jeudi 5 janvier 2012

Agonie du travail...

L'origine du mot est latine, à la fois "tourment" et/ou "presser avec la herse", conséquence du pêché originel dans la Bible, ce n'est qu'à partir du XVI ème siècle qu'il prend la signification d'activité productive, remplaçant peu à peu le "labeur" et "l'ouvrage", se complétant de la notion de rétribution.

En continuant ce bref historique, rappelons que pour K. Marx, le travail est la socialisation de la nature et que pour les économo-philosophes allemands de Krisis, il constitue un des ressorts du capitalisme y compris le plus mondialisé financièrement.

En fait, le travail, la "belle ouvrage", cette activité qui pouvait rendre fier autant le paysan, l'artisan que l'ouvrier ou l'intellectuel, cette activité dont on pouvait être fier, dans laquelle on s'investissait et où l'on pouvait se réaliser est en train, sinon de disparaître, au moins d'être réservée à certaines activités intellectuelles, de recherche, de conception ou de développement, stress et paperasserie en prime. On renoue avec Zola.

Hormis quelques cadres dirigeants et chefs de projets , le travail redevient tourment, exploitation, harcèlement, en témoignent le nombre de suicides qu'il provoque et les réponses aux nombreux sondages sur le thème.

D'ailleurs, est-ce un hasard, de plus en plus, le "travail", dans le langage du Spectacle est remplacé par "l'emploi", variable d'ajustement des profits pour les uns et gagne-pain pour les autres. On ne cherche plus à travailler, on recherche un emploi, le marché de l'emploi a remplacé le droit au travail, le maintien dans l'emploi  prend la place de la fierté du travail. 
Un travail aliénant, émietté, uniforme, ennuyeux, stressant, déstabilisant, déshumanisé, redevenant aussi étroitement contrôlé qu'aux pires heures du taylorisme, ou aussi inhumain qu'au temps des maîtres de forges, avec en prime: "Si vous n'êtes pas content, allez donc chercher ailleurs"...

Pour ceux qui, comme moi, ont eu la chance d'avoir un/des travail/travaux intéressants, voire passionnants, quelle misère ! Et dire que pas grand monde ne s'en offusque...
  • Spectacle politique: "sale mec", "cass'toi pauv' con", et les hystéries de la poissonnière (que les poissonnières m'excusent)... Libération.
  • "Sécurité et coût du nucléaire : enfin le débat !", Le Monde. *****. "Les écologistes estiment que débattre du coût du nucléaire n'est plus "tabou"", Le Monde.
  • "Thomas Piketty : "Il faut mener la réforme fiscale en une seule fois"", Le Monde.
  • "Les étudiants Erasmus privés de bourses", Libération.

20 commentaires:

  1. Excellent billet.

    Avec le forced ranking de Jack Welch, ex PDG de GE, il faut virer 10% des moins "bons" tous les ans....

    Aliénant, stressant, déstabilisant, déshumanisé ? Exact !

    Jack Welch, le mec qui a fait passer la capitalisation de GE de 14 milliards US$ à 484 milliards US$ avant que l'action ne s'écroule une fois parti !

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  2. JC (amusé par le lourd désespoir du billet...)5 janvier 2012 à 07:27

    C'est triste d'être comique à ce point là ! Le travail en France est un acte social et individuel extraordinairement protégé par des lois, en particulier le secteur public ...mais le travail change avec le changement de société. Pourquoi s'en étonner ?

    Le "bel ouvrage", mais c'est regarder avec les yeux du passé où l'artisan restait artisan toute sa vie dans un monde lent, stable, presque immobile pendant une génération entière. Tout ça est fini depuis un siècle !!! Vouloir un retour arrière de ce type est d'un comique...Arretez, les pleureuses !!!


    Ceux qui se suicident ont souvent bien des raisons de le faire qui sont non-professionnelles et le travail n'est tourment, harcèlement, etc etc, que pour ceux qui n'envisagent pas une seconde de faire autre chose que ce qu'ils font.

    C'est le drame de l'école et l'université de ne pas former des adultes aptes à vivre dans le changement permanent, condition humaine par excellence...

