samedi 14 avril 2012

Ecole, encore et toujours

L'Ecole, l'Université, la Recherche, trois secteurs sur lequel il y a consensus national quand à la nécessité d'en améliorer les résultats, et sérieux dissensus quant aux moyens d'y arriver.
J'ai toujours dit, avec beaucoup de mal à me faire entendre quand j'étais encore au PS, que la Vème République avait réussi la massification scolaire et universitaire, mais pas leur démocratisation, notre système étant ségrégatif. Le débat sur "les moyens" (préalable à la purge des effectifs sarkozienne) avait contribué à obscurcir les choses car l'Education Nationale vivait (et vit) encore sur des théories de l'apprentissage qui avaient cours en 1550, lors de la création de La Sorbonne, notamment le mythe de la "transmission" des connaissances.

L'imbécilité  de la polémique sur les savoirs contre la pédagogie, des maîtres contre les enseignants, qui a commencé au milieu des années 80 a ajouté sa couche de sottises, opposant ce qui ne fait qu'un à travers un processus: ce talent de donner envie d'apprendre, cette compétence d'aider chaque élève à se fabriquer ses propres connaissances d'une manière inéluctablement différente de celle de son voisin, la mesure des compétences acquises (car un savoir n'est que si on sait l'utiliser) à travers des situations de complexité progressive, et surtout la démarche inductive qu'oblige les théories modernes de l'apprentissage, toutes constructivistes.
Vient se rajouter à cela les polémiques sur le numérique. Je rejoins cet article du NouvelObs pour lequel: "Ce n’est pas le rôle principal des professeurs d’enseigner le numérique et les pratiques qui s’y rapportent. Leur rôle principal, c’est de savoir poser des questions auxquelles les gens peuvent répondre par le numérique"
Face à une information de plus en plus abondante, le rôle de l'enseignant utilisant pleinement  le numérique, outre PowerPoint et autres gadgets, est d'inculquer des méthodes: pour poser les problèmes, pour définir l'objet des recherches, pour chercher, pour repérer les informations pertinentes, pour les organiser, les articuler, argumenter et rendre une production propre et personnelle, le tout à travers les ressources offertes par le numérique.
La fonction enseignante est de faciliter la transformation, par les élèves, des informations en connaissances.
Et, ceci dit, il faudrait peut-être, face à la vulgate néo-libérale, redéfinir, en cette aube du XXI ème siècle, la-les fonction (s) de l'école. Je m'étais amusé à caricaturer ici ce débat là.
Bref, après avoir lu V. Peillon,  encore des désillusions à attendre.

9 commentaires:

  1. En tout cas, pour ce qui est de la formation des maîtres, nous sommes désormais au fond du gouffre : le nouvel enseignant, frais émoulu de sa fac, se voit balancé sans autre forme de procès devant une classe (de plus en plus) nombreuse, ignare parce que le stade précédent a été bâclé lui aussi, et doit en tirer la quintessence tout en apprenant lui-même par essais et erreurs son propre travail. La phrase est longue, parce tout est imbriqué et funeste. La formation en IUFM était-elle pertinente ? N'y étant pas passé, je me garderai de juger. Certains la disaient perfectible : d'autres choses le sont aussi.

    Le pire de la situation vient bien entendu de cette réduction des effectifs quand la natalité dans notre pays confirme sa vitalité. Vouloir promouvoir notre pays sur le plan international, et en même temps sabrer l'éducation au nom "d'économies" à court terme est au moins stupide, au plus criminel. La même chose vaut pour la Santé, d'ailleurs.

    Il faut se poser une question : les zones les plus prolifiques sont, comme il en a toujours été, les quartiers "difficiles", ceux où sont parqués ceux qu'il ne faut pas voir. N'est-ce pas une stratégie pour éliminer les ressortissants de ces régions déjà défavorisées de la "course à l'emploi", que le gouvernement procède ainsi ? Peut-être parce qu'il y voit des pépinières de "moins français que d'autres", de "sous-français", sans même aller voir ce qu'il en est exactement ?

    Oui, probablement y a-t-il des "banlieues" moins françaises que d'autres : je pense à Neuilly, en particulier. Pépinière, pour le coup, de gens dont le portefeuille est en Suisse, les pieds aux Bahamas, et le cœur en avion quelque part....

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    1. Bien vu (!)
      Effectivement, Neuilly est une banlieue bien moins "française" car peuplée de riches, que le 93, banlieue bien plus "française" puisque peuplée de pauvres !!!
      Grand Prix de l'Humour Politique au Babelsmiley....

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  2. L'Education nationale est un mammouth mort.

    Le mammouth est mort étouffé dans sa propre graisse ! Cela ne sert à rien de s'en préoccuper. Tant de Ministres de l'Education Nationale depuis WWII ne l'ont pas fait, ou si mal fait ! Pourquoi, comment voulez vous que ça change : la bête est dans une impasse depuis toujours.

