vendredi 11 janvier 2013

Dogmatisme

Je dis depuis longtemps que le libéralisme économique et financier est une idéologie qui a colonisé la plupart des économistes et se trouve maintenant en situation d'hégémonie culturelle.

Le marché s'auto-régule spontanément, ce qui n'est exact que si l'on accepte que les grandes crises fassent partie du processus et le consommateur est un individu rationnel, ce que toute personne qui a vu des femmes devant des boutiques de chaussures ou de sacs à mains, ou de mecs devant un concessionnaire Ferrari ou de 4x4 pourra confirmer.

Depuis les années 80, la commission européenne est le repaire préféré de ces idéologues qui n'ont de cesse de vouloir tout privatiser  (le privé est plus performant que le public, on le voit d'ailleurs actuellement chez Virgin) et mettre en concurrence.

Les Echos, repris par Libération, annoncent que "Bruxelles présentera fin janvier une législation sur le transport ferroviaire.Point clef : l'ouverture à la concurrence sans restriction (« open access ») des lignes nationales de TGV dès 2019".

La SNCF, avec l'argent des contribuables, aura dépensé quelques milliards pour construire des voies ferrées propres aux TGV pour que, tranquillement, le privé puisse les utiliser pour faire un max de blé.

Les Echos rajoute: "Il s'agit là de la touche finale à un mouvement général de libéralisation engagé par les autorités communautaires depuis plus de dix ans. Le trafic fret l'est depuis 2006 en France. Mais pour les passagers et notamment le TGV, les choses se font plus lentement. Sur les longues distances, seules les liaisons internationales ont été sorties du monopole en décembre 2009. Mais cela ne représente que 10 % du trafic de voyageurs en Europe. Si bien que la SNCF n'a pas été trop menacée.
Il devrait en être autrement avec le trafic domestique. Seront concernées les lignes TGV les plus rentables pour l'opérateur public, comme le Paris-Lyon ou le Paris-Marseille. Nul doute que ce genre de trafic devrait attirer les concurrents. Et ce d'autant que les modalités prévues pour cette libéralisation sont propices à faciliter l'arrivée de nouveaux acteurs. Bruxelles prévoit que cette concurrence se fasse en « open access » : tout le marché est ouvert, et chacun vient sur la ligne qui l'intéresse quitte à délaisser les liaisons non rentables". Liaisons non-rentables généreusement laissées à la SNCF...

Et encore: "Mais le TGV n'est pas le seul concerné par la loi européenne. Pour les TER (transports express régionaux), les textes actuels prévoyaient déjà une libéralisation progressive d'ici à 2019, avec la possibilité pour les régions qui le souhaitent de ne pas en passer par un appel d'offres. Cette dernière disposition va toutefois sauter. Avec le quatrième paquet ferroviaire. Bruxelles veut que les régions fassent obligatoirement un appel d'offres pour tous leurs contrats de transport ferroviaire"...

Libération commente: "Les positions dogmatiques du commissaire européen, Siim Kallas, en faveur de l'ouverture totale du secteur, sont connues. TER, trains intercités, TGV... toutes les formes de transport ferroviaire sont dans le collimateur. Et jusqu'aux schémas d'organisation des entreprises ferroviaires. La Commission milite ainsi pour une séparation radicale entre l'exploitation des trains, assurée en France par la SNCF, et la gestion de l'infrastructure, entre les mains aujourd'hui de RFF (Réseau ferré de France), le propriétaire du réseau".

Nous avons intérêt à suivre de très près ce que fera le gouvernement Hollande face à ces nouveaux ukases.
  • "Courbit auditionné : où en est-on dans l'affaire Bettencourt ?", NouvelObs.
  • "La France championne du soutien scolaire privé", Libération.
  • "Le grand stade de l'OL coulé par la justice administrative?", LibéLyon. Une belle gifle pour G. Collomb. "Les parcelles concernées avaient été vendues 40 euros le m2, à la Foncière du Montout. Une paille par rapport au prix du mètre carré constructible qui peut grimper jusqu'à 300 euros".
  • "Ce que la société doit attendre des plus riches", par  
  • "Restructurations : un dialogue social inexistant", Alternatives Economiques.
  • Le dossier de Chronos: "Le périurbain, ou comment inventer la ville à la campagne". *****
  • "Comment Goldman Sachs joue avec la loi sur le "prop trading"", Le Monde. ****
  • "La planète en 2030 vue par les services de renseignement américains", Passeur de sciences. ****

11 commentaires:

  1. TGV, roi des étés ! C'est ainsi qu'on assiste à cette aberration de devoir passer par Paris et Lyon pour aller de Nantes à Montpellier.

    Il existe un trajet bien plus court par La Rochelle et Bordeaux, mais le tronçon La Roche sur Yon-Saintes n'est pas électrifié... Avec les vagues de libéralisation (pour qui ?), le raccordement n'est pas près de voir le jour. Pourtant, le chemin de fer est certainement, avec la batellerie, le moyen de transport le moins polluant.

    Alors, on développe les autoroutes. Hélas, le "consommateur" ne joue plus le jeu, ne change plus sa grosse berline tous les deux ans, et conserve plus de cinq ans sa petite citadine même pour de longs trajets. La famille Peugeot doit crier sa rage ! D'où les fermetures des usines qu'il ne faudrait pas fermer, alors que ce sont les grosses Diesel qui se vendent moins.

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  2. Quand on voit à quel niveau d'aberration se situe la mauvaise, l'effroyable gestion de l'Etat, des Collectivités territoriales, et de l'ensemble du secteur public, on ne peut que souhaiter que le privé y mette bon ordre, malgré quelques erreurs, aussi inévitables que les guerres.
    Et le taulier, parlant du dogmatisme des libéraux, oublie qu'il est un maître en la matière comme tous les idéologues irréalistes et collectivistes. Quand à Babelouest, comme un canard décapité, il continue à courir et discourir !

