mercredi 10 avril 2013

Consensus de Washington

Photo: Libération
La mort de M. Thatcher, qui fut en son temps, avec R. Reagan, une des principaux protagonistes du Consensus de Washington, m'incite à revenir sur ce corps de doctrine sur lequel se développa la mondialisation financière à partir du début des années 80.

Concocté par l'Ecole de Chicago, primitivement destiné aux pays d'Amérique du Sud (et appliqué à la lettre, avec les résultats économiques calamiteux qu'on sait par le Chili de Pinochet), la doctrine du consensus de Washington peut s'énoncer, comme l'expliquait René Passet, en quelques maximes:

- Dérèglementation pour permettre la libre circulation des capitaux.
- «Désintermédiarisation» : financement des entreprises et des états directement sur les marchés financiers, sans passer obligatoirement par les banques.
- Décloisonnement : ouverture des frontières, suppression des barrières notamment douanières et plus généralement de celles existant entre les marchés financiers et monétaires.

Si, parmi les résultats, on peut mettre à son actif la facilitation du développement de quelques pays émergents (les plus grands, pouvant s'appuyer aussi sur un marché intérieur), la mondialisation financière qui s'est ensuivie a aggravé les inégalités entre pays et au sein de chaque pays, bloquant les salaires et baissant  très fortement les impôts et taxes des plus favorisés (et donc accroissant les dettes publiques), privatisant à tout va, y compris les services d'intérêt général, voire ce qui ressort du régalien.

Elle a abouti à une sphère financière dont la richesse est plusieurs fois supérieure au produits de l'économie classique, bouclée sur sa propre logique, déconnectée de l'économie réelle, la spéculation financière devenant le principal moyen de « faire » beaucoup d’argent et vite.

Comme je le disais déjà en 2007 sur mon ex-blog, "La performance financière est l’unique objectif et tous les autres paramètres ne deviennent que des variables d’ajustement. Et c’est ainsi, notamment que depuis le milieu des années 80, la part des salaires dans la valeur ajoutée en France a perdu 10 points au bénéfice des revenus actionnariaux. Cette tendance se retrouvant au niveau mondial". Je rajoutais: "Dès lors, le marché qui accompagnait traditionnellement la démocratie, change de nature et devient son ennemi. En effet, théoriquement du moins, la démocratie a pour objectif la promotion et la défense des intérêts de tous les habitants du territoire qu'elle représente et oblige à des politiques de redistribution au bénéfice des majorités électorale constituées par les moins favorisés. Alors que le marché mondialisé investit là où les monnaies, les taux d'intérêts, règlementations et les fiscalités sont les plus favorables au capitaux. La démocratie a besoindes frontières que le marché détruit. Cela oblige les gouvernements à passer au dessus des exigences de leurs mandants et à se conformer aux exigences du marché et de ses représentants locaux, la minorité des plus riches. Cela se ressent ans ce que les spécialistes relèvent, depuis plusieurs années, comme "l'impuissance du politique"".

Cette logique a accru la puissance des paradis fiscaux, facilitant toutes les fraudes et blanchiments et multipliant, du fait de l'abondance des capitaux (et donc des taux d'intérêt bas), les bulles financières qui ont culminé avec la crise de 2008.

Lorsqu'on voit les résultats, en terme de niveau de vie général, de ces politiques aux USA et en Grande Bretagne, en les comparant à ceux des pays qui se sont contentés  de s'adapter à ce maelsrtöm de la finance mondiale, comme les pays scandinaves, on se dit que Mme Thatcher et R. Reagan, ainsi que leurs successeurs libéraux, personnels politiques qui ont livré le monde à la finance, sont des criminels.

Quelques analyses sur ces phénomènes: 
- un texte de 2003: "Enterrer le consensus de Washington", Attac.
- "Les échecs du « consensus de Washington »", La vie des idées.
- "Rationalité et cohérence d’une mondialisation à finalité humaine", René Passet in Books Google.
- "La crise que nous subissons a ses racines dans le thatchérisme", Libération.
  • "Nos élus ne s'appliquent pas les lois qu'ils ont eux-mêmes votées", NouvelObs.
  • "L'ex-député PS Jean-Pierre Kucheida jugé pour abus de biens sociaux", Libération.
  • "Joly-Mélenchon, les Verts ont les nerfs", Libération.
  • "Ken Loach suggère de privatiser les obsèques de Margaret Thatcher", Les Inrocks.
    Comment lui rendre hommage? En privatisant ses obsèques. Faisons jouer la concurrence et allons au moins offrant. C’est ce qu’elle aurait fait". ****
  • "Ceux qui peuvent dire merci à Jérôme Cahuzac", Le Monde.
  • "Les paradis fiscaux : visite guidée", La vie des idées. Voir aussi: "L'Europe, aussi, abrite des "juridictions à palmiers"", Le Monde.
  • "Pour Montebourg, l'austérité mène l'Europe à «la débâcle», Libération. Mais pourquoi donc s'est-il rallié à F. Hollande ? Encore des mots ?
  • "A l'UMP, l'opération transparence de Fillon gêne Copé", Le Monde.
  • "Premier paradis fiscal au monde, la City bénéficie d'un solide réseau extraterritorial", Le Monde.

2 commentaires:

  1. Ceux qui jouent ce jeu à fond imaginent-ils que cela va durer toujours ? C'est grave, car justement ceux-là sont les inutiles, les profiteurs, les tonneaux de Danaïdes, les détritus à éliminer en somme.

    Tôt ou tard, une telle aberration craquera. Deux "solutions" :
    - soit seuls ceux-là "y passent"

    - soit c'est le monde entier, entraîné dans leur chute, qui passe à la trappe.

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  2. "ceux-là sont les inutiles, les profiteurs, les tonneaux de Danaïdes, les détritus à éliminer en somme."

    Vivement le goulag en France. On a déjà les gardiens.

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