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  3. Ah JC, que vous avez une vie enviable, avec votre licence de conducteur de marteau-piqueur (à temps partiel bien sûr) !

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  4. JC, où avez-vous vu que je prônais un retour en arrière que nous savons tous impossible ?

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  5. "Travail" provient du "tripalium" latin, ensemble de trois pieux servant à maintenir une bête qu'on traie ou qu'on ferre, se mettre au travail indiquant qu'on va s'occuper d'une bête. Le tripalium ayant aussi été utilisé pour punir les esclaves, on fait souvent un lien étymologique erroné entre travail et instrument de torture. En fait, ce sont deux branches d'une même racine, sans rapport d'ascendant entre elles.

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  6. JC (persiste et signe...)5 janvier 2012 à 10:01

    "En fait, le travail, la "belle ouvrage", cette activité qui pouvait rendre fier autant le paysan, l'artisan que l'ouvrier ou l'intellectuel, cette activité dont on pouvait être fier, dans laquelle on s'investissait et où l'on pouvait se réaliser..."

    SI CELA N'EST PAS UN HYMNE AU RETOUR ARRIERE PASSEISTE...

    on dirait du Péguy, voire du Barrès ! Or, nous allons depuis longtemps vers la production de biens consommables, produits en masse pour la masse (démocratisation, baisse des coûts), donc plutôt des produits jetables que réparables ...

    Le bel ouvrage, de nos jours, c'est ne pas réserver à l'élite tous les biens de consommations (fabriqués artisanalement avec amour, par le passé...) qui étaient réservés aux bourgeois et notables du siècle précédent !

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  7. A JC: Je n'ai fait que reprendre une prose prolixe existant sur le thème.
    Ceci dit, libre à vous de vous satisfaire de la situation actuelle et de faire porter le chapeau à l'école, à l'université et au manque d'imagination des individus.

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  8. JC, le problème n'est-il pas dans cette propagande, cette publicité incitative à opposer à une publicité descriptive ? C'est grâce à elle que tant de gens achètent des produits dont ils n'ont pas forcément l'usage (voire pas du tout), et qu'en conséquence l'industrie produit. J'avais entendu parler de certains objets, pour lesquels était faite une publicité monstre. Alors, mais alors seulement, l'usine entrait en production, pour un temps déterminé. Et dès que les achats commençaient, déjà le produit suivant, "encore mieux", était conçu, sa pub mise en place, l'usine mise en œuvre... et c'était reparti pour un tour. Pendant ce temps-là, la première usine était recyclée pour un autre produit encore, voire démontée. Quid des employés ? Il n'y a pas beaucoup de syndicats, dans le sud-est asiatique.

    C'est pourquoi la publicité incitative est à bannir. En revanche, la publicité descriptive est à promouvoir, celle qui donne en fait la fiche signalétique et des services d'un produit ayant vraiment une utilité. Cette fiche, c'est actuellement après l'achat du produit que vous la trouvez en petites lettres dans une notice interne (encore heureux si y figure le français), ou pire encore en plus petites lettres sur le carton d'emballage (voire plus succinctement encore sur le dos du blister).

    Mais c'est tuer la concurrence ? Bien sûr. Croyez-vous que celle-ci soit souhaitable ? C'est sur le salaire de l'ouvrier que se situe la marge d'ajustement (y compris sa retraite future, sa sécurité sociale...), donc éliminer ce genre de production soumise au dumping ne peut être que souhaitable pour tous. Tant pis pour la race des actionnaires, et autres sangsues nuisibles.

    Et tant mieux pour les ressources de la planète.

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  9. Je notais, dans un précédent post que la pub constituait le 2ème budget mondial derrière les dépenses d'armement...
    Le tout payé par les consommateurs...

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  10. JC (en anti-communiste primaire...)5 janvier 2012 à 13:22

    On demande une définition précise de ce qu'est un produit UTILE à l'homme nouveau....
    (celui qui a connu les "magasins", vides, tristes, effroyables, de l'autre coté du rideau de fer comprendra le sens de ma question...Vive la concurrence, vive la pub, vive la différence !)

