mardi 2 octobre 2012

Décomposition de l'Etat ?

Je me souviens de K. Marx prophétisant le dépérissement de l'état avec l'avènement du communisme et la réalisation du phénomène inverse par les bureaucraties staliniennes.

Plus récemment, je lisais dans le dernier Stiglitz, comment la pression des lobbies dénature et fait dépérir l'état démocratique, et met en pièce ce qu'ils appellent "état-providence", cassant les liens sociaux et réduisant la société à un agrégat d'individus. A cela se rajoute l'appétit de la finance pour que des pans entiers des attributions de l'état, y compris dans ses fonctions régaliennes, soient bradées au privé afin de faire de juteux profits sur des besoins essentiels. Et ne parlons pas de la libre-circulation organisée pour les capitaux et les marchandises alors qu'elle est refusée aux hommes.

Encore plus récemment, je suis tombé, ici et sur deux posts de l'instructif blog Géographe du monde, au sujet de "La décomposition programmée de l'état", qui aborde ce même problème et conclut, s'agissant des USA:

- "La vieille Amérique du nord-est meurt lentement, spécifiquement celle coincée entre Appalaches et Grands Lacs. S'y cumulent les problèmes du monde rural, ceux du secteur primaire - sauf si l'exploitation des pétroles non conventionnels venait à renverser la tendance lourde ? - du secteur secondaire, et ceux des villes sinistrées".

- "L'approvisionnement énergétique bon marché est une utopie si elle se base sur des investissements publics sans lendemains puisque les consommateurs rechignent à payer l'entretien des infrastructures et réseaux de distribution..."

- "Les déclassés ont toujours existé. Leurs effectifs semblent ne plus dégonfler. S'ils peuvent espérer les bénéfices d'une nouvelle révolution technologique - Dieu sait si l'on attend des géants californiens de l'informatique - ils ne peuvent en 2012 espérer ni 'nouvelle frontière' pour recommencer leur vie, ni réconfort dans leurs familles, cellule de base durablement fragilisée par l'explosion des couples..."

- "La ville étalée nécessite des services collectifs sans cesse plus délicats à mettre en place, si ce n'est à financer : routes, hôpitaux, écoles, services de justice-police-prison. Il n'est même pas besoin d'évoquer les difficultés de tous ordres posées par l'hétérogénéité sociale des quartiers, ou la question du coût énergétique des déplacements pour poser la question de la pérennité de ces taches urbaines".

On peut, c'est mon cas, ne pas partager toutes ces conclusions. Elles valent au moins qu'on y réfléchisse.
  • "Roms chassés : Jean-Pierre Mignard tire le signal d'alarme", LibéMarseille.
  • "Le changement climatique va réduire la taille des poissons"Le Monde.
  • "Budget Sécu 2013 : pourquoi taxer davantage la bière ?", NouvelObs. Je suis donc un bon citoyen: je fume et bois de la bière pour financer la Sécurité Sociale...
  • La révolution technologique des imprimantes 3D, Libération.
  • "Sixième année de récession attendue pour la Grèce", Le Monde.
  • "Hôpital de Corbeil-Essonnes : les vraies raisons d'un fiasco coûteux", Marianne. 

2 commentaires:

  1. La ville US type, c'est San Diego. Est-ce encore une ville ? Pas de centre, pas de point de concentration pour des discussions, faute de vrais transports en commun chaque habitant se doit de posséder une voiture, d'autant que le moindre commerçant est situé à des kilomètres. Il ne s'agit plus là qu'une fausse urbanisation, un éclatement, l'échec assuré. Peut-on imaginer une simple avenue urbaine mesurant presque cent kilomètres ? Ce n'est même plus l'habitat en grappes caractéristique de nos banlieues, mais une simple conurbation informe. Comment peut-on être maire d'une telle structure ? A part gérer tant bien que mal quelques services d'urgence payants, ce poste n'a guère de raison d'être.

    Quant au Nord-Est, il est victime de sa configuration plus classique. La ville est morte, pendue par son banquier. Rassurons-nous, notre tour arrive.

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  2. @Jef
    Un peu en parallèle à votre billet ; K. Marx était tellement persuadé que le communisme serait porteur d’une plus grande liberté individuelle pour chacun qu’il envisageait même, et sans doute à tort, le dépérissement de l’État, c’est-à-dire le dépérissement de toute forme d’obéissance politique.
    K. Marx envisageait vers la fin de sa vie une transition pacifique vers le communisme via la démocratie parlementaire et notamment via l’Allemagne comme « modèle ». On connaît la suite de l’Histoire !
    Remplacer les « capitalistes » par une caste de bureaucrates (staliniens et/ou Chinois) et remplacer l’argent par les immenses privilèges en nature dont jouissaient et jouissent les dirigeants dans les pays du prétendu « socialisme réel » ne supprime en RIEN l’exploitation.
    Il me semble qu’il y a quelques années, Emmanuel Todd, dans « Après l’empire » avait diagnostiqué la « décomposition du système américain » .
    Aujourd’hui, force est de constater la pertinence de ce diagnostic.
    Alors que les dirigeants des USA et Européens s’acharnent à renflouer un système financier qui fait eau de toutes parts, l’Inde, la Chine, le Brésil, pour ne parler que des plus en pointe, développent leur appareil de production et étendent leur influence sur les marchés mondiaux. Ces pays qui sont déjà plus qu’émergents produisent aussi des diplômés du supérieur par millions alors que la « vieille Europe » ne trouve rien de plus intelligent que d’effectuer des coupes sombres dans les programmes d’éducation et de recherche au nom de la lutte contre les déficits . Les dirigeants Européens se « torturent » le « citron » pour éroder le « modèle social » sans que cela provoque trop de heurts.
    Le monde que nous avons connu depuis 1945, est progressivement en train de disparaître. Les rapports de forces entre les différentes puissances économiques sont d’ores et déjà bouleversés. C’est pourquoi toutes les contradictions du système capitaliste mondial se concentrent en Europe. Cette dernière, prise entre les États-Unis, qui la tiennent pour quantité négligeable, et les pays dits émergents, cette « vieille » Europe incapable d’unité sur quelque question importante que ce soit, est très mal en point.

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