mercredi 17 août 2011

Juste quatre extraits

 J'éprouve une jubilation intense quand, au gré de mes lectures diverses: livres, magazines, journaux, papiers ou en-lignes, je tombe sur des passages exprimant, avec style, clarté et arguments, l'expression de ce que je pense profondément sans avoir forcément les ressources pour le formuler clairement.
J'ai eu cette sensation avec cet article de MediaPart, que je vous recommande tout particulièrement: "Tout prend désormais la forme d'une entreprise et la couleur d'une marchandise". En voici quelques extraits:

- "Comme le dit Wendy Brown dans les Habits neufs de la politique mondiale, le néolibéralisme est un projet qui vise à construire dans l'ensemble de la société, et dans chacun de ses secteurs particuliers, des situations de marché qui obligent les individus à se conduire de la meilleure façon souhaitable, c'est-à-dire comme des hommes économiques maximisateurs et calculateurs (la théorie économique néoclassique considère que chacun peut connaître l'ensemble des solutions possibles et choisir celle qui lui procure la plus grande satisfaction), et, plus encore, comme des entrepreneurs. Les relations sociales, les institutions, les subjectivités doivent se plier à cette nouvelle norme politiquement construite".

- "Les politiques néolibérales ne visent pas seulement la transformation des rapports sociaux, mais aussi à modeler la subjectivité de chacun. Pour illustrer cela, on pourrait citer la formule de Thatcher, qui disait qu'il fallait «transformer l'âme et le cœur». Il s'agit donc de former des hommes et des femmes qui fonctionnent de façon nouvelle, qui deviennent et qui se pensent comme des «capitaux humains». Au fond, la plus grande nouveauté du néolibéralisme est d'avoir imposé la forme entrepreneuriale à la subjectivité".

- "La rationalité néolibérale passe par la transformation de la société avec pour fin ultime la transformation du sujet. Pour transformer la société en un vaste ensemble d'entreprises, il faut que l'État lui-même devienne une entreprise: a corporate state. C'est un État qui change de fonction et de forme: il est désormais en association avec les grands oligopoles mondiaux, sa responsabilité est de transformer les populations en ressource utile pour la compétition mondiale. Pour ce faire, il doit importer en son propre sein, à la place du vieux droit administratif et des normes publiques, à la place des vieilles éthiques professionnelles, des cultures de métier, bref tout ce qui constituait ce système de valeur propre à la sphère publique, les normes et les principes du secteur privé".

- "Il n'y a que les convertis ou les lâches qui prétendent qu'il n'y a qu'à s'adapter au nom de ce qu'ils appellent le «réalisme». Ce sont ces «réalistes» qui contribuent à détruire la politique en vidant la démocratie de toute substance. On voit aujourd'hui où nous a menés ce «réalisme»: à la soumission et à la démission des États. Mais comme vous le constatez aussi, la population n'a pas dit son dernier mot.
La revendication de «démocratie réelle» des indignés de tous pays est immédiatement dirigée contre la raison néolibérale qui dépossède les gens de tout pouvoir sur leur destin. L'affrontement entre la logique néolibérale et la logique démocratique a passé désormais un nouveau seuil".
  • "Google/Motorola : la preuve que le système des brevets est en panne", Libération.
  • "L'heure des choix radicaux", Blog de P. Jorion"En se finançant à bon compte auprès du système financier, les États en deviennent les garants illimités en dernier ressort au détriment des contribuables et des épargnants. La dette est devenue le masque d’une prospérité détruite dans la réalité économique". ****

16 commentaires:

  1. Vieilleries utopistes de la gauche bien pensante universitaire, habillées en Prada, à la moderne, pour faire joli.

    On se croirait des siècles en arrière, manque plus que Rousseau !

    Un tissu de conneries ... niant la réalité, càd une analyse vouée à la superficialité intellectuelle. Sans intérêt !

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  2. Ce qui est particulièrement farce, c'est le fait que le monde entier a choisi le libéralisme après avoir tâté à un peu de tout ! Stupidement, mais c'est son truc, Wendy Brown considère que tout le monde se trompe, sauf elle, bien calée dans son fauteuil universitaire américain !

    Curieusement, ceux, comme les soviétiques et satellites, qui se sont agrippés aux vieilles lunes collectivistes qu'elle encense, ont explosé... par contre ceux qui ont réussi à émerger du communisme, Chine, Inde et autres, et qui réussissent, ont accepté le réalisme !

    Question de détail : que proposent les tenants de l'anti-libéralisme pour que le monde abandonne le libéralisme, responsable de l'énorme croissance mondiale depuis un siècle ?

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  3. Source OCDE
    le PIB mondial annuel, pour chacun de ses habitants, est passé (en dollars constants 1990) de 700 dollars par tête en 1850, à 7000 dollars par tête en 2000.

    Bien sûr, il y a d’énormes inégalités d'un pays à l'autre, mais globalement, per capita, le monde économique et libéral progresse à pas de géant !

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  4. En ce qui me concerne, j'acceptais le capitalisme "fordiste" dans lequel, au prix de luttes sociales quelquefois dures, chacun trouvait son compte.
    Je refuse par contre celui du consensus de Washington et de l'excroissance financière parasitaire qui démultiplie les inégalités, y compris dans les pays qui en profitent le plus.