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  11. "....vides, tristes, effroyables..."
    Non, sympa comme ne le sont pas nos hypers impersonnels avec vingt produits identiques (vraiment identiques) sauf la marque : quel gaspillage éhonté !

    Oui, j'ai connu les points de vente de l'autre côté du rideau de fer : je les ai préférés à l'épicerie de mon quartier quand j'étais gamin.

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  12. JC (inquiet...cliniquement parlant)5 janvier 2012 à 13:50

    Y a pas qu'Afflelou ... qui est fou !

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  13. Je ne sais ce qu'est un produit utile à l'homme. Je sais par contre que ce n'est pas ce que nous vante la publicité en se sucrant grassement au passage.

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  14. Il y a encore quelques années (sous le règne de la Marquise de Bercy Ch Lagarde) il y avait un Ministère de l’emploi (sis à Bercy) et un Ministère du travail (déjà sous la coupe de X. Bertrand)
    Donc, à cette époque très récente, 2 ministères pour travail et emploi. J’en concluais que l’on pouvait trouver du travail sans être employé et que, confirmés par les chiffres officiels, l’emploi régresse et le travail précaire progresse !
    Pour corriger cette anomalie le factotum et son collaborateur parachutiste ont tout regroupé dans un seul Ministère (tjs dirigé par X .Bertrand) celui du Travail, de l'Emploi et de la Santé. Il faut avoir la Santé pour chercher un emploi et le conserver !
    Le travail devient une activité tuante à tel point que l’on peut , pour un même travail, assister à des altercations entre chercheurs d’emploi ; on nomme cela une emploignade !
    Autre sujet E. Joly fait du pied au chanoine Béarnais ?
    Elle cherche un emploi ou du travail ? Non, des emmerdes !
    Elle pense que l'homme du centre lui ramènera un certain volume de voix ?
    Faut qu’elle change ses lunettes ! Elle devrait savoir, la « Joly Verte » que, faire confiance aux gens du milieu est toujours en vrai risque surtout si on y va sans « biscuits »

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  15. JC (dans son costume de petit marin malin)5 janvier 2012 à 16:02

    Tiens, puisqu'on tient des propos scandaleux et que la compréhension est au niveau de la Tour de Babel, quand verra-t-on exploser le scandale de l'équipe CFDT à Calais chez le faillité SeaFrance ?

    Conseil d'ami aux employés SeaFrance, mais il le savent sans doute, surtout ne pas mettre un kopeck dans la SCOP : ils perdraient tout, avec les branques CFDT aux commandes de la Nef des Fous !

    Question subsidiaire : comment se fait il qu'il y ait "aussi" des syndicalistes pourris ?....

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  16. @JC
    Sur Seafrance
    Mes compétences sur ce dossier sont équivalentes à M. Toutlemonde
    Sur le principe, j’apprends, dans le domaine syndical que, aujourd’hui, le rôle d’un syndicat (quelle que soit sa couleur) serait d’élaborer un business plan dans le transport maritime pour empêcher des bateaux de couler !
    Ça dérive dur et pas à cause du vent !
    C’est la version 2012 de l’association « capital /travail » . Pour les plus anciens cela rappelle de très mauvais souvenirs !
    Pour une fois , il est hautement probable (hélas cent fois hélas) que le ministre des transports disait « vrai »
    Mais , le factotum , comme les autres sont en période électorale… hissez haut la démago !
    La CFDT seul syndicat ( je crois) s’est fait couillonner. A moins qu’elle n’ait voulu jeter des bouées d’illusions aux futurs naufragés !
    Dans ce cas , je ne suis pas loin de penser comme vous qu’il y a là, comme ailleurs, des « pourris » ou comme disait « Arlette » : des traites à la classe ouvrière !

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  17. "Conseil d'ami aux employés SeaFrance, mais il le savent sans doute, surtout ne pas mettre un kopeck dans la SCOP"

    Ce conseil s'applique-t-il aussi aux contribuables ?

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  18. Anonyme de 17:45
    Le conseil s'applique à toute personne censée !

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