samedi 20 août 2011

"Lubies" et petites phrases

Beaucoup, dont moi-même, ont été choqués des propos de Laurence Vichnievsky dans une tribune de Libération, qualifiant de "lubie" le retour à la retraite à 60 ans.
En fait, la lecture de sa tribune me semble infiniment plus intéressante que cette réduction. Extrait: 

"La décroissance n’est pas un projet politique conçu par des écologistes radicaux, c’est la réalité des économies de l’Europe de l’Ouest dont le taux de croissance baisse régulièrement depuis cinquante ans : en France, ce taux a été de 5,91% dans les années 60, de 4,15% dans les années 70, de 2,29% dans les années 80, de 1,86% dans les années 90 et de 1,36% dans les années 2000 (source Insee).


Rien ne garantit qu’il doit rester positif. Le recours massif au crédit a permis de soutenir la demande durant la dernière période, mais la crise des subprimes en 2008 et celle des dettes souveraines depuis 2010 ont montré les limites d’une telle politique. Au-delà d’un certain seuil, le niveau d’endettement doit cesser de croître sous peine de provoquer la perte de confiance des prêteurs et l’implosion du système. De l’avis de tous les économistes, ce seuil est aujourd’hui atteint.
Mais si l’endettement est devenu le soutien obligé de l’activité, celle-ci devrait stagner, voire décliner, en cas de stabilisation de la dette. Peu importe que cette baisse d’activité soit appelée décroissance, selon le vocabulaire écologiste, ou récession, selon la formulation classique. Elle devrait entraîner, dans un premier temps, des pertes d’emplois et des moins-values fiscales"....

Elle conclut: "Les marges dont nous disposons résident dans le choix d’une fiscalité plus écologique et plus juste : plus écologique pour amorcer une transformation de nos modes de vie et de consommation, avec l’instauration d’une taxe carbone dissuasive, plus juste parce qu’il n’y a pas de démocratie sans une relative égalité entre les citoyens. Les revenus du capital et du travail doivent être taxés de manière égale et progressive. Les inégalités de fortune doivent être limitées par un impôt frappant l’ensemble du patrimoine, sans exonération, lui aussi progressif. La fraude doit être réduite;
Dans la crise que nous traversons, les efforts qui seront exigés pèseront plus lourdement sur les plus riches, mais ils n’épargneront personne. La transition vers la société écologique passe par l’apurement de la dette, qu’en tout état de cause nous ne pouvons pas léguer à nos enfants. L’urgence, aujourd’hui, est financière".

Alors, certes, je déplore le ton cavalier avec lequel, sans manifestement grandes concertations avec le parti dont elle est porte-parole, elle assimile à une "lubie" le retour à une retraite à 60 ans, mais j'estime qu'elle propose une analyse intéressante qui tranche avec les imprécateurs de "La croissance, la croissance!", une croissance qui ne semble pas prête à revenir de sitôt dans nos pays et à l'absence de laquelle il risque d'être nécessaire de nous habituer et de traduire politiquement.

L'actualité actuelle, sur les dettes souveraines, les difficultés des banques européennes, le déclassement des USA en raison de leur dette abyssale, la chute des Bourses, les résultats économiques des pays développés, ..., sont là pour nous le rappeler.
  • "Les Bourses européennes clôturent en baisse", Libération.
  • "Takieddine a reçu 7 millions de Total "avec l'appui de l'Elysée"", NouvelObs.
  • "Guérini bientôt mis en examen pour "association de malfaiteurs"", NouvelObs.
  • "En Syrie, 26 personnes ont été abattues dans un stade, les yeux bandés", Libération.
  • "Bris de Verts dans la campagne", Libération.
  • "Les doutes sur la liquidité des banques européennes plombent le marché", Le Monde. Tout ça malgré les stress tests bidons passé et repassés...
  • "Daniel Cohn-Bendit : "La parole de nos gouvernants est triple zéro"", Le Monde.

27 commentaires:

  1. Une démonstration de ce que l'on peut faire pour discréditer l'auteure, ensortant une phrase de son contexte, pour jouer sur l'emotionel!
    Il faudra bien un jour s'interroger sur les pratiques journalistiques, et le poids qu'elles prennent pour influencer l'opinion publiqe!
    ceci dit LV a le courage et la lucidité de dire clairement ce que de toute façon la gauche fera, c'est à dire qu'il n'y aura aucun retour en arrière sur les retraites. Et que le retour à 60 est un gadget symbolique qui ne concernera que très très peu de gens vu que le ps ne compte pas revenir sur les annuités!
    Quoi que l'on en pense de cette question, LV est honnête et sait l'escroquerie intellectuelle qui se prépare, comme tant d'autres d'ailleurs en matière sociale, et elle a le courage de le dire avant!
    De toute façon, il n'y a qu'a voir ce que fait le socialiste espagnol aujourd'hui même, et l'on comprendra ce feront les socialistes français demain, éventuellement!
    JP R (syndicaliste dans une grande entreprise)

    RépondreSupprimer
  2. La "société écologique" me rappelle les combats de la "société socialiste" du Front Populaire en 1936 ! Pendant que d'autres préparaient la guerre, les usines franchouillardes préparaient les grèves. Heureusement que les US nous ont sauvé de l'ogre...! Qui nous sauvera aujourd'hui ?

