lundi 1 octobre 2012

Interrogations...

J'ai été désagréablement surpris d'un certain nombre de réactions à mon post de vendredi dernier sur Marinaleda.
J'avais simplement essayé de décrire une expérience rare, qui semble donner satisfaction aux habitants du village puisqu'ils réélisent leur maire depuis 1979, sortant des sentiers battus et qui, dans une Espagne aux abois, semble assurer une certaine stabilité aux résidents.

J'ai essayé de décrire les points qui me semblaient les plus marquants de cette vie villageoise afin d'inciter les lecteurs à s'intéresser à cette expérience et donc, je m'interroge sur les causes de ces réactions.

J'ai proposé des liens vers des sites qui ne se contentaient pas d'une description béate, mais soulignaient quelques-unes des difficultés rencontrées, notamment l'article de Courrier International, le Maire lui-même expliquant les répercussions de la crise à Marinaleda : “Elle se fait un peu sentir dans les prix des produits agricoles, dans le financement. Nous avons des problèmes de trésorerie, mais nous vendons bien les produits… D’une façon générale, la crise a été moins sensible dans l’agriculture et l’alimentation, souligne-t-il. Ce qui se passe, c’est que les gens qui avaient quitté la campagne pour travailler dans le bâtiment reviennent et cherchent du travail. Résultat, il faut non seulement maintenir l’emploi existant, mais l’augmenter, tout en sachant que l’agriculture bio crée plus d’emplois que l’agriculture traditionnelle. Pour sauver l’agriculture de la crise et de l’enchérissement des moyens de production agricole, nous essayons un commerce horizontal, avec un dialogue de coopérative à coopérative, et nous établissons des relations avec d’autres pays où il existe des expériences de ce type”.

PressEurop rajoutait: “le taux d’échec scolaire est un peu élevé. Les gens ont un logement et un travail assurés, si bien que beaucoup ne voient pas l’intérêt de faire des études. C’est l’un des points que nous devons améliorer”.

Le Courrier (Suisse) signale: "Juan Manuel Sanchez Gordillo admet par exemple facilement que le rendement de la production pourrait être bien meilleur: «Il n’y a aucune politique de répression. Que vous travailliez plus ou moins intensément, vous serez payé de la même manière.» Le maire a récemment mis sur pied une commission pour savoir comment remédier à ce problème. Des incitations monétaires sont-elles nécessaires pour motiver les travailleurs?", précisant: "Pour l’instant, Marinaleda n’a pas tranché". Le Courrier note encore les "travaux du dimanche" rendus nécessaires par la crise.

Bref, j'ai eu l'impression, à partir des documents dont je disposais, de présenter, le plus honnêtement possible, simplement une EXPÉRIENCE QUI FONCTIONNE, de portée limitée, et qui semble donner satisfaction à ses habitants.

Je concluais: "Alors, certes, tout n'est pas transposable dans toutes les villes et villages, et tout n'est pas forcément rose dans ce village où les gouvernements successifs font pleuvoir des amendes pour non-respect de telle ou telle disposition règlementaire. Mais un tel exemple ne devrait-il pas faire réfléchir et être présenté (surligné par moi) par les grands médias européens et français ?", sans sombrer dans l'adoration béate, ni appeler à créer des Marinaleda partout.

A cet appel à la réflexion, beaucoup des commentaires ont été révélateurs des oeillères et des pesanteurs présentes dans les têtes. Je cite, en vrac: "A problèmes nouveaux, vieilles recettes ????!!! Ridicule", puis "ouh la la , le paradis communiste !!!! Jef toujours à la recherche du modèle ailleurs, comme au bon vieux temps.....nostalgie quand tu nous tient....", et "Plus généralement, vous n'avez toujours pas compris comment vivent les hommes ! Observez familles, associations, syndicats, c'est facile nom de dieu! Ni ce que veut dire "individu".... Vous restez attaché au troupeau communiste , au rêve collectiviste, communautaire ...comme des moutons !", ou encore "La socialisation des ressources communes dans le village peut être résumée par : « Vous avez deux vaches, vos voisins vous aident à vous en occuper et vous partagez le lait ». Vous pensez sincèrement que si les médias présentent ce type d’expérience cela fera « boule de neige » ?". Encore ? "Quelle liberté pour l'individu, pour sa réalisation personnelle, pour ses goûts, ses désirs propres, dans cette prison ? Honteux d'y trouver matière à "reflexion" pour un IIIème millénaire mondialisé !",  et même "ce blog s'essouffle, tourne en rond, voire radote....".

Et donc  je maintiens: 1) avoir été TRÈS content de présenter cette expérience, 2) n'être qu'à demi-étonné des réactions qu'elle suscite chez ceux où l'idéologie paralyse les neurones, rejetant violemment et à priori tout ce qui n'entre pas dans leurs schéma mentaux, et 3) que je continue de penser que cette expérience, avec ses points positifs et négatifs, est intéressante à analyser et réfléchir, voire à étendre localement dans certaines conditions bien particulières.

15 commentaires:

  1. Marinaleda : une expérience plutôt positive, malgré les difficultés, doit faire peur à ceux qui ne peuvent vivre que plongés dans la Doxa la plus officielle.

    Rappelons, parce que ce n'est pas si évident, que l'oxygène, s'il est indispensable aux êtres au sang rouge, pour d'autres organismes n'est qu'un poison, qu'il corrode métaux et roches, qu'il n'est qu'une sorte d'anomalie dont les êtres vivant sur terre ont réussi à dompter la dangerosité à leur profit. Les autres en sont morts. La Phynance est du même ordre. S'y ébattent joyeusement quelques Banquiers et quelques Libéraux bon teint, en revanche des milliards d'autres êtres vivants risquent d'en mourir. On a vu d'autres anomalies : dans certaines piscines de réacteurs nucléaires se développent des micro-organismes qui vivent apparemment des radiations, si fortes qu'un humain n'y survivrait que quelques secondes. Ces piscines-là semblent contenir du lait. Bizarre, n'est-ce pas ?

