vendredi 25 mars 2011

Coup de blues (suite)

Je pense que nous avons tous sous-estimé la crise démocratique, crise froide, longue, crise de la représentation et crise de l'action politique, laissant s'installer et perdurer des moeurs détestables.
Un sondage Sofres du 21/03 indique que près de la moitié de la population se moque des Cantonales, que 28% voteront pour manifester leur "mécontentement à l'égard des partis politiques", que 80% des électeurs FN voteront ainsi pour "exprimer leur mécontentement à l'égard de la situation actuelle".  Pour un autre (Ipsos), ce sont les jeunes, les salariés du privé, les urbains et les modestes qui ont le moins voté et les électeurs, en 2007 de N. Sarkozy et de S. Royal ont un pourcentage d'abstentionnistes équivalents. Il est donc faux de dire que les électeurs de droite se sont davantage abstenus que ceux de gauche. Les recordmen de l'abstention se situent à l'extrême-gauche et dans la sensibilité écologiste. C'est dire l'étendue du malaise, d'autant plus une fois les résultats obtenus.
Comme aux USA où, malgré le sursaut Obama, plus de la moitié des électeurs potentiels ne votent pas, phénomène qui a gagné l'Angleterre, la France et qui s'étend, nous avons laissé s'installer une caste de professionnels de la politique qui nous offrent le spectacle du mercredi après-midi à la télévision et dont la principale préoccupation semble d'être réélus.

Je les ai vu étouffer de nombreuses bonnes idées, comme celle d'une démocratie locale participative, où les rares structures existant sont très vite devenue des chambres d'enregistrement, d'encadrement et de propagande.
Est-ce à dire qu'ils sont tous pourris ? Non, mais la confiance de la population par rapport à leur représentation politique atteint un niveau critique.

- d'une part parce qu'il existe, heureusement, un certain nombre d'élus honnêtes, dévoués aux populations qu'ils représentent, mettant des coups de pieds dans les fourmilières, refusant les mandats à vie (ou presque), les cumuls, limitant les clientélismes, ...
- d'autre part parce que c'est le système, intégrant les médias dans un Spectacle lénifiant dont les règles généralisent des comportements qui autrement resteraient  vraisemblablement largement minoritaires. Système qui pousse à l'abstention et aux votes protestataires, d'autant plus en période de crise et de régression économique et sociale.

Y-a-t-il des solutions à cette situation ? Certes, il y a la limitation des mandats à un seul, et à deux dans le temps, la multiplication de débats publics contradictoires, y compris en profitant des commodités que procure le Net, la limitation du coût des campagnes électorales, mais je ne pense pas que cela soit suffisant. 

Je crois que notre forme de démocratie représentative a atteint ses limites et qu'une réforme constitutionnelle profonde serait nécessaire et c'est, au delà des positions politiques tièdes et des capitulations idéologiques, dans ce cadre global  qu'il faut aussi comprendre la déception et la désertion des électeurs de la gauche traditionnelle.

Dans un continent où le poids électoral des plus de 65 ans s'accroît, au sein d'une crise économique qui va durer jusque dans les années 20, il serait temps de rajeunir tout ça.
  • Les plagiats de Frédéric Lefebvre, Slate
  • "En Syrie, des milliers de personnes enterrent les «martyrs» de Deraa", Libération. "Au moins 100 personnes auraint été tuées mercredi par la police à Deraa, ont indiqué jeudi des militants des droits de l'Homme et des témoins".
  • "La France, terrain de jeu d'évasion fiscale pour UBS ?", Eco 89.
  • "La poussée du FN intervient après deux ans et demi d’une crise économique qui a appris à la population française et à d’autres populations dans le monde que leur classe dirigeante était incompétente. Ou totalement indifférente à leur sort. Les plans de « relance » ont abouti à quelques résultats merveilleux (sic), compréhensibles par tous : la relance du CAC 40, la baisse des salaires, l’accélération des délocalisations et l’aggravation du chômage de masse…", E. Todd dans Marianne... "Une dévaluation est toujours défavorable à ceux qui ont beaucoup d’argent, mais favorable, après ajustement, à la compétitivité économique des secteurs qui reposent sur un travail réel, à l’industrie, aux nouvelles technologies".

10 commentaires:

  1. Pourquoi les vieux, électeurs comme élus, laisseraient ils le pouvoir au profit des jeunes ? Beaucoup trop dangereux !
    (ils seraient bien capable d'être réformistes, ouverts, non-idéologues, voire innovants...les jeunes !)

    Non ! Si on veut que ça change, il faut refuser de soigner les pépés et les mémés. Laissez les crever, b*rdel !

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  2. Une ancienne étude d'Amnesty International indiquait qu'il y avait corrélation entre la maturité d'une démocratie et son niveau d'abstention. La pêche à la ligne n'est pas toujours signe de malaise.

