'Oscar de l'humour fin...
l'anonyme précédent n'était pas le plus mal PLACE pour la faire,ni MAMERE d'ailleurs....
RépondreSupprimerC'est nettement meilleur, presque digne du Bruno des meilleurs jours.
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