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    1. Le privé.... quelle catastrophe ! Pour une raison bien simple : les actionnaires veulent que cela rapporte... à eux. Cela ne peut se faire qu'au détriment de la rémunération des seules personnes utiles : celles qui font le travail ; et aussi au détriment des investissements pour l'entretien et l'amélioration des services.

      L'actionnaire n'est qu'un parasite. Quant à l'État-actionnaire (majoritaire ou minoritaire), c'est simplement une aberration concoctée par ceux qui sont actionnaires privés de ce genre de structures où l'État, donc le public, n'est plus propriétaire et maître d'œuvre unique de la totalité du service considéré.

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    2. La SNCF... quelle catastrophe ! Pour une raison bien simple : les cheminots veulent gérer eux-même la boutique sans tenir aucun compte des réalités économiques, pensant que le train a été fait pour eux et non pour les passagers. Cela ne peut se faire qu'au détriment de la qualité de service, et la SNCF est devenue un gouffre à subventions, qui coûte un max aux régions chargées de financer les TER et RER. Ne parlons même pas du scandale qu'est le régime de retraite des cheminots, de leur couverture maladie et on en passe. Là aussi on frise le parasitisme.

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    3. Qu'on puisse et doive améliorer le fonctionnement de la SNCF, c'est certain.
      Mais n'oublions pas qu'elle a l'obligation de maintenir des lignes non-rentables, charge dont le prvé sera exempté.

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    4. Oui, bah, si le déficit chronique de la SNCF n'était dû qu'à ses pertes d'exploitations sur quelques lignes non rentables, je serais un contribuable heureux d'apporter ma petite pierre à ce ballast. Mais la réalité semble nettement moins jolie.

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  3. "La SNCF, avec l'argent des contribuables, aura dépensé quelques milliards pour construire des voies ferrées propres aux TGV pour que, tranquillement, le privé puisse les utiliser pour faire un max de blé."

    Comme vous le remarquez, ce n'est pas la SNCF qui a payé, mais le contribuable, et la SNCF n'est donc pas propriétaire des voies, c'est l'Etat par le biais de RFF. Il y a même un scandale plus grand encore : les routes sont construites sur fonds publics et des voitures de sociétés tout ce qu'il y a de privées les empruntent chaque jour, parfois même des camions entiers. Ce libéralisme déchaîné est une honte !

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    1. Ne vous inquiétez pas, la Commission entend bien rétablir le péage sur toutes les routes.

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  4. Moi je préfère les belles pompes, une Ferrari ça tombe en panne

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  5. La crise est celle du libéralisme disent certains « radicaux » de la gauche traditionnelle.
    Crise du « libéralisme », c’est-à-dire d’un capitalisme dérégulé ?
    Pour s’en affranchir qu’il suffirait de revenir au capitalisme de « grand papa » pour retrouver un mode de fonctionnement digne des 30 glorieuses ? Que nenni !
    Ce que nous avons à faire n’est pas une crise financière mais une crise profonde et durable du capitalisme. C'est-à-dire d’un mode de production qui ne parvient plus à réaliser l’accumulation et la rotation du capital.
    Il ne s’agit pas d’un accident dû à une mauvaise politique des grands de ce monde mais, d’une tendance lourde. Le système basé sur l’accumulation du capital ne peut perdurer. La « financiarisation » de l’économie mis en œuvre à la fin des années 70 a pris le relais.
    Tous les « nigauds » qui ont centré leur critique depuis vingt ans sur la critique du libéralisme et qui ont défendu en contrepoint un keynésianisme repeint en rose se retrouvent le bec dans l’eau. Le « libéralisme », c’est fini et à tous égards. Les États font du déficit sans retenue (cf les finances publiques dans notre pays).
    La construction européenne s’est faite, sous l’influence d’une forme particulière de libéralisme : La « concurrence libre et non faussée » qui a été étendue aux relations entre les Etats membres.
    Mais, la libre concurrence est si peu naturelle qu’il a fallu toute une bureaucratie qui contrôle les abus de position de dominante, les biais permettant de fausser la concurrence, une multiplication des procédures juridiques. Bref, rien de « naturel » !
    La concurrence est-elle efficace ? Ça dépend ! On peut dire que l’économie administrée généralisée est foncièrement inefficace pour des raisons qui, d’ailleurs, ne sont pas celles qu’avancent les prétendus « libéraux » politiques. Mais la concurrence « libre et non faussée » n’est pas pour autant synonyme d’efficacité.
    À l’intérieur d’un pays ou d’un groupe de pays aux conditions économiques et sociales proches (ce qui est très loin d’être le cas en U.E et pire ailleurs), elle pourrait être efficace, mais à condition que tous les acteurs disposent de moyens d’accès au marché à peu près égaux : un bon réseau routier, un réseau de transport en commun, un réseau électrique fiable et maillé, des télécommunications disponibles en tout point du territoire et bon marché, tous domaines dans lesquels il n’y a pas de concurrence réelle.
    De plus, il faudrait un système bancaire au service du public, et non aux mains des « traders »
    Compte tenu des énormes disparités économiques, sociales, il est facile de montrer que la concurrence totale au niveau international est destructrice : d’emplois, de ressources énergétiques, et des cultures.
    En économie comme en politique, le pluralisme est certes une bonne chose mais à condition de ne pas être soumis à la pression de la finance ou plus exactement de s’extraire de financiarisation de l’économie.

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  6. Intervention de l'armée française au Mali ... "La Franceafrique, c'est fini !"... Quel clown, ce Flamby !

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