mardi 17 avril 2012

Fractures

Je suis en train de lire le dérangeant et passionnant  ouvrage de C. Guilluy, "Fractures françaises", éd. F. Bourin, 2010, dont je conseille vivement la lecture à tous.

La thèse démarre de l'analyse classique, que les métropoles françaises sont une des traductions nationales de la mondialisation avec un cortège d'effets induits, notamment le fait que les emplois à faible qualification y disparaissent alors que les quartiers difficiles y sont directement rattachés, renforçant les difficultés d'emplois de leurs habitants. 

"Hier insérés dans un tissu économique, industriel et un marché de l'emploi diversifié où les emplois peu qualifiés et industriels étaient encore nombreux, les quartiers de logements sociaux sont désormais immergés dans un marché de l'emploi métropolitain très qualifié. Le peuplement a lui aussi très sensiblement évolué. L'immigration familiale s'étant peu à peu substituée à une immigration de travail, les flux migratoires en direction des quartiers sensibles se sont précarisés et féminisés".

Restons-en, pour ce post, aux problématiques des quartiers dits sensibles. Pour l'auteur, elles sont complexes et en boucles rétroactives. Les principales difficultés de ces quartiers sont d'abord liées à une sur-délinquance du fait de l'incapacité des gouvernements successifs, depuis 30 ans, d'y remédier, surdélinquance elle-même produite par les mécanismes à l'oeuvre.

"On analyse souvent la fuite des classes moyennes des banlieues comme un refus de vivre avec des populations immigrées... Ce n'est pourtant pas le racisme mais l'insécurité qui est la principale cause de la fuite des fameuses classes moyennes. De la même manière, l'échec des politiques de réhabilitation est d'abord une conséquence de l'incapacité de l'état à enrayer la délinquance et le développement  de l'économie informelle..."

"A la fois cause et conséquences des difficultés sociales, l'incrustation des violences et de l'insécurité voue à l'échec toutes les politiques publiques. Pire, la permanence depuis vingt ans d'une surdélinquance dans des quartiers où se concentrent des populations issues de l'immigration a alimenté la perception négative des minorités ethniques. L'échec de l'Etat en matière de lutte contre l'insécurité a des conséquences non seulement sur les conditions  de vie des habitants, mais aussi sur la cohésion nationale".... "La permanence des flux migratoires induit mécaniquement des difficultés sociales spécifiques à ces lieux qui attirent des populations précaires et qui subissent le départ de ménages actifs et de jeunes diplômés"...

J'ai toujours dit, dans ce blog, que l'insécurité, notamment celle des banlieues difficiles constituait le fond de commerce électoral de N. Sarkozy, grassement alimenté par C. Guéant et sa politique de spectacle sécuritaire. 

Il ne pourra pas y avoir d'amélioration de l'état de ces quartier sans, à la fois, de gros efforts pour créer des emplois, améliorer les résultats scolaires, recréer du lien social dynamique entre les habitants et faire disparaître les trafics et la violence des réseaux. Reste que cela demande d'abord du renseignement que ne peut fournir qu'une police de proximité, celle que N. Sarkozy s'est empressé de dissoudre dès son élection.

Cela demandera aussi du temps et de la sérénité, loin du spectacle médiatique qu'aura constitué ce néfaste intermède de 5 ans.
  • "Qui veut la peau de Lilian Thuram ?", Affaires stratégiques.
  • Education: "Eva Joly : Pas de projet démocratique sans réforme pédagogique", Café Pédagogique.
  • "Espagne: Le safari du roi Juan Carlos fait tache", NouvelObs.
  • "Un électeur sur deux a changé d'intention de vote depuis six mois", Le Monde.
  • "Espagne : le taux des obligations à 10 ans passe au-dessus des 6 %", Le Monde. "... signe des vives inquiétudes des investisseurs quant à la capacité du pays à réduire son déficit public".
  • "L’empire romain et la société d’opulence énergétique : un parallèle", OilMan.
  • "Le sécuritaire, ce n’est pas la sécurité", Bug Brother.
  • "Affaire Merah : les questions auxquelles le gouvernement ne répondra pas", Marianne.
  • "Pourriture pédagogique", ContreBande. ****

19 commentaires:

  1. Attribuer l'insécurité des banlieues, l'économie informelle, à une "volonté politique" de droite de Sarkozy, qui voudrait en faire "son fond de commerce électoral" est tout simplement un mensonge aberrant et stupide ! Le sujet des bidonvilles, et des ghettos, date depuis si longtemps ...

