mardi 24 mai 2011

Espagne, encore...

Lorsqu'on se souvient des réactions des médias aux évènements de Tunisie ou d'Egypte, nous tenant informé, heures après heures des déroulements, leur discrétion actuelle étonne. Pas une "Une", quelques discrets articles décrivant très rapidement les manifestations, sans jamais la moindre analyse des faits ni des conséquences.
Lorsqu'on a en mémoire les réactions enflammées des ténors de la gauche face aux "Révolutions de jasmin", au "réveil des peuples arabes", leur silence assourdissant, notamment celui du PS,  sidère. 
Là encore, la sphère politico-médiatique se montre efficace...
Certes, aucun de ces jeunes ne s'est immolé par le feu. Certes, ils ne jettent pas de cocktails Molotov ni ne se battent entre eux. Mais aucun des partis politiques traditionnels ne soutient ce mouvement... Heureusement, la réaction des autorités espagnoles a été intelligente, n'évacuant pas les manifestants de Madrid. Mais quand même..!

Des occupations significatives des places de plus de 60 villes, quasi-spontanément ? Une coordination créée à la va-vite ? Des jeunes prenant au mot  le slogan de S. Hessel "Indignez-vous"  et se l'approprient, en réclamant une "réforme du cadre démocratique" ? Une mobilisation qui privilégie l'électronique et donne un sacré coup de vieux aux sempiternels défilés passablement moisis contre les retraites ou du 1er mai? Une auto-organisation exemplaire des occupations de places, pour l'instant dans la bonne humeur et la non-violence..? Et dans un pays européen, un de nos voisins directs..? N'y aurait-il pas là matière à réagir, vite et fort et à s'interroger sur ce qui se passe  dans un pays où les socialistes sont au pouvoir depuis 2004 ? Zapatero aussi calamiteux que Blair ? Déclin annoncé des parti socio-démocrates ? Besoin de forces politiques neuves ?

Comme le dit le NouvelObs, ces jeunes "protestent contre un système global qui ne les représentent plus".

Non, vraiment, je ne comprends pas un tel silence, une telle discrétion, surtout de la part de ceux qui candidatent au pouvoir en 2012. A moins que...
  • "Les intellectuels faussaires", Monde en question.
  • "Espagne, la fête est finie", Blog de P. Jorion. Sur le même thème, Ruminances et "Quel a été l’impact du mouvement du 15-Mai sur les élections espagnoles ?", Big Browser.
  • "Il y a un désir mimétique du printemps arabe chez les jeunes européens", Libération.
  • "Des magasins pour retrouver le goût des fruits et des légumes de saison", Le Monde et "Les consommateurs se mettent à l'heure "locale"", Le Monde.
  • "Faut-il légaliser la corruption ?", Le Monde. "...une prostituée a une probabilité plus élevée de devoir fournir des services sexuels gratuits à la police que d'être arrêtée".
  • Repéré chez Olivier: "Boire vieux protège de la démence", Les Inrocks. Avec les copains, on ne risque donc pas grand chose...

26 commentaires:

  1. Ah là là jef, c'est vraiment une maladie congénitale de vieux soixaante huitard, de vouloir faire dire aux choses, où leur donner une signification qu'elle n'ont pas !
    Toujours à la recgerche du vieux rêve (modèle?) autogestionnaire...
    Pourtant tout le monde sait que les "révolutions" des pays arabes ne sont que des règlements de comptes entre classe dirigeante permettant d'écarter les vieux dictateurs gênant!
    L'armée a pris le pouvoirs, le peuple ne servant que de masse de manoeuvre....et rien ne change!
    En cotes d'ivoire....les affaires, une fois la démocratie rétablie vont pouvoir reprendre, l'armée française reste....et tout rentre dans l'ordre.....
    En lybie, vivement que Khadafi soit dégagé, Bouyges et consort attend....et l'armée francaise , là est déjà sur place au nom de la démocratie....
    En espagne, une révolte spontanée? une révolte peut être....un coup de colère! Qui est derrière cela?
    Le peuple vient de choisir la droite, en france on va choisir la gauche....l'alternance
    Libéralisme encadré, sociale démocratie libérale....en france, en espagne, en europe, c'est sur qu'il faut du temps pour que les peuples comprennent qu'autres choses n'est qu'utopie!
    Antoine N

