Prise d'otages

C'est fait, comme on l'attendait, et après ses ministres, "l'élément de langage" concocté par la cellule de com' de l'Elysée fleurit sur toutes les lèvres Ump. Les médias aux ordres ont, comme Nice-Matin, obtempéré avec zèle. Non aux blocages et aux "prises d'otages". 

Et bien moi, j'en veux de cette prise d'otages là,  et elle est, de loin, moins nuisible que celle opérée par l'oligarchie en place pour ponctionner au bénéfice des plus riches. Elle est sacrément plus morale que celle opérée sur la liberté de l'information par les chaîne télévisées au mains du Cac 40. Elle est infiniment plus juste que celle effectuée sur la justice pour étouffer les sales affaires de ce quinquennat. Cette présidence et ce gouvernement de menteurs prennent en otage plus de 70% de la population qui soutiennent le mouvement en cours, 70% de la population qu'on n'entend guère s'exprimer dans les micro-trottoirs des télévisions.

Et je propose que, sur l'air de "L'Internationale", ce soit repris dans les cortèges: "C'est la prise d'otages, armons-nous et demain, l'Internationaaaale, sera le genre humain".

Certes, les forces de l'ordre sont très coulantes avec les casseurs, les laissant abondamment casser avant  de les disperser, dans l'espoir de recoller l'Ump avec les trouillards et les vieux. Mais cela ne trompe plus grand monde.

Avec ce mouvement qui échappe à toutes les directions politiques et syndicales, les français retrouvent leurs racines, renouent avec leur histoire, à la pointe de la protestation contre les transferts des bénéfices du travail aux rentiers, debout contre l'énorme accroissement des inégalités dans tous les pays développés, arc-boutés pour que ce ne soient pas les contribuables et les travaileurs qui paient la crise spéculative amenée par les banques et une finance irresponsables.

D'ailleurs le monde ne s'y trompe pas: "C’est un Américain qui vante les grévistes français. Mark Weisbrot, co-directeur du Centre de recherche économique et politique (CEPR) à Washington, a pris sa plume pour écrire dans le Guardian tout le bien qu’il pense de la mobilisation actuelle contre la réforme des retraites". (Big Browser).

Je cite: "“L’âge de départ à la retraite a été déplacé pour la dernière fois en 1983. Depuis, le PIB par habitant a augmenté de 45 %. L’augmentation de la durée de vie est très limitée en comparaison, estime Mark Weisbrot. L’augmentation du revenu national a été largement suffisante pour compenser les changements démographiques”.

"Mark Weisbrot en profite pour vanter un système social qui permet de réduire les inégalités par rapport aux autres pays de l’OCDE et une gauche qui a encore les moyens d’organiser des protestations de masse, alors que “les autorités européennes et internationales accélèrent les régressions sociale dans les économies les plus faibles de la zone euro comme la Grèce”. De quoi conclure que “les Français se battent pour l’avenir de l’Europe - et ils sont un bon exemple pour les autres”."

Cela rejoint ce que je disais il y a quelques jours, si le mouvement s'étend et se durcit, il y a de fortes chances qu'il embrase l'Europe, de la Grèce à l'Angleterre, de l'Espagne à l'Allemagne, remettant en cause une construction européenne au service de la finance internationale.

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