    Depuis des décennies, le monstre se gourre : au lieu d'instruire, il veut éduquer. Echec ! Au lieu de traiter les singularités, la diversité des élèves, il veut nationaliser les solutions ! Echec ! Au lieu de donner de l'autonomie aux maîtres, il syndicalise les comportements les plus rétrogrades ! Echec ! Au lieu de rétablir autorité du pédagogue, discipline en classe, dialogue avec les parents, il laisse le laxisme régner en maître...Echec complet !!!

    Bref, comme les parents instruits ne sont pas cons, ils envoient leur enfant dans les bonnes classes et laissent les autres au bord de la route : ceux là se débrouilleront sans l'Education Nationale qui ne leur aura rien appris qui puisse leur servir à vivre, dans une communauté nationale qui n'en est pas une.

    Cette communauté, refusant de voir que la structure d'Instruction Publique est à remettre entièrement à plat car terriblement inefficace, porte la responsabilité de la déserrance TV, internet, familiale, dans laquelle évolue nos chers petits, mal instruits, acculturés, mal éduqués.

    PS : Ne pas oublier de pisser dans le violon en réclamant plus de moyens, evidemment ...

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  3. Pas mieux que JC sauf son intro …
    Lire ou relire dans l’accord PS/EELV chapt IV § 1: « c’est à l’école qu’un pays prépare son avenir. Elle doit redevenir le premier sujet, le premier projet, le premier budget de la République. Elle sera notre grande cause nationale »
    Mais, il y encore peu de temps , sur l’école primaire, le PS reprenait à son compte les objectifs et le langage du gouvernement Sarkozy/Fillon/Chatel : « garantir à tous les élèves l’acquisition d’un socle commun de savoirs et de compétences (lire, écrire, compter, cliquer) », alors même que les notions de « compétences » et de « socle commun » font l’objet de sévères et légitimes critiques.
    Le PS reprenait également la notion de compétences pour l’enseignement secondaire, tout en rajoutant la nécessité de « solides bases disciplinaires » pour de « nouveaux programmes annoncés ».
    Mais rien n’est dit concernant les volumes horaires attribués aux disciplines, qui ne peuvent pas augmenter si on ne rétablit pas les postes supprimés en collèges et lycées. Pire : pour ces nouveaux programmes, il est annoncé des « modules adaptés ». On se souvient qu’il s’agit d’un aspect majeur de la précédente réforme Darcos des lycées, auquel le gouvernement dut finalement renoncer au vu des mobilisations contre notamment ces modules semestriels.
    Là encore on verra à l’usage après le 6 mai .Mais sans illusions !

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  4. La tribune d'Eva Joly à propos de Total pas très honnête de la part d'une candidate qui se veut la seule pure :

    "une scandaleuse décision de la Cour de cassation pourrait annuler votre condamnation"
    La Cour de cassation juge en droit, pas en morale et encore moins en politique. Ancienne magistrate, Eva devrait le savoir. On ne lui donnera donc pas le ministère de la Justice.

    "Le bénéfice atteint, pour 2011, plus de 12 milliards d'euros. Dans le même temps, Total payera seulement 300 millions d'euros d'impôts sur les sociétés en France, soit à peine 2,4 % de ses bénéfices !"
    Eva met en rapport le bénéfice mondial avec les impôts payés seulement en France. On ne lui donnera donc pas le ministère du Budget.

    "Au Canada, l'exploitation des sables bitumineux a déjà détruit 3 000 km² de forêts."
    3000 Km² représentent une bande de 50 Km par 60 Km. La surface du Canada étant de 10 millions de Km², Total a donc "détruit" 0,03% du Canada, un "crime" écologique. Il ne reste plus qu'à créer un ministère de la Propagande pour Eva.

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  5. Avant que l'ami Jef ne me tombe sur le râble, je précise que je ne défends pas Total - que je boycotte depuis 20 ans - mais l'honnêteté intellectuelle. Mme Joly semble avoir vite appris les ficelles de la politique...

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  6. A L'Anonyme: Je m'incline devant vos compétences juridiques, manifestement infiniment supérieures aux siennes.

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  7. @anonyme copie Jef
    Bah 3000 Km² au Canada faut pas s’enm…. pour si peu vous avez raison !
    50 Km x 60 Km soit 3000Km² en méditerranée et au large de Marseille pour quelques barils de pétrole sachant que, la surface de la France est de 547 030 Km² (hors outremer) ces 3000 Km² représentent 0,55% du territoire
    Faut pas hésiter une seule seconde … Creusons !
    Pour le groupe Total , je me demande avec tous ces cranes d'eouf ce qui les conduits à rester à la Défense ...et payer encore un poil d'impôts
    pour subventionner l'EPAD probablement : -)
    vous connaissez certainement les membres bienfaiteurs du 92 !
    Ah les maths et la politique ...

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  8. Bruno,
    défenseur naturel de l'outil mathématique, je ne supporte pas votre dernière phrase tendancieuse...

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