mardi 2 avril 2013

Souvenirs...

Je viens de retomber sur un post de mon ancien blog, daté de Mai 2009, à la veille d'élections européennes, où je m'adressais à d'ex-camarades socialistes. 
Si je devais le réécrire, hormis détails conjoncturels, je n'en changerais pas un mot.

Nous avons tous dans l'oreille des mélodies et des paroles de Carmen. Ce magnifique opéra qui a connu une seconde jeunesse depuis le milieu des années 80 et dont la morale peut, sommairement, s'exprimer en quelques mots: "On sait que tout ça finira mal, mais on ne peut s'empêcher d'y aller". Je m'étonne d'ailleurs qu'il n'ait pas été pris en exemple par R.V. Joule et J.L. Beauvois dans leur ouvrage "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" (1987-2002, Presses Universitaires de Grenoble), dont je recommande la lecture à tous (les honnêtes gens).
 
C'est irrésistiblement à Carmen que me font penser mes ex-camarades socialistes, militants, enfin ceux du moins avec lesquels je discute encore de ces élections européennes.

Ils ressortent, en l'actualisant légèrement depuis des années, la même antienne: il nous faut être majoritaires pour une Europe "plus sociale" et ces propos me rappellent que, quand les socialistes européens étaient majoritaires tant dans la commission qu'au Parlement, ils n'ont guère infléchi la politique européenne sinon à la marge, avançant d'un bon pas vers la simple zone de libre-échange qu'elle est devenue, interdisant toute taxation des capitaux entrants ou sortants, jetant les bases de la mise en concurrence d'une bonne partie de nos services publics.

Ils savent que le Traité constitutionnel a été rejeté par 55% des français, pourtant, une majorité des députés et sénateurs socialistes ont voté sa resucée sarkozienne "simplifiée". Ils savent que cette escroquerie démocratique rend impossible l'Europe "sociale", et que "perseverare diabolicum". Pourtant, ils persistent à nous la proposer.
Ils savent pourtant qu'avec une Europe à 25, en marche pour 2015 vers le grand marché transatlantique, la mutation sociale de l'Europe n'est ni pour demain, ni même pour longtemps après... Et pourtant ils continuent, avec une constance presque touchante, vers l'Europe de la mondialisation sauvage.

Pourtant, le PS a innové cette fois, avec la déclaration commune du PSE en 7 points à réaliser en 100 jours, réunissant tous les partis socialistes européens, et censée donner plus de crédibilité à leur propos du jour. Hélas, on sait que socialistes anglais, portugais et espagnols sont bien décidés à re-désigner l'ultra-libéral Manuel Barroso à la tête de la Commission Européenne et qu'ils n'envisagent, malgré le piteux état dans lequel les mécanismes libéraux ont mis leurs pays respectifs, aucune alternative au "plus de la même chose" libéral et libre-échangiste. Cela relativise fortement l'évènement...
Ils le savent pourtant les socialistes français que le New Labour anglais est au socialisme ce qu'une piquette est à un St Estèphe premier cru. Ils savent qu'il n'y a aucune chance que cette déclaration ait le début de commencement d'une réalisation, même si le PSE est majoritaire, et que tout ça finira mal. Pourtant ils continuent et se félicitent même, pour les niçois, d'avoir un parachuté guériniste pour tête de liste.

Ils savent ces militants de base que, comme le montre Marianne : “Dans 97% des cas en 2008, le PSE (parti socialiste européen, au sein duquel siègent les socialistes français) et le PPE (parti populaire européen, dont l’UMP) ont voté dans le même sens les textes qui leur étaient soumis au parlement européen. Soit 10 votes différents seulement sur un total de 535″. Ils le savent pourtant et savent que tout cela finira très mal, mais que voulez-vous, la force des schémas mentaux est prodigieuse. 

Si Hadopi n'était pas passé, j'aurais téléchargé illégalement Carmen pour le leur offrir car mes amis restés socialistes sont tellement nombreux que je n'ai pas les moyens de leur acheter, à tous, le CD. En attendant, je leur dédie  l'extrait suivant de Carmen: "L'amour est un oiseau rebelle, que nul ne peut apprivoiser (...) Et si je t'aime, prends garde à toi!", par Maria Ewing. En le chantant, je leur suggère de remplacer "L'amour" par "L'Europe".
 


Bonne journée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire