mercredi 20 avril 2011

"Vrais Finlandais"

Il y a plusieurs hypothèses à cette montée, qui semble inexorable, d'une extrême droite populiste, xénophobe quand elle n'est pas ouvertement raciste, eurosceptique et nationaliste telle que l'explosion récente électorale des "Vrais Finlandais". Ces différentes hypothèses ne s'excluent pas mais, au contraire, s'additionnent et se renforcent.

- Une première examinera l'accélération des changements qui caractérise nos sociétés, créant des réflexes de blocage, d'autant plus que le poids des personnes âgées, statistiquement plus réfractaires au changement, s'accroît.

- D'autres mettront en cause le poids d'une immigration de tradition non-chrétienne, venant "manger le pain (et le travail) des français", créant des réactions de rejet. En oubliant que, hors toute considération morale, cette immigration a été amorcée et est maintenue, première forme de la mondialisation du travail, dès les années 50, par les milieux économiques et la droite afin de peser sur les salaires.

- Certains parleront  de la perte d'autonomie et de poids du politique face à une mondialisation financière pouvant peser sur les monnaies nationales si les politiques mises en oeuvre ne lui plaisent pas.

- Pour d'autres encore, et j'en fait partie, le virage de la construction européenne au cours des années 80, passant d'une Europe protectrice de ses emplois et de ses modes de vie à une institution, pointe avancée de la mondialisation financière, avec la complicité des socio-démocraties européennes, garantissant la libre circulation des capitaux et une Banque Centrale au service de la finance, amenuisant encore le pouvoir des politiques démocratiquement élus, porte une lourde part de responsabilité dans cette montée des droites extrêmes, d'autant qu'elle s'est accompagnée, en France du déni de démocratie du "Traité simplifié".

- La crise financière de 2008, et ses conséquences économiques et sociales dont les retombées se feront sentir au moins, sauf rechute, jusqu'aux environs de 2020,  qui a vu tous les gouvernements hormis l'Islande, renflouer généreusement les banques et autres institutions financières en reportant  l'effort sur les contribuables tandis que les cadres dirigeants et actionnaires continuent de se sucrer de manière indécente, n'a certainement pas arrangé les choses.

- La montée inexorable des inégalités atteignant, là encore des niveaux indécents, conjointe à la baisse des niveaux de vie, depuis les années 90, des moins favorisés et des classes moyennes n'a pu que renforcer, au delà d'un sentiment d'indignation, une délinquance qui exige des mesures martiales. Plus généralement, la montée des autres  insécurités: sociales et professionnelles, de prise en charge des problèmes de santé, corrélativement à un urbanisme de ghetto, favorise les opinions simplistes et démagogiques et les votes qui vont avec.

- La sensation, partout en Europe,  qu'une ploutocratie s'installe, avec des champs politiques, médiatiques et financiers se renvoyant, en permanence, mutuellement l'ascenseur ne contribue certainement pas à apaiser les opinions.

Cela annonce, dans les années qui viennent, la disparition de la droite classique, une partie, majoritaire, faisant alliance avec les droites extrêmes et l'autre se ralliant à un centre-gauche social-libéral... Cela pourrait alors permettre un développement significatif soit des écologistes, soit d'une gauche de la gauche, fonction de la justesse des stratégies que les uns et les autres mettront en oeuvre.

L'approfondissement, en partie prévisible, des conséquences de la crise financière ne rend donc pas forcément optimiste.
  • "Cinq ans après, que reste-t-il du "discours à la France qui souffre" de Nicolas Sarkozy?", Le Monde.
  • "Des produits cancérigènes utilisés pour l'extraction de gaz de schiste aux Etats-Unis", Le Monde.
  • "Sawari II: Baroin oppose le secret-défense aux juges", L'Express.
  • "Zone euro : restructurer la dette grecque, la seule solution ou un pari trop risqué ?", Le Monde. Voir aussi le blog de P. Jorion.
  • Pour les anglophones, transmis par Bertrand, "The Power of words".
  • "Une auto, des totaux (L’automobile en France, banale et coûteuse)", Géographe du monde
  • "Il manque 250.000 places en BTS", Histoires d'Universités.

15 commentaires:

  1. Toutes ces causes citées peuvent effectivement expliquer la montée de l(extrême droite, mais il me semble qu'il manque l'essentielle; à savoir la difficulté de cohabiter, et notamment dans les cités populaires, puisque l'immigration se concentre essentiellement dans ces cités.
    Difficulté de cohabitation dûe à la différence de culture, de mode de vie, d'occupation de l'espace, de conception différente du respect de l'autre, etc etc....
    Et cela l'ensemble de la classe politique, gauche droite; centre etc ne veut pas en entendre parler! Car cela remet en cause toute la notion de mixité sociale dans le logement par exemple, et toute l'approche de l'intégration, sujets tabous! Et l'extrême droite prospère sur cela dans le vote 'blanc" des quartiers populaires. Et comme le totalitarisme intellectuel des biens pensant interdit de le dire, cet électorat muselé se venge dans l'isoloir!
    Enfin, je crois plutôt, dès que le rejet de Sarkozy s'estompera, que c'est la gauche qui continuera à décliner, au regard de son irresponsabilité sur ces questions!
    L'enjeu des présidentielles étant d'ailleurs de savoir quoi du social,ou de la sécurité prendra le dessus. Et de cela dépendra le résultat.
    Charles CORDIER

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  2. Le social, c'est du cerveau raisonnable que ça vient. La sécurité, c'est du cerveau reptilien.

    Vous voyez tout de suite où ce refus multidécennal par les responsables politiques de tous bords de VOIR l'échec de l'intégration, va nous mener !

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  3. Excellente analyse, pessimiste certes, mais avec raisons. Je relève le fait sociologique du vieillissement de la population europénne 'moins encline au cahngement'. C'est très probable mais je connais aussi des gens agés qui - comme moi - sont encore plus lucides et radicaux dans la volonté de changement...révolutionnaire. Et se heurtent parfois à une jeunesse très désorinetée par la frime de 'consommer' etc. !
    Il est exact que la gauche classique - devenue 'caviar' avec l'âge et les compromissions - est en train de se casser la gueule (bien mérité!) et que l'on va vers un Centre mou et insipide entre une droite radicale, sous influence de l'extrème droite et une 'gauche de gauche' pas assez sous influence de l'extrême gauche (elle est trop divisée...) cependant que les écolos balancent fort vers le ventre mou du Centre...
    Bref on est pas sorti de l'auberge. Quelle crise va-t'elle encore advenir pour qu'on en sorte... du bon côté ???

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  4. A Rem: nos âges ne doivent pas être très éloignés.
    A ce stade, je ne sais pas encore si les écolo balancent vers le ventre mou du centre ou s'ils essaient de faire émerger un nouveau paradigme politique après la faillite des précédents.
    A C. Cordier: Ou avez-vous vu de la mixité sociale dans les ghetto des cités ?
    A JC: Nous sommes-nous donnés les moyens de réussir une intégration autrement que par le laisser-faire ?

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  5. @jef
    Il est réducteur de considérér qu'il n'existe que deux lieux pour vivre, soit les quartiers huppés, soit les ghéttos. La plus grande partie de salariés sont logés dans des cités intermédiaires des quartiers populaires, où se cotoient de petits salariés en accession à la propriété et des populations immigrées, et bien souvent dans des logements HLM, ou des résidences en accession à la propriété, et cela notamment depuis la mise en place de la loi SRU. ET c'est surtout dans ce type de quartier que mon intervention se situait!
    Charles CORDIER

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  6. A C. Cordier: Je n'ai jamais dit qu'il n'y avait que deux lieux pour vivre. Il existe, heureusement, des lieux de mixité sociale dans nos villes. Mais déplorons que les cités dites "sensibles", où sont concentrés en majorité des immigrés, n'en sont pas.