    Le problème est autrement plus complexe, lié à l'incapacité, le refus, des cultures maghrébines et africaines de faire l'effort d'intégration nécessaire, doublé de la mauvaise volonté, du rejet séculaire, de la population française indigène vis à vis d'anciens colonisés aux moeurs, religieuse, cultuelles, culturelles, incompatibles ! !

    Inutile d'en dire plus ... Laisse tomber ta haine de Sarko, Jef, tu te fais mal !

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  2. oh là là qu'est-ce qu'il radote ce pauvre jef, avec son TOC contre sarkozy, heureusement dans une semaine tout ira mieux....avec des emplois crées (lesquel? l'état peut-il créer des emplois, à part ceux de fonctionnaires?), des animateurs à gogos, des enseignants en nombre et motivés, du fric qui coule à flot, la délinquence qui s'évapore grace à l'amélioration sociale etc etc...
    Le paradis quoi!
    AQUOI Serge

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  3. A JC: J'ai simplement dit que Sarkozy, en supprimant la police de proximité, avait laissé se développer tous les trafics.

    A Serge: désolé pour vous si votre champion va prendre une raclée carabinée d'ici 3 semaines.

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  4. Comme Eva dans une semaine!
    AQUOI Serge

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  5. JC (Justice un peu juste ...)17 avril 2012 à 10:26

    Jef,
    JAMAIS la police de proximité, ou autre appellation, n'a pu stopper les trafics ! Ce pauvre Sarko, et tous les ministres de l'Intérieur de quelqu'obédience que ce soit, ne pourront stopper les trafics avec la "magistrature" qui est la nôtre, démocratico-compassionnelle.

    Le problème n'est pas chez l'organisation de la flicaille qui fait du mieux qu'elle peut, il est CHEZ LES JUGES, lié au constat que combattre une mafia avec les armes de la démocratie, ce n'est pas évident !!!

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  6. Pour Eva, c'était attendu, vu le type d'élection.
    Et si ça peut vous consoler...

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  7. Mais moi je n'ai pas à être consolé vu que je ne vote pas pour sarkozy....mais vous vous devriez être désolé pour Eva, mais c'est vrai, j'oubliais...vous êtes à nouveau entrain de tourner casaque....
    AQUOI serge

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  8. jef, ou la connerie de proximité!

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  9. A l'anonyme courageux: Les insultes sont censées masquer la vacuité de la pensée?

    A Serge: Je suis rentré au PS en 1974, je l'ai quitté en 2008 et suis rentré chez les Verts un an plus tard. La casaque a peu tourné.

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  10. Pour combattre les mafias (et la corruption) il faut plus d'état, n'en déplaise à certains... Suivez mon regard !!!

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  11. "Pour combattre les mafias (et la corruption) il faut plus d'état"

    C'est bien connu, il n'y avait ni mafia ni corruption en URSS. Ils n'avaient sans doute pas assez d'état.

    CQFD

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  12. Pas plus qu'en Italie d'ailleurs.

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  13. Mince, je lis ce blog depuis des années, et pourtant je n'ai jamais entendu parler de corruption en URSS !!!!

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  14. JC (casse le morceau de roubles)17 avril 2012 à 15:31

    On n'a jamais parlé de "corruption" en URSS sur le blog à Jef .... parce qu'il recevait l'argent de l'Ambassade pour se taire et offrir des croisières à sa belle !

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  15. Ici, on ne tire pas sur les ambulances.

