jeudi 16 mai 2013

Les français et l'Europe

L'étude d'un organisme indépendant US conclut: "Une majorité de Français n'ont désormais plus confiance dans le projet européen", rajoutant: "Alors qu'en 2012, 60 % des Français interrogés par l'institut se disaient favorables à l'UE, ils ne sont plus que 41 % en 2013", (Le Monde).

L'étude rajoute: "Les Français ont désormais moins confiance dans l'Union européenne en tant qu'institution que les Italiens ou les Espagnols. Et les Français, comme leurs compatriotes d'Europe du Sud, ont perdu confiance dans leur dirigeant élu", et conclut: "Paradoxalement, l'euro reste populaire, 60% de l'ensemble des sondés disant vouloir conserver la monnaie unique".

Hormis pour l'Allemagne, l'étude souligne la conjonction de trois faits:
- Une perte massive de confiance dans la construction européenne telle qu'on la subit depuis un peu plus de 20 ans.
- Une perte de confiance dans les dirigeants élus (quelle que soit leur couleur politique), ce qui est normal puisque c'est à Bruxelles que se prennent les décisions majeures qui conditionnent les politiques nationales de second ordre.
- Le lien est fait entre les mauvaises situations économiques et une politique européenne financièrement très libérale.

L'Europe conçue par ses promoteurs n'est devenue, avec l'élargissement du début des années 20000, qu'un marché libre au service d'une oligarchie, laissant prospérer en son sein de nombreux paradis de la finance grise. Et tous nos dirigeants continuent imperturbablement, tapant régulièrement sur l'Europe lors des campagnes électorales pour mieux se coucher, et vite, une fois élus.

J'avais été frappé par les réactions d'amis et amies socialistes, pourtant très soucieux de démocratie par ailleurs, lors du vote du Traité simplifié de Lisbonne, soutenant ce déni démocratique au nom de: "Mais les peuples peuvent se tromper", ce qui n'est certes pas intrinsèquement inexact, mais qui condamne alors aussi toute autre décision démocratique. Je me souviens d'ailleurs avoir répondu: "Mais les députés aussi".

On est moins étonné des résultats de cette étude en se souvenant qu'en 2008 (je n'ai pas les chiffres depuis), 97% des votes au Parlement Européen avait été communs entre les droites et les socio-libéraux européens.

Nous sommes sur un paquebot ivre dont le capitaine, trop occupé des intérêts de son armateur (la finance en l'occurrence), ne se soucie absolument pas du bien-être de ses passagers et le Spectacle hollandais, la farce d'hier ne changera rien au fait qu'une fois de plus, nous allons nous coucher devant les gnomes de Bruxelles.
Nous avons besoin d'une belle mutinerie démocratique face à ces factieux.
  • "Quand le Financial Times charge l’élite française", Les Echos.
  • En fait de croissance, "La France est entrée en récession", Libération. Voir aussi: "La France en récession : c’est grave, docteur ?", Libération.
  • "Dénonciation volontaire des fraudeurs fiscaux : pourquoi ça marché aux Etats-Unis", Blog de C. Chavagneux.
  • "La crise, ce prétexte pour baisser le coût du travail, mais pas celui du capital", La Tribune.
  • "François Dubet : « L'école est en péril »", La Tribune. *****
  • "Les nouvelles frontières du domicile", Groupe Chronos. "Le logement est un formidable terrain de jeu pour co-produire des solutions intelligentes qui répondent aux défis urbanistiques de demain. Pourquoi ? Comment ? Loin des modèles architecturaux de l'après-guerre centrés sur le logement individuel... A la fois numérique et physique, il devient le point d'ancrage à partir duquel se tissent des synergies et des solidarités entre le chez soi et le dehors". ****
  • Partage des rôles ou reélle conviction? : "La gauche du PS appelle à la mobilisation citoyenne contre l'austérité en Europe", Le Monde.
  • "50% de l'électricité espagnole pourrait provenir des énergies renouvelables", Bulletins Electroniques.
  • Nice: a réponse, "au vitriol" de F. Lamy à C. Estrosi, Le LabEurope1.

10 commentaires:

  1. Comment réussir à reprendre la barre du pédalo ivre ? C'est là tout l'enjeu d'un proche avenir, car ceux qui sont déjà dans les cales se noieront les premiers, et le répit sera bref pour ceux qui sont sur l'entrepont juste au-dessus.

    Rappelons-nous que Bruxelles n'est qu'une courroie de transmission entre quelques grands lobbies et le terrain, sans aucun feedback pour en tempérer la violence.

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  2. "Nous avons besoin d'une belle mutinerie démocratique face à ces factieux."

    Mutinerie démocratique ? Cela ne peut exister : une mutinerie est par définition affaire de factieux...

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    1. Appelons-la alors prise de conscience active et collective face à des putschistes légaux mais illégitimes.

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    2. Comment qualifiez-vous ceux qui, non-élus, nous dictent nos comportements?
      Comment qualifier ceux qui, malgré les résultats d'un référendum sans ambiguités, relancent l'affaire avec le Traité de Lisbonne ?
      Qui sont les factieux ?

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  3. Si vous n'êtes pas capables de distinguer une "mutinerie démocratique" d'un respect des lois, par nature anti-factieuses genre amnistie sociale, nous en resterons là !

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  4. Sur MediaPart: "« Depuis vingt ans, la France a une tactique perdante en Europe. Elle dit oui et tente de ne pas le faire. Alors que la bonne tactique serait de s’opposer, mais la France refuse de le faire. Elle se tait. On a accepté le traité budgétaire, on va faire les réformes demandées mais en essayant de les limiter. C’est une politique peu glorieuse et assurément perdante », renchérit Henri Sterdyniak, économiste à l'Office français des conjonctures économiques (OFCE)"

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  5. Toujours sur MediaPart: " « Alors qu’en 2007, tous les néolibéraux étaient sous la table, peinant à trouver le moindre argument pour défendre un système en faillite, nous assistons depuis 2010 à une vraie contre-révolution néolibérale en Europe »"

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  6. id: "Dans le même temps, les déficits et l’endettement public, qui étaient censés diminuer, explosent au contraire. En cinq ans, l’endettement de l’Espagne est passé de 58 % à presque 100 % du PIB. Celui de la Grèce dépasse les 170 %. Celui du Portugal a augmenté de 25 % depuis le plan de sauvetage."

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  7. Sic : « avons besoin d'une belle mutinerie démocratique »
    C’est la version Niçoise du « coup de balai » ou bien « qu’ils s’en aillent tous ! » voire du « il faut renverser la table ! » et in fine « la révolution citoyenne par les urnes » !
    Sauf que par les urnes , au mieux, on peut réformer et encore avec qui aujourd'hui ?

    En 1953, quand les ouvriers de Berlin-Est se soulevèrent contre le régime bureaucratique stalinien qui prétendait garantir le bonheur de la classe ouvrière, l’écrivain allemand Bertolt Brecht écrivit : « J’apprends que le gouvernement estime que le peuple a “trahi la confiance du régime” et “devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités”. A ce stade, ne serait-il pas plus simple de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? »
    Le prochain projet du Parlement Européen : dissolution des peuples des 27 pays et élection d’autres plus dociles ! : -((

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  8. En même temps, si à chaque fois que les politiques doivent assumer une décision difficile, ils accusent l'europe de les forcer à la prendre, forcément, les gens disent que l'europe ne sert à rien.

    Il faut réduire les déficits... Est-ce vraiment à cause de l'Europe ou à cause du fait que ça fait 30 ans qu'on vit à crédit ?

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