    La démocratie participative, en théorie c'est magnifique, mais en pratique c'est l'assurance d'un rapport signal/bruit minimal.

    La crise économique va durer seulement jusqu'aux années 20 ? C'est presque une bonne nouvelle. Je suis en train de terminer "Le scandale des délocalisations" d'Eric Laurent, lui n'est pas aussi optimiste sur le déclin de l'Occident en général et de l'Europe en particulier. Lecture recommandée.

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  3. Est-ce que cette corrélation est due à une dégénérescence démocratique ? Ou à une fatalité tombant je ne sais d'où ? Ou au fait que les gens sont trop heureux ?

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  4. [« « « Je pense que nous avons tous sous-estimé la crise démocratique » »]
    Le ‘’tous’’ est de trop ! ‘’Beaucoup’’ serait plus approprié.
    Je reprends mon bref « comment » d’hier : Comment relancer l’économie capitaliste ?
    La crise actuelle a pour cause la surproduction du capital. Pour qu’il y ait une politique de relance efficace, il faut passer par une destruction massive du capital devenu de la « mauvaise graisse ».
    La réduction de la « mauvaise graisse » passe d’abord par une destruction de la richesse sociale : fermeture d’usines, chômage massif, destruction de marchandises obsolètes.

    Des remèdes sont avancés:
    Ceux qui considèrent que la crise a pour cause l’excès de plus-value dans le partage entre plus-value et salaire. Donc si on augmente le pouvoir d’achat, si on redistribue les richesses, on pourra voir redémarrer la machine économique. C’est le « gagnez plus pour consommer plus » permettant de faire redémarrer la production. Hélas la sous-consommation actuelle n’est pas la cause de la crise de surproduction.
    Les écologistes et les partisans du « développement durable » ont tentés de mettre en avant, pour relancer l’économie, le « capitalisme vert » fondé sur les énergies renouvelables, le renouvellement du parc immobilier, la construction de bâtiments BBC, et de nouveaux moyens de transport. Bémol, Copenhague est passé par là ! Les écologistes ont été priés de ranger leurs dossiers.
    Reste que toutes les contradictions du système capitaliste se concentrent en Europe .Nous ne sommes pas prêt de voir le bout du tunnel. Je ne vois pas ce qui permet de prédire 2020 sauf à lire dans le marc de café
    Les populations de l’UE resteront –elles sans « réagir » ?

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  5. Ça me paraît assez logique : plus les gens ont la possibilité de voter, moins ils en ont envie. Et réciproquement. On désire toujours ce qu'on n'a pas, et sans doute qu'on idéalise une démocratie tant qu'on ne baigne pas dedans. Dans les ex-pays de l'est, ils ont des taux d'abstention beaucoup plus faibles, mais ça ne durera pas.

    Ceci étant, je ne suis pas pour l'obligation de voter avec sanction à la clef comme en Belgique. Voter est un droit, pas un devoir comme on l'ânonne trop souvent. J'ai longtemps boycotté l'élection présidentielle, étant en désaccord avec la nature même de ce scrutin plébiscitant un monarque (mon premier vote a été pour Chirac en 2002, dans le contexte qu'on sait).

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  6. Ce n'est qu'une hypothèse, pas forcément plus fondée que la mienne.

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  7. Simplifions : le vote devrait être obligatoire et le vote blanc reconnu comme signifiant.

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  8. Je serais partisan d'y rajouter la possibilité d'un "Refus de vote".

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  9. Ce n'est pas mon hypothèse, mais en gros ce que concluait AI à l'époque. Ça date tout de même de près de 20 ans, donc à relativiser.

    Le vote blanc signifie qu'on ne choisit pas entre les candidats, mais qu'on cautionne le scrutin. Il ne resterait plus que le nul pour marquer son refus de participer, ce qui ne serait même plus possible avec le vote électronique. Dans un bureau de mon bled, il y a comme ça quelqu'un - toujours la même écriture - qui nous met à chaque élection un long texte vengeur dans l'enveloppe, apparemment pour dire ce qu'il pense des candidats et de la politique en général. Dommage, le dépouillement ne nous laisse pas le temps de lire sa prose en détails et on n'a pas le droit de garder son bulletin. Mais ça a l'air gratiné.

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  10. Il ne resterait plus que le nul pour marquer son refus de participer, ce qui ne serait même plus possible avec le vote électronique.

    Belle et pertinente remarque!
    D'où il ressort qu'il faut absolument s'opposer à l'instauration du vote électronique, ce popurquoi je me suis déjà exprimé à plusieurs reprises sur mon propre bloc-notes.

    Bien cordialement à vous tous.

    jf.

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