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  16. @Jef
    Dimanche vous vous infusiez le meeting du factotum via la petite lucarne
    Résultat : lundi sur le blog une humeur de « dog » !
    Maintenant vous vous ingurgitez « fractures françaises » (pas le traité d’orthopédie du professeur du genou hélas) et, re-humeur de « dog » !
    V’allez finir dans le service réa de l’hôpital de Nice ! :- )
    D’autant que le 22 avril vers 20 H , les résultats tomberont . Je crains encore une poussée d’extrasystoles vu le score prévisible de E. Joly. Préparez-vous physiquement et psychologiquement en attendant le « D Day ». Laissez « couler » cultivez vos « belles de nuit » courez après « figatel »
    sic : » (…) amélioration de l'état de ces quartier sans, à la fois, de gros efforts pour créer des emplois, améliorer les résultats scolaires, recréer du lien social dynamique entre les habitants et faire disparaître les trafics et la violence des réseaux. »
    Qui peut être en désaccord ? C’est une tautologie ! Encore faut –il pointer du doigt le vrai responsable
    (système) . Dans les cités périphériques se développe une délinquance et des règlements de compte entre bandes dont le trafic de drogue est la base, on doit bien constater que le seul avenir que le capitalisme réserve à ces « banlieues difficiles » voire plus , des villes entières, est la « tiers-mondisation ».
    Les solutions de replâtrage n’auront aucune efficacité, car le mal est radical, et par conséquent c’est à la racine qu’il faut prendre les choses. La seule question est de savoir si nous sommes encore capables de prendre les choses à la racine, c’est-à-dire de refaire un monde commun, et d’abord d’empêcher que soient défaites les institutions de la civilité encore debout : institutions sociales ( sécurité sociale ; système de retraites), existence de biens communs (services publics), institution d’une vie publique commune à travers l’école, la culture et la politique.
    Force pourtant est de reconnaître qu’on a du mal à discerner les prémices d’un mouvement qui irait dans cette voie. La police de proximité ou d’extrémité est certes utile. La police n’est pas un service social . En conséquence, elle reste une rustine face au mal !
    La mise en pièce de « l’Etat social » et la montée du chômage (notamment chez les jeunes) ne vont pas arranger les choses …

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  17. Rassurez-vous, Bruno, ayant passé l'âge de me raconter des histoires, le score d'Eva Joly ne me surprendra pas.

    Sur les quartiers, vous dites "Qui peut être en désaccord ?" Vous ne voyez vraiment pas ?

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  18. @Jef
    « vous ne voyez vraiment pas ? »
    Je me doute ! cependant il ne faut pas en déduire : « changeons l’exécutif et tout devrait s’arranger » …hélas ce n’est pas si simple
    Encore que, bon nombre de municipalités/communautés de communes /régions gérées par le PS et ou une coalition PS/ PC…ne soient pas exonérées de tous reproches.
    Dans certaines banlieues de grandes villes, un « lumpenprolétariat » qui avait quasiment disparu réapparait
    Sur les « banlieues » par exemple l’offre médicale en ZUS est en moyenne deux fois moins importante que celles de leurs communes et leurs agglomérations.
    La scolarité en ZUS : la proportion d’enseignants de moins de 30 ans est de 21,7% en ZUS, contre 14% dans la France entière. 5,8% de classes préparatoires aux grandes écoles sont situées en ZUS. Proportion d’élèves en retard de 2 ans ou plus en 6ème : ZUS : 4,9% ; France entière : 2,5%
    Après ces chiffres officiels, comment ne pas tirer la conclusion que cela ressemble à une « ghettoïsation » d’environ 5 millions de personnes.
    Depuis 30 ans, les échecs successifs des plans « Marshall » (appellation de l’ex ministre du factotum) , d’intégration, et de rénovation ont contribués en fait à disloquer le tissu social. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons des émeutes (jacqueries du XXIième siècle) de 2005.
    De plus, faute d’espace politique organisé (le militantisme des partis de gauche a pratiquement sombré), nombre de jeunes sans repères et sans culture politique (au sens de gestion de la cité) , s’en sont pris à la fois aux représentants de l’ordre et aux symboles de la ghettoïsation !
    Comme dit l’autre « ce n’est pas des racines qu’il faut donner aux jeunes mais des jolis pots » et surtout du travail !
    Avec un chômage de masse (10% "officiel") et sans qualif
    c'est la quadrature du cercle

    Bref , que peut faire un Maire sans « moyens » ou presque et qui constate que, les services publics « déménagent » les uns après les autres ?

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