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  7. Tout à fait d'accord avec vous, les cités dites sensibles ne sont pas des lieus de mixité, et cela pour les raisons que j'explique dans ma prelière communication. Car la réalité est telle, que les populations originaires de France, ou les salariés qui vivaient dans ces cités partent petit à petit, au regard de la dégradation du "pouvoir vivre ensemble".
    Le ghetto n'est pas un plan préétabli, c'est quelquechose qui se construit petit à petit, lorsque un catégorie de population fait partir une autre!
    Mais après tout, il est peut être normal qu'il en soit ainsi, chacun aimant se regrouper selon son origine! et peut être la notion de mixité sociale ne répond pas à la tendance naturelle!
    Je que j'en suis venu à penser, n'est que le simple constat de ce que je vis dans mon quartier dit populaire.
    Charles CORDIER

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  8. A mon avis, c'est surtout que ces gens, le plus souvent pauvres, se regroupent là où les loyers sont les moins chers

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  9. première remarque : Jef il me semble me souvenir que vous êtiez ouiiste, je suis et reste plus que jamais noniste. Ce que vous déplorez sur la politique des plutocraties… était inscrit dedans. On continue de nous dénigrer, c'est ne pas vouloir voir la réalité, qui sont ces gens qui sont capables de faire un non-programme sur l'essentiel au PS ? des gens que vous décrivez si bien. Et ils ont tous les pouvoirs en régions…
    sur la mixité votre débat est assez proche l'un de l'autre, ce qui n'empêche que la seule solution que j'entreverai serait la mixité à l'école de la République par ex. des cours d'éducation civique (comme dans notre enfance) serait bien venus. Sinon j'avoue ne pas bien voir les solutions… sinon attendre plusieurs générations que l'intégration se fasse, car elle est en bonne voie, mais les gouvernants et propagandes diverses nous font croire que non. Ils sont les boucs-émissaires si bien venus de la non reditribution, de l'accaparemment par les banques… que les gouvernements payent à nos dépens.
    ça va péter, mais de là à nous engager à nous allier dès le premier tour avec le PS certainement pas, un tel PS plein de désillusions potentielles ne ferait que faire monter le FN

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  10. Annie, sur le référendum constitutionnel, vous vous souvenez mal, j'ai dès le début pris parti pour ne "Non".

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  11. Les « vrais finlandais » sont-ils des crétins chimiquement purs ?
    Les vrais finlandais là bas ; ici faut faire attention, les faucons arrivent !
    Quand on a de graves préoccupations alimentaires, certains on tendance, à s’en remettre à n’importe quelle « Führer ». Ventre affamé n’a pas d’oreilles !
    Le dictateur on le reconnaît une fois au pouvoir et encore, pas toujours aux yeux de certains
    La vue basse en France c’est un fléau !

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  12. désolée, et tant mieux
    une question quand même : pourquoi les verts font systématiquement obstruction à toute désistement en faveur du FdG (mais ça leur a pas réussi), et refuse de s'asseoir à côté d'un NPA (d'où le refus de JLM à la péniche) ça me rappelle le refus d'Emmanuelli de s'asseoir à une tribune où aurait été des LCR. Je n'ai aucune sympathie particulière pour le NPA que je trouve (ils sont en décomposition totale à cause de ça d'ailleurs) "un peu" sectaire et sans avenir dans une telle ligne, le PC lui a fini par comprendre que l'alliance lui rapportait des voix

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  13. @Jef
    Je viens de réaliser que tu avais mis une photo de hyène en tête de ton post. Personnellement, je préfère la bonne truffe du regretté Mel qui lui fait face. Les extrémistes me donnent des boutons, mais de là à employer les mêmes méthodes qu'eux, désolé mais c'est non. On combat la bêtise avec de l'intelligence, sinon ça ne sert à rien.

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  14. A Annie: les EELV sont en butte à des candidatures PCF partout où ils se présentent, Un PCF résolument pro-nucléaire, "croissantiste" et productiviste.
    A Bertrand: je considère que les droites extrêmes font campagne essentiellement sur les peurs et se conduisent donc politiquement comme des charognards, d'où la photo à laquelle je tiens.

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  15. La montée de l'extrême droite est aussi pathétique en Europe que ceux qui au nom du "brassage des cultures et de la diversité" , de "la tolérance" et de "la mixité" se comportent comme de pauvres demeurés :

    http://youtu.be/iXgBwKWShhk


    Voilà où nous en sommes arrivés au jeu de ces deux extrêmes : la décadence d'une civilisation.

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