jeudi 9 août 2012

Flânerie

Dans la gare routière de Montréal
C'est H. de Balzac qui disait, si ma mémoire est bonne, que la flânerie est une science et  constitue "la gastronomie de l'oeil". Le comble est qu'il écrivait cela alors que chacun sait qu'il ne sortait quasiment jamais de chez lui.

On se promène dans la nature mais la flânerie est propre à la ville. Et flâner, sans but, sans projet précis, au gré de ce qui tire l'oeil ou l'oreille, d'espaces marquants en personnes peu ordinaires, est un luxe gratuit que nous avons tendance à oublier tant notre époque est imprégnée de la valeur-argent du temps. Marcher fatigue, flâner repose et trop de vacanciers gâchent leurs congés en ne s'y abandonnant pas.

Je crois qu'on ne connaît pas une ville si l'on ne s'est pas abandonné à quelques flâneries; on en saisit l'ensemble des petites choses et des petites gens qu'un oeil pressé ignore, et qui constituent l'autre vérité de la cité, envers symétrique de sa carte géographique et des ses cartes postales. Flâner aiguise l'oeil et construit une autre ville.

C'est le zéro qui permet la numération, les blancs entre les lignes et les lettres qui autorisent la lecture. Flâner, c'est révéler l'invisible, relier les voies et les sites, le bâti et les gens, l'urbain et l'humain, toutes ces petites choses qu'on ne voit habituellement pas. C'est s'approprier sa ville et c'est approcher la réalité de celles qu'on visite.

Et quel immense plaisir de marcher sereinement, lentement, isolé dans l'agitation d'un monde pressé, les yeux visant le vague et, silencieusement, dans l'ensemble des bruits urbains.

Cela m'arrive encore de temps en temps et, je m'en rends compte, trop rarement.
  • "Sombres perspectives pour l'économie française", Libération.
  • Nice: "Un recours déposé contre le tracé du tram", Nice-Matin.
  • "Les biens publics communs et le droit de propriété", Revue du Mauss.
  • "Magouilles et corruption : la boxe olympique dans de sales draps", Libération.
  • "Homo erectus n'était pas seul", Le Monde.

5 commentaires:

  1. "C'est le zéro qui permet la numération"

    Non ! Il est parfaitement possible de faire de la numération, même de position, sans Zéro.

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    1. J'ai oublié de préciser "en base 10". Merci de me le rappeler.

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    2. La numération sans le zéro est tout de suite bien moins souple. Signe de leur maturité, les Mayas avaient le zéro eux aussi, mais en base 20.

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  2. Plutôt que chercher la p'tite bête dans des histoires de zéro, j'ai aimé cette phrase dans son ensemble, qui octroie à la flânerie le même rôle que le zéro et que le blanc entre les mots. Très joli et très bien trouvé.

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