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  2. Bonjour Jef..
    Je n'avais pas lu ce post; très intéressant, je ne connaissais pas.
    Si ça marche, pourquoi tous ces commentaires ? ça ne fonctionne pas comme ils le veulent, donc ce n'est pas acceptable ... Ne savent-ils pas que "Ce qui vérité pour l'un peut-être erreur pour l'autre." ?
    Andrée

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  3. C'est ça la démocratie ! avec le droit de ne pas être d'accord à condition d'argumenter. Dans ces réactions "d'un autre millénaire" il n'y a pas d'argumentaires ! je trouve cette expérience intéressante, et moi qui vit à la campagne, je sens de la solidarité entre voisins, de villages en villages, on échange nos savoirs, notre travail...même si nous n'en sommes pas encore au modèle de Marinaleda. Persistes Jef à nous raconter et peu importe les commentaires, c'est le "jeu" !

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  4. jef, le pti père des peuples du blog, et ses courtiasans !!!!

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  5. Il arrive que des morpions contaminent même des corps propres et sains.

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    1. Vous parlez de vous jef?
      Vous avez raison : le morpion adhère au Parti !!!

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    2. Oh qu'elle est drôle ...
      En plus, un morpion pas très fin...

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  6. @Jef
    L’objectif d’un billet déposé sur une page Web (dit autrement ‘’blog ‘’) est de susciter des commentaires , des réactions parfois à l’opposés de vos écrits
    En conséquence, je m’étonne de la teneur du billet de ce jour !
    Qu’il y ait eu ici ou là des réactions « caustiques » (j’en prends ma part sur les bovins… )normales . Constatons que nous n’avons pas atteint le point « godwin » heureusement !
    Vous devriez vous féliciter des commentaires. Un « blog » vide de réactions est triste à mourir !
    A propos sic : « blog s'essouffle, tourne en rond, voire radote »
    Ecrits de la part d’un commentaire qui ne se rapportait directement au sujet concerné
    Mais à l’absence de point de vue différent
    L’expérience Marinaleda n’est pas nouvelle dans le landernau des sociétés humaines
    J’avais mentionné sic « Israël via le kibboutz qui était l’un des pôles de la réflexion autogestionnaire. Puis encore l’autogestion yougoslave et les essais d’autogestion dans l’Algérie de Ben Bella. »
    Après ces expériences « autogestionnaires » quid aujourd’hui ?
    Si les habitants de ce joli village sont contents , je m’en réjouis sincèrement !
    Quant à sic : « chez ceux où l'idéologie paralyse les neurones.. » NON pas vous !
    J’ai le droit de m’interroger sur la finalité de cette expérience ( limitée) et de tenter d’y voir clair en fonction des expériences passées.
    Et vous avez le droit de nous faire part d’expérience de ce type tout en acceptant les contradictions.
    Je suis persuadé aussi que vous préférez, comme moi, une parole libre et une franchise spontanée (quelque fois caustique de ma part) à des commentaires flagorneurs (je peux aussi vous les mentionner).
    J'espère que dans votre blog il y aura toujours une place pour des visions singulières.
    Bien à vous

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    1. Vous avez pu remarquer que la place a été laissée à tous les commentaires.

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    2. @Jef
      Je vous fais TOTALEMENT confiance, n’ayant pas accès au serveur de messagerie
      Pour une « comment anonyme » il ne faut pas confondre « entraide » et solidarité entre voisins de villages et « autogestion » façon Marinaleda
      L’entraide et la solidarité existe PARTOUT y compris dans les immeubles collectifs où, pour diminuer les coûts, souvent les « coups de mains » sont monnaie courante y compris , jusqu’à gérer, à titre de mandataire bénévole, les parties et ressources communes de l’immeuble.
      Reste la question : faut-il multiplier l’expérience type Marinaleda ? Ces expériences, une fois agrégées, peuvent–elles donner naissance à un système autogestionnaire à l’échelle d’un pays ?
      Cela ne revient-il pas à mettre la « charrue avant les bœufs » ? Ou, comme le dit La Comtesse :« Faut-il sceller le trou avant la fondation » ?

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    3. "faut-il multiplier l’expérience type Marinaleda ?"

      Faut-il refuser ou interdire des expériences aboutissant à des villages sans chômeurs, disposant tous d'un logement bon marché et d'une place à la crèche pour 12€/mois ?

      Idéologie vous dis-je...

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    4. « Quand je ne sais pas, j’affirme ; quand je doute, je donne des détails «
      Vous me lisez pas bien… à la fin de mes phrases il y a des ?
      Un village sans chômeurs … j’en connais aussi en France !
      Une crèche à 12€/mois j’ai mieux (c’est vrai) dans l’IDF !
      Donc ,lorsque je m’interroge je fais de l’idéologie. Ah P…. fallait y penser !
      La Comtesse vous aurait dit : « On se sent abaissé devant tant de grandeur »
      Vamos a Marinelada:-(

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    5. Bruno, permettez qu'à mon tour je vous "pique" un peu. Ce sera un grand prêté pour un petit rendu.

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  7. Tu connais des blogs sans surprise ?
    J'ai failli fermer le miens plusieurs fois et pourtant, je ne fais pas dans la politique.
    Bon courage.

    Roger

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    1. C'est vrai, mais de temps en temps, il faut le dire.
      Et, dans ce cas, pas besoin de courage mais d'entêtement...

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