samedi 21 mai 2011

Le sacre de l'amateur

C'est le titre d'un petit bouquin de Patrice Flichy, publié par le Seuil & La République des Idées, 2010, qui, à mon sens, fait le tour des discussions de tous ordres sur les usages sociaux d'Internet et démolit sans quasiment en parler, sereinement, l'ouvrage de A. Keen "Le Culte de l'amateur, comment Internet détruit notre culture"...

Il s'ouvre par cette phrase: "L'internet de masse du début du XXIème siècle se distingue des médias qui se sont développés au siècle précédent pour cette raison essentielle: les amateurs y occupent le devant de la scène. Leurs productions ne sont plus marginales comme l'ont été avant elles les fanzines, les radios libres et les télévisions communautaires: elles se trouvent aujourd'hui au coeur du dispositif de communication. Les amateurs n'ont pas de compétences précises ni de diplômes particuliers; et pourtant leur parole est devenue omniprésente, indispensable".

S'ensuit un développement sur le rapport amateur-expert, le premier, souvent véritable médiateur/vulgarisateur, compensant son manque de compétences par son insertion dans des réseaux sociaux électroniques où les débats de l'ensemble de la communauté arrivent à battre en brèche le spécialiste étroitement compétent dans sa branche: "De même que la démocratie politique donne le pouvoir à des citoyens largement ignorants de la chose publique, de même la nouvelle démocratisation s'appuie sur des individus qui, grâce à leur niveau d'éducation et aux nouveaux outils informatiques, peuvent acquérir des compétences fondamentales dans le cadre de leurs loisirs. Selon les cas, ces compétences permettent de dialoguer avec les experts, voire de les contredire en développant des contre-expertises", Internet devenant "l'instrument d'une intelligence collective des profanes", rendant pensables les utopies d'I. Illitch.

L'ouvrage se poursuit par de très belles pages sur "Les amateurs et la citoyenneté": "L'amateur de la chose publique est un citoyen qui veut s'informer par lui-même, exprimer ouvertement son opinion, développer de nouveaux modes d'engagement. Il se méfie des experts-spécialistes et n'accorde pas toujours sa confiance aux représentants qu'il a contribué à élire. On est ici au coeur de la démocratie d'interaction".

J'en conseille (humblement) vivement la lecture, notamment aux blogueurs à prétentions politiques (dont je suis) ainsi qu'à leur lecteurs et commentateurs.
  • "SOS sècheresse...", Géographe du monde
  • "La pollution de l'eau potable en France inquiète WWF", Le Monde.
  • "En 2010, les traders français ont perçu deux milliards d'euros de bonus", Le Monde. Les tiques vont finir par tuer la bête.
  • "En Patagonie, les Chiliens se révoltent pour défendre leur eau", Rue 89.
  • Imbécilité ou cynisme ? "Les partis politiques espagnols déroutés par la fronde sociale", Le Monde.
  • Eléments de langage en question, "Hulot revient à Sevran pour "démontrer qu'il faut traiter la question sociale", Le Monde.
  • "Le mouvement social espagnol, organisé et connecté", Big Browser.
  • "Eloge du consentement", par C. Fourest, Le Monde. ****
  • "Pétulante pintade", Clin d'oeil gourmand.
  • Attention, la fin du monde, c'est aujourd'hui... New York Times. Pour illuminés et anglophones seulement.

2 commentaires:

  1. Intéressant !C'est vrai qu'Internet et les réseaux sociaux peuvent transformer un illustre inconnu en vedette du jour au lendemain. Mais l'inverse aussi. Les amplitudes se sont agrandies, misérable un jour, encensé le lendemain. tout est possible finalement ! les feux de paille se succèdent de plus en plus vite !!

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  2. Mais le phénomène "amateur", au delà des trajectoires individuelles en "feux de paille", se maintient et se renforce.

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