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  2. C'est clair....!
    (pas la peine de fantasmer à la DSK : le niveau de reflexion politique est nul en Espagne comme ailleurs. Personne ne croit à ces explications où le lyrisme le dispute au pompeux ! On s'agite pour se prouver qu'on pense ...)

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  3. Après Hessel et "Indignez-vous", les commentateurs du jour et "Résignez-vous"...

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  4. Le "resignez vous" est la posture des media et des pseudo pragmatiques qui pronent le liberalisme. Penser que l'histoire va s'arreter avec la mondialisation liberale et financiere est d'une ignorance qui flirte avec la betise. Le concept de la fin de l'histoire a toujours ete vehiculee par les forces conservatistes pour que rien ne change.
    Avec ce type d'idees on vivrait encore dans des cavernes. Comme le disait Rousseau "la force a fait les premiers esclaves, leur lachete les a perpetues.

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  5. Paraphrasant Antoine N, je dirais:"Ah là là Antoine, c'est vraiment une maladie congénitale de vieux réacs, de vouloir faire dire aux choses, où leur donner une signification qu'elle n'ont pas !", rajoutant " de privilégier toujours une vision policière des choses".

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  6. Entre "Indignez-vous" (qui n'est qu'un slogan idiot) et "Résignez-vous" (qui est encore plus idiot), on pourrait travailler sur "REFORMEZ VOUS !", ce qui permettrait d'éviter les idées aussi connes que toutes faites ...
    PS merci de remettre cet abruti de Rousseau dans sa naphtaline : il pue, le faux cul!

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  7. Inversement, le "indignez-vous" devient une posture d'intellectuels de salon qui n'ont jamais fichu les pieds dans une entreprise et pensent qu'on peut recourir éternellement au crédit pour financer les acquis sociaux d'un autre âge (un âge où piller les matières premières ne coûtait rien, où l'on pouvait polluer toutes vannes ouvertes et où seul l'occident maîtrisait la technologie). Le monde a changé depuis 1945 et le CNR. Le fait que ce texte ait été écrit par un homme de 93 ans devrait pourtant les inviter à se poser quelques questions.
    Les indignés, c'est bien de vous persuader que vous êtes les seuls à réfléchir et que vos contradicteurs sont tous des abrutis ultralibéraux, mais faudrait songer à passer au "réveillez-vous !"

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  8. Bertrand, gaffe !

    "Réveillez vous !" ....On va avoir les Témoins de Jehovah sur le dos.
    (Pourtant, c'est bien le terme qui convient)

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  9. Les bouffoneries révolutionnaires n'ont amené que du sang, et encore plus de misère pour les plus pauvres....Et on a vu ce qu'il en est advenu de l'autre coté du rideaux de fer!
    Seul la sociale démocratie, où le gaullisme social àa permis tranquillement aux peuples de progresser, et c'est toujours le cas! La sociale démocratie est loin d'être en déclin!
    Depuis que les utopies révolutionnaires ont disparues l'amérique du sud décolle. En europe la sociale démocratie est au pouvoir partout, quelle que soit sa variante....de droite où de gauche!!!
    Un vieux réactionnaire de gauche

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  10. Indignez vous : le nouveau petit livre rouge des ex-soixantes huitards....
    Le CNR, mai 68,le grand soir, l'autogestion,etc etc....ça sent la naphtaline tout ça!!!!
    Preneez la retraite, j'ai fait grève pour celà....

