jeudi 12 mai 2011

Internet et démocratie

 Un intéressant article, au milieu de plusieurs autres, dans le prochain hors-série d'Alternatives Economiques consacré à "La société française": "Comment Internet transforme la démocratie".

Certes Internet n'a pas provoqué le réveil des peuples arabes. 
Mais en Tunisie et en Egypte au moins, il a permis d'informer et de coordonner les luttes. Et,  de coupures en censures et en répression, les gouvernements dictatoriaux ne s'y sont pas trompés.


En Chine, jamais à cours d'imagination dans la gestion dictatoriale, les autorités combinent ces trois outils, mais y rajoutent le "50 cent Party", payant quelques millions d'internautes qui "surveillent et dénoncent les autres internautes avant de recevoir quelque menue monnaie pour les commentaires favorables au régime qu'ils laissent sur la toile".

Dans nos sociétés, on peut se gausser du "militantisme du clic"  qui "apparaît alors comme le symbole de cette forme minimale de l'engagement, fugace, émotionnel et fragile"
Pour P. Rosanvallon, "S'exonérant d'un modèle de remise de soi au parti, trop exigeant, trop permanent et surtout laissant trop peu de place à la singularité des points de vue, les internautes expriment une volonté de vigilance et de contrôle beaucoup plus continue et interactive à l'égard des actions des élus. Ils témoignent aussi d'une préférence pour l'initiative locale et l'occupation des périphéries, qu'ils opposent à la passivité si souvent entretenue par les représentants traditionnels et les médias d'information, télévision en tête. Ils rechignent enfin à se voir dicter leurs comportements et leurs opinions par les professionnels de l'espace public, dont les principes sont jugés paternalistes, normés et beaucoup trop convenus. Si souvent entendues depuis que le thème de la crise de la représentation occupe les débats, ces critiques ouvrent un écart entre l'espace politique traditionnel et les nouvelles attentes démocratiques des citoyens".

En ce qui me concerne, Internet offre un formidable outil aux citoyennetés un peu paresseuses, revivifiant l'espace démocratique et je rejoins l'auteur quand il dit: "A sa manière, et non sans imperfection, Internet est justement l'outil d'une conquête de cette liberté de parole sans condition, dont l'horizon paraît de moins en moins irréaliste. Cette autonomie de la parole est aussi le fondement d'une représentation politique légitime".

En conclusion: "La libération des subjectivités, la présupposition d'une égalité des participants, la suspension du jugement sur les compétences des individus, le droit à l'anonymat, celui de ne pas être entièrement soi-même ou de dire et penser de façon désinhibée, tout cela constitue sans doute le legs le plus important que les pionniers d'Internet ont offert à la nouvelle culture numérique, dans un contexte de massification des usages"

Réflexion plus personnelle, avec Internet et la logique bottom-up qu'il entraîne, nous rejoignons la logique empirique d'un bricolage collaboratif, à partir d'expériences et de points de vue différents, un peu à la manière avec laquelle fonctionne la théorie de l'évolution.
  • Embauches estrosiennes. Après l'actrice, la pharmacienne, Big Browser. Et toujours au frais du contribuable niçois.
  • "La pollution de l’eau au méthane explose près des sites de gaz de schiste", Eco(lo).
  • "Nouvel ISF : les plus riches y gagnent aussi", Libération. Alors que le Conseil des Prélèvements Obligatoires estime que "L'ISF ne crée pas d'évasion fiscale", Libération.
  • "Absentéisme, statistiques, bikini et tutti Ciotti", Café Pédagogique. ****
  • Que les bouchers m'excusent de comparer leur noble métier aux saloperies innommables du régime syrien: "Syrie : les tanks pilonnent la ville de Homs", Le Monde.
  • "Le système socio-fiscal français est devenu dégressif pour les plus hauts revenus", Le Monde.

6 commentaires:

  1. Reprenant la conclusion, points par points, du laïus de Rosanvallon :

    -La libération des subjectivités ? Sur le réseau, c'est comme ailleurs : on ment, on se fout du minimum d'objectivité compétente.