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  5. JC. Je ne souhaite pas des soviets partout ni la nationalisation de tous les moyens de production et d'échange. Je n'en ai jamais été partisan.

    Simplement qu'on surtaxe les dividendes dès qu'ils dépassent 8 à 10%, qu'on surtaxe les profits non réinvestis, qu'on surtaxe les gros revenus (+ de 200 000 €/an) à 65%, comme aux USA en 1930, qu'on fasse rembourser les aides publiques pour les entreprises qui délocalisent, qu'on taxe les entreprise du Cac 40 à la hauteur des PME, qu'on interdise aux banques de dépôt de spéculer, qu'on mette une TVA sur les transactions financières comme pour tous les autres produits, ....

    En un mot, de la régulation à finalité sociale...
    Si cela avait été fait, nous n'aurions pas la crise actuelle et notre dette publique serait tout à fait supportable.

    Mais les idéologues de la main invisible du marché ont gagné la bataille culturelle... Avec les mirifiques résultats qu'on voit...

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  6. J'oubliais,il faudrait aussi taxer toutes les ventes à découvert et autres saloperies spéculatrices à ce qu'elles sont: des jeux de hasard, comme le PMU et les casinos.

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  7. "Le taux moyen de l'impôt sur les sociétés payé par le Cac 40 n'est que de 18,6%... contre près de 40% pour les PME (lire le rapport de l'UMP Gilles Carrez ici: http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i3631.asp) ". MediaPart
    http://www.mediapart.fr/journal/france/160811/les-niches-fiscales-que-sarkozy-va-epargner

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  8. Le bon sens, c’est probablement trop compliqué ! Tout se développement pour dire quoi ?
    Que , comme le résume le chapeau de l’article : » (… ) non plus simplement à défendre une économie de marché mais à réduire toute la société aux normes du marché » Ou en d’autres termes : « la crise survient parce qu’il y a trop de capitaux qui ne trouvent pas à se mettre en œuvre au taux moyen de profit de la période antérieure. » ou « le mode de production qui ne parvient plus à réaliser l’accumulation et la rotation du capital »
    Il faut donc (essayer) faire tourner le capital.
    Ce n’est pas plus clair formulé ainsi ? En effet, le texte cité en référence, peut apparaître comme un débat philosophique
    La droite libérale gouvernementale ou socialiste (social-démocratie), à des degrés divers et, via des chemins différents, accompagnent ce mouvement.
    Pour la France , pour faire court, les courants (néo)libéraux veulent en finir avec l’assistanat d’État, c’est-à-dire avec ce qu’ils appellent encore « l’État-providence » qui n’est rien d’autre que l’État modèle 1945. On doit s’adapter au marché ou disparaitre !

    Sur Médiapart Edwy Plenel publie un article intitulé "Contre la dictature financière, la révolte nécessaire"
    La révolte ? compte tenu du début de mon comment, cela sera notoirement insuffisant !

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  9. Qu'il y ait assistanat solidaire et temporaire, c'est normal dans une société convenablement organisée.

    Que l'on soit chômeur de père en fils, c'est une tragédie qu'il faut combattre en évitant l'assistanat "professionnel"

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  10. Croyez-vous sérieusement qu'il y ait plus de 4 millions de chômeurs professionnels en France en ce moment?
    Croyez-vous sincèrement que tous les habitants des ghettos ne rêvent que de devenir dealer ?

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  11. Je ne "crois" pas, je constate ou je suppute, je raisonne ou j'intuite ... bref je n'ai pas la foi en une explication "facile" !

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  12. Merci Jean-François pour ces extraits intéressants.
    Sylvie

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  13. Etre au chômage c’est un métier ?
    Hier on avait « meilleur ouvrier de France » bientôt on aura « meilleur chômeur de France » !
    La différence entre la bourse et l’ouvrier ?
    la bourse ,ça monte , après ça descend , ça remonte , après ça redescend…
    L’ouvrier il descend, puis il redescend, puis descend et reredescend .
    Ouvrier c’était une condition, aujourd’hui, c’est devenu un condiment de la bourse !

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  14. "qu'on fasse rembourser les aides publiques pour les entreprises qui délocalisent"

    Le problème c'est que c'est pas possible dans l'immense majorité des cas, le contre exemple étant Continental qui ferme une usine pour ouvrir la même en Roumanie.

    Mais en général, une société arrête les embauches dans la vieille Europe et embauche dans les pays à bas coût. A proprement parler il n'y a pas de délocalisation, mais in fine cela revient au même, il n'y a plus d'activité en Europe. Au surplus, avec les ruptures conventionnelles on rend la vie invivable à ceux que l'on veut ne vraiment plus voir....

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  15. Alors que certains milliardaires proposent de payer plus d'impôts (en échange d'une diminution des taxes salariales), Eva Joly propose d'augmenter les impôts "de façon progressive" (ce qui revient à imposer proportionnellement plus les pauvres que les riches) !

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  16. Progressif, au contraire, c'est augmenter les pourcentages des taxes au fur et à mesure que l'on gagne plus.

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