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  11. @JC
    Les Témoins de Jéhovah, c'est plutôt "toc-toc, réveillez-vous !"
    Ça me rappelle cette merveilleuse tautologie exposée - avec conviction - par l'un d'eux : "la preuve que Dieu existe, c'est qu'Il nous a donné la Bible". Imparable.

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  12. Finalement, vous avez certainement raison, laissons faire, contentons-nous d'attendre 2012 et voter F. Hollande...
    Il est vraisemblable que nous nous réveillerons ensuite avec un gros mal au cul.

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  13. Monsieur Dugenou esq,
    Vous ne vous en souvenez plus ... mais c'est là où votre famille vous a placé !
    Bienvenue à la Maison de retraite "Les Charmilles Sorbonnardes"

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  14. Heureux de vous y cotoyer cher JC

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  15. AFP / "
    "Le best-seller de Stéphane Hessel "Indignez-vous !" va être publié en Chine au mois de juin, accompagné de plusieurs textes, a indiqué aujourd'hui Indigène, l'éditeur français du livre de l'ancien diplomate"

    P'tain, ça donne une indication sur le côté révolutionnaire du texte de ce vieux couillon !

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  16. Là, je vous rejoins. C'est effectivement préoccupant.

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  17. @Jef
    « « (…) dans un pays où les socialistes sont au pouvoir depuis 2004 » »
    Sans blague , des socialistes au pouvoir ?
    P…. personne ne m’avait prévenu de ça. Les médias ne font pas leur boulot !

    Ah que dame Martine du ch’nord est pathétique lorsqu’elle soutient dame Lagarde, la Grande Argentière du « petit Roi ». Le charme discret de la sociale démocratie !
    Martine du ch’nord a déclaré : « Si l'Europe peut avoir ce poste et si une Française peut l'obtenir, je crois que cela serait une très bonne chose pour notre pays et pour l'Europe. » Solidarité féminine probablement !
    Après le vote de dimanche en Espagne, on ne peut pas dire que cela profite à des courants plus à gauche que la sociale démocratie.
    Les votes tel « l’essuie glace » (un coup PS un coup P. Populaire) généralement s’arrête, après 4 « va et vient », très à droite .
    Il y a de quoi s’inquiéter …
    L'indignation c'est bien mais, proposer des solutions c'est mieux!

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  18. Tiens, pour une fois, je vais être d'accord avec Bruno : l'Espagne manifeste au son d'"indignez-vous" et en même temps elle vote assez massivement à droite, n'en déplaise à ceux qui veulent y voir une révolution antilibérale.
    La politologie est une science encore très expérimentale.

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  19. Ce n'est pas tant que l'Espagne a voté à droite que les électeurs de gauche qui ne se sont pas déplacés ou ont voté pour des petits partis, déçus par la politique zapatériste.

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  20. Si ça te fait plaisir...

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  21. ha la la jef, quelle obstination dans la mauvaise foi!
    jules

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  22. Un de nous deux est certainement de mauvaise foi. Mais vu les résultats calamiteux de Zapatéro, je ne crois pas que ce soit moi...

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  23. je vais peut être vous faire « bondir » mais , je trouve que dans les « sitting » en Espagne, il y a un côté « Woodstock » (ce n’est pas péjoratif sous ma plume ).
    Reste à savoir comment relayer le mouvement de protestation par l’ensemble des salariés , chômeurs ,précaires etc … et définir clairement où se trouve les obstacles
    Pas certain qu’il se situe tous place « Puerta del sol » mais peut être au nord de Madrid.
    Les responsables du PSOE ont été les bons serviteurs des politiques de l’U.E. Comme le seront les dirigeants du Parti Populaire Espagnol
    Nonobstant les particularités espagnoles :« bulle immobilière » , travail au « noir » qui plombe la redistribution
    Je pense que JL Mélenchon prend ses désirs pour des réalités lorsqu’il écrit (in blog) : « (…) contenu démocratique assumé montre que la révolution citoyenne a déjà commencé »
    L’Espagne (qui a réalisé, depuis la mort de franco, nombre de tâches démocratiques) n’est pas la Tunisie ni l’Egypte
    Il faut excuser JLM, il est orphelin depuis que, DSK a fait don de son patrimoine génétique à la multinationale « Accor » !
    Affaire à suivre …

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  24. @Jef,

    c'est vrai que l'on atteint là des sommets de l'analyse politique. Tu as gagné ton diplôme de "politologue" et tu gagnes le droit d'être invité par Tadeï à ce soir ou jamais !