    -la présupposition d'une égalité des participants ? faux, les inégalités sont toujours là et on ne présuppose rien sur cette soi-disant égalité numérique.

    - la suspension du jugement sur les compétences des individus ? faux, l'incompétence apparait encore plus visible et on juge, là aussi, immédiatement.

    -le droit à l'anonymat ? Nom de dieu, mais comment y croire ? Internet favorise le flicage. L'anonymat numérique !? Rions un coup sur cette idiotie ! C'est un régal pour les RG...faut être fou pour se dégrafer sur les réseaux sociaux.

    -celui de ne pas être entièrement soi-même ou de dire et penser de façon désinhibée ? Exact, il suffit de mesurer le nombre de conneries que l'on découvre, toute prudence, pudeur et mesure oubliées !

    -la nouvelle culture numérique, dans un contexte de massification des usages ? Il n'y a pas de culture numérique : c'est un mythe. Comme toujours ce n'est pas la langue qui parle, elle n'est que l'outil, bref les possibilités d'Internet, outil de masse, sont dérisoires ... car, au final, les humains mettent des générations à utiliser les potentialités nouvelles offertes par les nouvelles technologies.

    Tout change pour que rien ne change.

    Numérique ? Les plus intelligents voient leur soif de savoir, facilitée. Les plus cons, usagers de 300 mots, en deviendront encore plus cons ...

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  2. ben (pour une fois) je suis entièrement d'accord avec JC
    Je rajouterai que nous blogueurs, servons surtout notre égo, notre entre-soi, et illusoire de croire autre chose

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  3. D'accord aussi avec JC : le problème du Net, c'est qu'un abruti y fait autant de bruit qu'un expert. Et beaucoup plus s'il donne dans le sensationnel. Voir par exemple le site http://www.bastison.net : trop technique, pas vendeur comparé aux délires des théoriciens du complot. Bref, le genre d'égalité qu'on trouve sur le Net laisse songeur.

    Sur l'anonymat, c'est pas bien compliqué de masquer son adresse IP si l'on en a envie. Sauf qu'on n'est pas en Chine, ici, et les RG n'ont pas les moyens fliquer tous les internautes. Ceci étant, je serais surpris que l'ami Jef n'ait pas sa petite fiche.

    D'accord aussi sur la conclusion, hélas. Le Net est tout autant un "mieux-disant culturel" qu'Arte et TF1 réunies. Chacun y trouve son compte. Finalement, moi j'ai la nostalgie du Net du début des années 90, quand il y avait encore rivalité avec CompuServe, que les engueulades se passaient sur UseNet (ah, le fameux fr.soc.politique !) et qu'on était de toute façon entre informaticiens. Au moins, on parlait le même langage. Bon, d'accord, je parle comme un vieux con réac.

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  4. Je serais plus circonspect dans ma critique de P Rosanvallon. J'appuierai cette position sur le buzz, le plus souvent centré sur des choses inintéressantes, mais révélant, de temps à autres, quelques pépites qui, sans ça, seraient restées dans un cercle d'initiés.
    Cela multiplie les opportunité de "cygnes noirs" et peut amener bien des choses socialement imprévues.
    Certes, les blogueurs sont présomptueux, mais les choses sont ainsi que, de temps à autres, ils font buzz, ce qui serait impossible sans le Net.

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  5. Tout a disparu , mais je voulais remercier (et féliciter) Bertrand pour son site http://www.bastison.net/
    Très bien fait pour démystifier ces fumeuses théories sur le 11 Septembre.
    En plus, abonné à l'AFIS ;
    http://www.pseudo-sciences.org/
    Je suis heureux d'apprendre que je vais recevoir un numéro spécial sur ce sujet. Merci

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  6. @Louis
    Tiens ? Moi qui croyais être le seul lecteur de l'AFIS dans ce monde de brutes...

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