lundi 26 mars 2012

Lectures

Je viens de terminer "Révolutions", de Matthieu Pigasse (Plon, 2012), avec un certain intérêt.

L'homme, un des dirigeants de la banque Lazard France et des Inrockuptibles, est sympathique, intelligent, vif et, ce qui pour moi est irrésistible, sait que les musiques populaires anticipent et accompagnent les devenirs du monde.

La description que fait l'auteur des raisons de "la fin de l'âge d'or européen" me semble tout à fait pertinente: "Depuis une trentaine d'années, c'est une nouvelle forme du capitalisme qui s'impose: un capitalisme financier dans lequel l'entreprise est considérée non plus comme un centre de production mais comme un centre de profit. Ce qui compte c'est d'arriver à faire le plus de profit, le plus rapidement possible, avec une part toujours plus élevée revenant aux actionnaires", ce qui entraîne des jeunes générations sacrifiées, pauvreté, précarité, creusement des inégalités, ... Et un décrochage vraisemblablement irréversible d'avec les pays émergents.

La deuxième partie, "La révolution à mener, la révolution européenne", me semble tout aussi pertinente, préconisant une Europe poussant l'intégration et la solidarité entre états, notamment à partir de la théorie dite des zones monétaires optimales: "si, dans une union monétaire, il n'y a ni fédéralisme (c'est à dire transfert de revenus), ni mobilité du travail (c'est à dire des personnes), et si les pays au sein de cette zone sont hétérogènes, alors la zone est instable et condamnée à l'explosion"

La description et l'analyse du "péril vieux" me conviennent encore, comme sa description d'une économie française "de  la rente" et la peur du risque des possesseurs de capitaux. "Le paradoxe européen est d'avoir des performances scientifiques excellente, mais des performances technologiques, industrielles et commerciales moyennes. Cela tient à une incapacité à transformer les résultats de la recherche en innovation, par aversion pour le risque".

Reste que cet ouvrage évacue totalement les données de l'écologie, et notamment qu'il est impossible aux pays émergents d'atteindre le niveau de vie et de gaspillage des pays développés du fait des limites physiques de notre Terre et de ses ressources. 

Reste que les crises du climat, de l'eau et de l'air, la fatale transition énergétique qui va s'opérer, ..., obligent à repenser un monde et des perspectives où les coopérations devront prendre le pas sur les concurrences, où le partage va devenir une valeur dominante, à la place de la course des rats, et où une redéfinition de la croissance comme moteur de l'économie sera obligatoire.

Au final, un ouvrage intelligent, tonique, dont quelques (seulement, hélas) idées semblent avoir inspiré le programme de F. Hollande, qui définit ce que devrait être un social-libéralisme européen cohérent, mais qui reste dans un paradigme, à mon avis, dépassé.

12 commentaires:

  1. Avec les corrections culturelles qui s'imposent, et qui ne sont pas négligeables, c'est sur l'Amérique qu'il faut prendre modèle. Celle du Sud évidemment, et en particulier celle de langue espagnole. Le Brésil de Dilma Rousseff, en effet, se fiche éperdument de l'écologie, et est en train de tuer allègrement l'Amazonie, peut-être encore plus vite que ses prédécesseurs.

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  2. On ne m'otera pas de l'idée que nous n'avons pas de modèle "à suivre", américains ou européens, tant les peuples et nations sont singuliers.

    On ne m'otera pas de l'idée non plus que l'écologie est une cerise sur un gros gateau des pays riches. Petit gateau rassis ? On se passe de cerise ...
    (à propos, combien de personnes pour entendre Duflot à Nice ? qu'a t elle dit ?)

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  3. La soirée avec C. Duflot n'était pas un meeting mais réservée aux adhérents et aux sympathisants proches. Nous étions 60-70.
    Elle a repris les thèmes de campagne plus certains problèmes internes à EELV.

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  4. Comme je ne suis qu'un "sympatisant lointain", je ne pousserai pas la curiosité plus loin ...

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  5. JC, "sympathisant lointain" ? très lointain, alors ?

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  6. Est-ce que Cécile Duflot a parlé de son futur ministère ?

    http://www.superno.com/blog/2012/03/le-naufrage-ecologique-les-naufrageurs-et-les-sauveteurs/

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  7. Contrairement à ce qu'affirment les "propriétaires de l'ecologie", c'est à dire EELV, on peut avoir le souci mesuré de l'Ecologie sans être affilié au parti !

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  8. Au Biscarra.
    Elle semble être plutôt (semble et plutôt) d'accord avec une participation EELV au gouvernement, mais n'a pas du tout parlé d'elle pour ça.

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  9. @Jef
    Vous adhérez lorsque sic : « "la fin de l'âge d'or européen" me semble tout à fait pertinente »
    Vous ne pouvez soutenir l’inverse puisqu’il s’agit , à epsilon près, du même raisonnement mentionné dans le programme EELV sic : « La lucidité, c’est d’assumer le fait que le temps de la croissance forte est derrière nous. Nous devons maintenant nous organiser pour vivre dans un monde à croissance faible ». Autrement dit : « il faut gérer la pénurie !» cela a le mérite d’être clair !
    Mais de grâce ne promettez pas 1 million d’emplois
    Autre point de convergence forte : le « fédéralisme » Européen.
    En poussant la comparaison, je serais tenté d’écrire M. Pigasse influence également EELV et pas uniquement Hollande !
    EELV au futur gouvernement « Hollande /Aubry »: EVIDENT !
    Le score déterminera le nombre.
    C. Duflot elle brûle d’impatience. Pire , elle trépigne comme une pipistrelle voletant un soir de printemps, pour remonter dans les sondages, et voilà que ce Mélenchon de « malheur », leur ravissait la vedette !
    Il faudra bien partager les sièges avec les « camarades » du PCF. Et vu le score prévisible, les « Verts » auront peut-être un strapontin et les « rouges » un ou deux sièges. Réponse dans peu de temps.
    Quel que soit le parti , c’est pour toutes ces raisons que les citoyens, qui ne sont pas dupes, s’abstiendront probablement lors du 1er tour.
    La quasi-totalité des « ténors » (EELV compris contrairement au discours sur la candidate différente) de cette campagne, ne rêve que des ors de la république !
    Après cela, comment avoir le toupet de s' étonner de la montée du « poujadisme » et du « tous pourris » ?

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  10. Bruno, j'avoue ne pas comprendre un tel acharnement anti EELV. Occupez-vous un peu des autres. Sont-ils réellement mieux ?

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  11. @Jef
    Rassurez-vous, je n’épargne pas les autres … si vous me lisez, vous ne pouvez écrire cela.
    Vous abordez le livre de M. Pigasse et vous y trouver quelques vertus et moi, j’y trouve des ressemblances avec certains passages du programme de EELV.
    Comme c’est curieux ! je pointe les incohérences entre le discours et les actes
    Vous appelez cela de l’acharnement « anti EELV » !?
    Au train où vont les choses, serais-je responsable du futur score de E. Joly ?
    Dorénavant, j’attendrai le 22avril pour éventuellement donner un avis

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  12. Bruno, si vous avez bien lu mon post, vous conviendrez que dire, en conclusion, que l'ouvrage se situe dans un "paradigme dépassé" ne marque pas spécialement un accord avec les thèses qui y sont développées.

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