    Monsieur Dugenou, ramasseur de champignons en Corrèze

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  25. Erreur votre Honneur.
    Le journal le Monde paru lundi après-midi à Paris consacre son EDITORIAL de UNE à la question:

    Editorial
    En Espagne, la leçon de " los indignados "
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    N e nous trahis pas ! ", avait lancé à José Luis Rodriguez Zapatero, dans la nuit du 14 mars 2004, une foule de jeunes électeurs qui avaient voté socialiste. Sept ans plus tard, alors que le président du gouvernement espagnol a subi, le 22 mai, une déroute aux élections locales, le constat est amer. Ces jeunes Espagnols, dont le vote a été essentiel à sa victoire d'alors, sont les frères aînés de ceux qui campent aujourd'hui sur les places des villes espagnoles au cri - adressé à tous les politiques - de : " Vous ne nous représentez pas ! "

    Depuis une semaine, un mouvement de mobilisation né sur Internet, puis relayé par les médias traditionnels, a fait converger dans les rues d'Espagne des milliers de personnes aux conditions et aux motivations hétéroclites. De jeunes diplômés sans emploi y côtoient des salariés précaires ; des familles surendettées par leur emprunt immobilier croisent des fonctionnaires ; les quinquagénaires et les retraités ont rejoint leurs cadets.

    La majorité a plutôt le coeur à gauche, sans être altermondialiste, mais on rencontre aussi des électeurs plus conservateurs. Un même sentiment les réunit : celui de ne pas être entendus par les responsables politiques, d'être tenus à l'écart d'un système devenu sourd et aveugle aux préoccupations des citoyens " de la rue ".

    Il n'est pas anodin que ce mouvement de révolte touche un pays où la crise a fait bondir le chômage de 8 % à plus de 20 % de la population active et privé les jeunes diplômés des petits boulots qui leur permettaient de tenir. Pourtant, il faut écouter les revendications des " indignados " - " les indignés ", par référence au livre de Stéphane Hessel, publié en mars en Espagne et dont des centaines de milliers d'exemplaires ont été vendus. Elles sont avant tout politiques et, à ce titre, pourraient trouver un écho dans d'autres pays européens.

    Elles mettent en accusation un système qui confie leur représentation à un duopole composé des socialistes du PSOE et des conservateurs du Parti populaire, agrémenté, localement, de partis nationalistes régionaux bien établis. Un système qui choisit arbitrairement les aspirations populaires qui lui agréent et celles qu'il passera sous silence. Un système qui permet aux cohortes d'élus mis en examen pour corruption dans des scandales immobiliers de se représenter aux élections.

    Les critiques qui, ailleurs en Europe, trouvent un débouché politique dans des mouvements d'extrême droite populistes accouchent, à Madrid, Barcelone ou Séville, de propositions aux allures de mémoires d'étudiants en sciences politiques : réforme de la loi électorale, du Sénat, critique du bipartisme. Corriger, grâce à Internet, le système sans passer par les politiques et leurs organisations - fussent-ils anti-système et protestataires -, tel est le pari de ce mouvement dans un pays peu coutumier des mobilisations de rue. C'est, peut-être, la leçon du " printemps arabe " à l'Europe : si le peuple parvient à changer le cours des choses dans une dictature, il doit lui être possible de le faire dans une démocratie.
    © Le Monde

    Bie cordialement,

    jf.

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