vendredi 11 novembre 2011

Berezina

Les choses se décantent, hélas...
A peine presque sortis des suites de la dette grecque, dans l'attente de celles du Portugal de l'Irlande et de l'Espagne, voici la dette de l'Italie, 3 ème ou 4 ème puissance économique  de l'Europe qui se révèle et surgit  dans toute sa crudité...

Les intérêts de la dette italienne ont dépassé les 7%, niveau que la plupart des économistes estiment critique pour permettre la poursuite des remboursements et la possibilité de se re-financer. En outre, les détenteurs de capitaux ne veulent plus de ces dettes-là, les revendant le plus souvent même à perte.
Or, les banques françaises sont, encore me direz-vous, fort exposées à la dette italienne, ce qui promet quelques lendemains difficiles.

Cette crise des dettes ont plusieurs conséquences, notamment de fermer les robinets des crédits aux pays de l'Est (Hongrie, Russie, Ukraine, ...), renforçant les mécanismes d'une récession généralisée de la zone Euro qui, si elle  s'enclenchait (on n'en est pas loin), aurait des conséquences mondiales infiniment plus importantes que la crise de 2008.

Et que dire de ce système imbécile qui interdit aux banques centrales de financer les dettes des états, mais leur enjoint de prêter aux banques privées, à des taux proches de 1,5% ce ces dernières re-prêtent ensuite aux état à des taux au minimum triples.

Bref, l'incompétence totale des ploutocrates européens, et au premier chef le tandem Merkosy, leurs hésitations, leurs mauvaises décisions systématiques nous entraînent vers l'abîme. Celui qui se présente comme le Sauveur, Grand Protecteur du peuple français en est, en fait, le fossoyeur, qui risque, de plus  en plus, de voir tomber "son" AAA en janvier 2012, mais, bien entendu, la crise française, c'est la faute aux fonctionnaires, aux 35 heures et aux retraités...

Et on ne voit pas comment sortir de cette pente autrement qu'en monétisant ces dettes, relançant une inflation contrôlée, au grand dam de l'Allemagne qui ne veut toujours pas en entendre parler.

Du côté des socio-libéraux nous ne sommes guère mieux lotis.  La calamiteuse gestion de Zapatero se prolonge d'un projet des socialistes français basé sur une prévision de croissance de 2,5% par an alors que, pour les 10 ans qui viennent (au minimum), elle tournera, en moyenne autour de 1%. Cherchez l'erreur! 
L'intoxication productiviste, le mythe d'une croissance infinie (dans un monde et des ressources naturelles finis), l'acceptation enthousiaste d'une Europe domestique de la finance mondiale, frappent là aussi et nous ne sommes pas sortis de l'auberge... 
Et si finalement les propositions d'EELV méritaient mieux que le dédain hautain des éléphants roses ?

Finalement, je rejoins sur ce point Maurice Allais, opposant historique au Consensus de Washington, qui, en 1999 écrivait: "L'économie mondiale tout entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile", rajoutant: "Qu'il s'agisse de la spéculation sur les monnaies ou de la spéculation sur les actions, ou de la spéculation sur les produits dérivés, le monde est devenu un vaste casino où les tables de jeu sont réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes. Le jeu et les enchères, auxquelles participent des millions de joueurs, ne s'arrêtent jamais".
Ces spéculations devraient être taxées, comme le propose P. Jorion, au niveau de ce qu'elles sont: des jeux de hasard.

En attendant, couvrez-vous, la traversée de ce fleuve risque d'être très difficile pour une grande partie d'entre nous.
  • Que disions-nous il y a peu de jours ? "Pour Bruxelles, le plan de rigueur annoncé par Fillon ne suffit pas", NouvelObs.
  • "Accord Verts-PS : pourquoi ça bloque", NouvelObs.
  • "Dette italienne : la fièvre augmente, l'Europe gamberge", Libération.
  • "Écart historique entre les taux d'intérêts français et allemands", Libération. Et "Les investisseurs craignent beaucoup plus de prêter à la France qu'à l'Allemagne", Le Monde.
    Aïeee, le AAA français..
  • "SLAVE PRINT – Combien d’esclaves travaillent pour vous ?", Big Browser.
  • "Pourquoi l’affaire Neyret sème la panique dans le port de Nice", Marianne.

7 commentaires:

  1. Compte tenu de tout çà, comment des pays courageux ne vont-ils pas à New York déposer une résolution de ce genre :

    "Y'en a marre, tout le monde doit de l'argent à tout le monde et réciproquement, on annule tout, et on reprend tranquillement à zéro. Les avoirs des comptes à vue de particuliers sont garanties jusqu'à un plafond de 20 000 dollars, ainsi que les livrets d'épargne plafonnés.

    Les banques sont nationalisées, elle n'ont plus le droit de spéculer, les paradis fiscaux sont démantelés de force par la même occasion, toutes les Bourses sont fermées, les produits de base ont un cours forcé."

    Ô quelques porcs bien engraissés, et leurs commensaux et faire-valoirs vont bien couiner, mais le changement étant mondial ils n'auront plus qu'à aller chercher un boulot...

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  2. Tu traites "d'imbécile" ce système qui interdit à la Banque Centrale de la zone Euro de prêter de l'argent aux états... Hélas, c'est bien pire "qu'imbécile", c'est d'une intelligence machiavélique cruelle, celle de LA DICTATURE des marchés... qui épargne (pour le moment) Londres et Washington, dont les banques centrales, elles, fonctionnent comme avant : d'où la suprématie anglo-saxonne... menacée par la Chine, d'ailleurs !

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  3. A Bab: Espérons...
    A Rem*: Nous sommes bien d'accord. J'étais d'humeur gentille lorsque j'ai écrit le post...

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  4. je dirais plus. Qui est assuré de garder AAA sur terre ? l'Allemagne. point/barre
    autrement dit c'est de l'intérêt des préteurs alors…

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  5. Ouvrez les yeux : il y a des pays qui n'empruntent pas pour financer leurs dépenses courantes, y compris dans la zone euro. Ceux-là ne risquent pas la dégradation.
    Demandez-vous pourquoi la BCE ne doit pas prêter directement à des états. Parce que c'est un système imbécile ? Un peu court, comme argument...
    La dictature des marchés épargne Londres et Washington ? Vous lisez la presse ?

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  6. Pour engraisser les banques ? A moins que ce ne soit par peur de l'inflation ?
    Dans les deux cas...

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  7. Pareil que rémi ! Le système originel a été mis au point par VGE sous Pompidou, un ancien banquier...

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