vendredi 8 février 2013

Salles de shoot

J'avais déjà commis un post sur ce thème, en août 2010 sur mon ex-blog. J'y disais notamment: "Après un rapport de l'Inserm recommandant l'expérimentation des "salles de shoot"(Libération), Mme Bachelot avait émis l'idée d'expérimenter la chose, soutenu par les maires d'un certain nombre de grandes villes (Bordeaux, Marseille, Paris,Lille, Epinal, ...), le Président du Sénat (Reuters/Le Monde ) et les associations se préoccupant du sort des toxicomanes".
MM. Fillon & Sarkozy, au nom de la lutte contre la drogue, avaient alors désavoué Mme Bachelot..

En 2012, un médecin relançait la proposition (NouvelObs), arguant que: "Nous peinons à maîtriser l'épidémie d'Hépatite C qui frappe 60% des toxicomanes. Sans oublier les risques très élevés d'overdose. Le dispositif médico-social, formé de médecins, d'infirmières et de travailleurs sociaux, informent les usagers sur les limitations des dangers. Par ailleurs, ils proposent des dépistages et accompagnent l'individu dans l'ouverture de ses droits pour bénéficier de la couverture médicale universelle (CMU) s'il n'en possède pas. Elles intègrent des programmes de substitution ou de sevrage". Il est en effet inconcevable, pour espérer mener un toxico à un sevrage réussi, de ne pas l'accompagner un temps, de ne pas nouer des liens de confiance et, si possible, qu'il soit en bonne santé.

Le fait nouveau est l'ouverture, expérimentale, d'une de ces salles dans un arrondissement parisien. Immédiatement, droite et extrême-droite montent au créneau. Ce que sont les "salles de shoot" : "Le dispositif s'adresse à des usagers très précarisés, sans domicile fixe et qui consomment de la drogue dans des parkings, des caves, des squats, à proximité des gares... et prennent ainsi des risques énormes. Les salles de consommation leur permettent de le faire dans des conditions dignes et sécurisées, d'être reçus par des professionnels et ainsi d'engager un processus de réinsertion. A Vancouver (Canada), où une salle de ce type a été ouverte, on a constaté une hausse de 30% des demandes de sevrage. Bien sûr, ce cheminement peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs années", NouvelObs.

Les décodeurs relève et rectifie les propos de Christian Jacob, nouveau N. Morano de l'UMP par ses arrangements avec les faits, qui déclarait: "L'Etat va s'occuper d'organiser la consommation de stupéfiants. Et dans tous les pays, d'ailleurs, où ça a été réalisé, beaucoup de pays font marche arrière et partout, ça s'est traduit par une augmentation de la consommation. Ça a apporté parfois quelques solutions sur le plan sanitaire, mais il n'empêche qu'on a augmenté la consommation de stupéfiants. Est-ce que c'est vraiment le rôle du gouvernement ?"

Le blog rappelle que:
- "C'est en Suisse que la première salle de shoot a été légalement ouverte en 1986. Ont suivi : l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Espagne, l'Australie et le Canada", et, si l'Espagne a fermé un centre, c'est pour des raisons financières.
- "Il n’existe pas de preuve que la présence de CIS augmente ou diminue la consommation de drogues chez les usagers ou dans la communauté ou bien qu’elle augmente les rechutes chez les usagers de drogues en traitement".
- "Aux Pays-bas, où il existe 45 CIS dans 30 villes, "les données disponibles montrent un déclin du nombre d'utilisateurs d'opiacés depuis le début du siècle. Le vieillissement des usagers, ainsi que l'impopularité de ces drogues chez les consommateurs plus jeunes, peuvent expliquer cette tendance"".

 H.Guaino et V. Pecresse en rajoutent. Pour cette dernière, il s'agit "d'empoisonnement assisté".

Mais la palme revient sans conteste à G. Collard, (Libération), maintenant député FN: "On n’a qu'à répertorier tous les actes de délinquance auxquels on n’arrive pas à trouver de solution et puis on fait des salles de viol, des salles de crime, des salles de vol", assimilant les toxicomanes à des délinquants et des criminels, alors que ce sont, avant tout, des malades.

Sur un tout autre sujet, en soutien à tous ceux qui se battent actuellement pour sauver leurs emplois, "Ça peut plus durer", le rap des ouvriers de PSA d'Aulnay sous Bois.

Et attention, on sent une grosse colère qui monte, monte...
  • Un récapitulatif des publications 2010, 2011 et 2012 de l'excellent Chronos. *****
  • "Banques : «Les créanciers prennent les profits, ils doivent prendre les pertes»", Libération.
  • "Un plan antipollution «indigent et incantatoire»", Libération. "La pollution atmosphérique aux particules fines fait 42 000 morts par an"
  • "En Tunisie, "il y a eu un repli sur un discours identitaire et populiste"", Le Monde.
  • Enfin ? "L'"empowerment", nouvel horizon de la politique de la ville", Le Monde. Voir aussi: "A Grenoble, bâtir un contre-pouvoir pour se faire entendre", Au centre, la banlieue.

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