mercredi 24 avril 2013

Enseignement

Le sujet est si important que je reproduis un post de mon ex-blog (2009) sur l'historique de l'enseignement en France.

Je suis en train de relire l'"Histoire de l'enseignement en France 1800-1967" d'Antoine Prost (Armand Colin, 1968), que je n'avais pas repris depuis une bonne quinzaine d'année et, si les derniers chapitres sont datés, les contradictions et la complexité du développement du système éducatif en France au cours du XIX ème siècle sont remarquablement bien documentées et passionnantes.

L'auteur montre que dans la foulée de la révolution française, ce sont deux écoles qui sont  conçues, l'une  pour ceux qui travaillent, l'autre pour "celui qui vit du revenu de ses propriétés". Pour les premiers une "éducation sommaire", en primaire, et pour les autres, "plus de choses à apprendre pour remplir leur destination" en Collège. Il revient à Jules Ferry d'inventer, outre l'école publique gratuite et obligatoire, l'"école unique" et méritocratique

Il montre aussi un enseignement basé sur les devoirs et les leçons, sans cours magistraux hors les écoles centrales napoléoniennes, qui aboutit à ce que la journée d'un collégien, en 1876 se compose de 7h et demi en études surveillées et seulement 4 heures de cours, en une journée de 11h et demi de travail scolaire. La classe "c'est d'abord le moment et le lieu où l'on dicte les devoirs et où l'on rend les corrigés".
La classe elle-même, qui pouvait se composer de 60 élèves, n'atteint 25 à 30 élèves que vers 1870. Elle n'est au début qu'un regroupement hétérogène, sans exigence d'âge ni de niveau.

Il montre aussi la lutte, tout au long du XIX ème siècle entre les traditionalistes partisans exclusifs de la rhétorique et les "modernes", souhaitant voir entrer dans les programmes l'histoire, les mathématiques et les sciences dans des Collèges dont le couronnement est "le discours en français ou en latin": "Placer de nobles paroles dans la bouche de grands personnages", "les élèves n'ont pas à dire ce qu'ils pensent comme ils le pensent mais ce qui est convenable de dire en appliquant les règles de rhétorique". Bref une fabrique de notables beaux-parleurs. 

La naissance des "programmes" scolaires est intéressante: les examinateurs disposent, à partir de 1821, de 500 questions qu'ils tirent au sort dans une urne, pour chaque candidat. Ce qui amène, alors et déjà, un triomphe du bachotage, avec des officines et des préparateurs spécialisés.
Entre 1860 et 1874, la notation s'impose, en 5 points, remplaçant la boule blanche et la boule noire. 

Bref, en lisant cet ouvrage stimulant et riche, on comprend mieux les difficultés actuelles, l'enseignement français ayant presque toujours été l'otage des démagogies politiques et les réformes ayant toujours été imposées d'en haut.
  • "UMP et FN, une relation faite de "cordon sanitaire" et d'ambigüités", Le Monde.
  • "Manuel Valls face à deux options pour réformer le renseignement de proximité", Le Monde.
  • "Monsieur le président, la justice ne peut plus attendre", Libération.
  • Enfin..: "Fichiers HSBC: information judiciaire ouverte", Libération.
  • "Des dizaines de pesticides sont autorisés en France contre les avis d'experts", Le Monde. Un grand merci à M. Le Foll...
  • Séquelles sarkoziennes: "En Libye, il n’y a plus d’Etat", Libération.

5 commentaires:

  1. J'avais entendu dire que les "officiants" du ministère étaient ceux qui, fonctionnaires, avaient été retirés du "terrain" pour incompétence notoire. Ce seraient donc les plus mauvais qui détermineraient le travail des bons. L'hypothèse a l'avantage de se voir confirmée. N'échappent au désarroi que les élèves bien suivis à la maison, donc pas les enfants des plus démunis.

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  2. [« « deux écoles qui sont conçues, l'une pour ceux qui travaillent, l'autre pour "celui qui vit du revenu de ses propriétés’’ »]
    Mais cela est encore furieusement d’actualité hélas ! A deux nuances près : « pour ceux qui travaillent … à pôle emploi » et remplacer "propriétés" par "liquidités"
    Dans un contexte de crises économique et sociale où, on ne voit pas poindre le bout du tunnel, la « société » aura besoin d’un nombre (très) limité d’ingénieurs, cadres supérieurs et de hauts fonctionnaires, et de beaucoup d’exécutants et d’employés subalternes.
    Une des raisons du départ de jeunes hommes et femmes diplômés pour des pays étrangers ?
    Lire ou relire le chapitre IV § 1 : « Faire de l'éducation la priorité nationale et du savoir le levier du redressement » de l’accord PS /EELV.
    Soyons patients , attendons 2017 pour dresser bilan !

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  3. Oh, il n'est à mon avis pas nécessaire d'attendre 2017 pour dresser le bilan. Les premiers mois sont déjà très significatifs.

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    1. Le plus gros du travail (de démolition) est déjà fait : il va rester quatre ans pour parachever la destruction des détails. Après nous n'aurons plus rien à envier aux grecs.

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    2. Vous pensez que François , chanoine de Latran, ne peut réaliser de miracles ?
      Faut lui retirer son attribution dans ce en cas
      En 2017 son nouveau titre sera François la poisse ou Pépére la scoumoune voire le Prince de la bérézina !

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