    La guerre économique fait rage dans le monde ? Et bien, nous, Français de génie, nous préparons la SOCIETE ECOLOGIQUE ! Il ne restera plus rien, plus d'emploi, mais les restes seront écologiques !

    Qu'est ce qu'on va se marrer, à glisser sur la planche savonneuse de la faillite économique, financière et sociale, dans quelques mois ...!!!
    (mais ce sera une faillite "écologique" : c'est ça qui est important)

    RépondreSupprimer
  3. Au delà de la "guerre économique", concept qui date de la fin des années 70, c'est le parasitisme de la finance qui est en cause dans la situation actuelle et qui mène notre pays à une désindustrialisation.
    Je vous rejoins par contre sur le côté un peu "langue de bois" du discours de LV.

    RépondreSupprimer
  4. IL y a tellement de « lubie » actuellement (remboursement de la dette à marche forcée) que une de plus ou une de moins …
    L. Vichnievsky c’est la « canada dry » : ça la couleur du PS ,ça ressemble à la ligne du PS
    Pourtant , c’est pas le PS .
    Dans toute interconnexion de système, il est nécessaire d’avoir une passerelle : c’est elle !
    S’appuyant sur la « croissance » qui est et restera atone quelques années, cela lui permet de justifier que : « revenir en arrière, n’est pas possible ».
    La déclaration de L. Vichnievsky va au-delà de la « simple » retraite mais vaut pour le financement de la sécurité sociale : tout ce qui est à base de « salaires différés ».
    Exit la « répartition » vive la « capitalisation » ?
    Exit l’assurance malade vive l’assurance privée ?
    Je ne reviens pas sur les divergences au sein des « Verts ». Ni sur les prises de positions, il y a encore quelques mois, de S. Royal sur le droit au départ à « 60 ans ».
    Reste les questions fondamentales non traitées dans ces déclarations :
    Comment continuer à financer la retraite par répartition ?
    Comment maintenir le départ à la retraite à 60 ans ?
    Comment sécuriser le parcours professionnel dans le secteur privé ?
    Pour les responsables politiques qui souhaitent faire parler d’eux, ces interrogations ne sont pas assez « accrocheuses».

    RépondreSupprimer
  5. "Comment continuer à financer la retraite par répartition ?
    Comment maintenir le départ à la retraite à 60 ans ?
    Comment sécuriser le parcours professionnel dans le secteur privé ? "

    Que voilà de bonnes et saines questions.

    RépondreSupprimer
  6. Bonnes et saines questions appellent toujours fallacieuses et mensongères réponses ...!

    RépondreSupprimer
  7. @JC
    « « (…) glisser sur la planche savonneuse de la faillite économique, financière et sociale, dans quelques mois » »
    Mais , vous avez oublié le contenant qui permet de glisser les pieds devant : le cercueil !

    Et le tout impuissant ! D’où le « je gémis sans pour pouvoir lutter !» (citation de la Comtesse)

    faut créer le "buzz" j'ai un peu forcé les mots !

    RépondreSupprimer
  8. Bruno croit vivre tout seul, la france vit toute seule, pas d'environnement économique, pas de concurence éxacerbée, pas d'interdépendance, sur le fond et l'objectif ce qu'il dit, pourquoi pas? sauf qu'un seul état ne peut le décider seul, et les autres ils n'ont vraiment pas l'air de vouloir aller dans la direction que préconise bruno! Alors....
    Justine

    RépondreSupprimer
  9. Ben didonc, DCB dit ce qu'il veut! Hulot boude! LV dit le contraire d'EJ! Et vous voulez être pris au sérieux? En core pire qu'au PS!
    Et vous voulez rassembler la gauche? Et le peuple Français?
    Rassemblez vous déjà entre vous, et ce sera une grande victoire!
    Bonjour à bruno.
    Slinn

    RépondreSupprimer
  10. Bruno ! Si vous en avez marre de vivre seul, je connais des tapées de jolies veuves -qui jouent au bridge par désoeuvrement- qui reprendraient volontiers du service ...

    RépondreSupprimer
  11. Slinn,
    Vous avez bien compris que le mouvement EE-LV était "brownien", d'abord !

    RépondreSupprimer
  12. Mais vous vivez dans quel monde ?
    A côté de celles qui existent au PCF, au PS, à l'Ump, chez les "centristes" et au FN, les divergences, tiraillements et divisions à EELV sont de la roupie de sansonnet.
    Regardez ce qui s'est passé il y a quelques mois au Congrès et vous comprendrez vite que quelques francs-tireurs complaisamment mis en avant par les médias n'ont pas grande importance.

    RépondreSupprimer
  13. Faites un effort, même si cela vous est difficile par cette chaleur. Discutez du contenu de la déclaration de LV qui, lui au moins, est en rupture d'avec la soupe des discours dominants.

    RépondreSupprimer
  14. Roupie de sansonnet ou pas, ils sont alors comme les autres, et puis si les divergences et les divisions n'ont aucun fondement idéologique et politique, alors c'est de l'ambition personnelle? Alos c'est encore pire!
    Slinn

    RépondreSupprimer
  15. Si on comprend bien, c'est parce qu'on ne fait pas d'efforts que l'on est à côté de la plaque et qu'on ne s'esbaudit pas aux idioties de Laurence et alliés...
    (putain ! on est un paquet à être à côté de la plaque, alors ! En 2012, nous étions 100%-1,57% soit plus de 98% d'électeurs : ça fait du monde !!!)

    RépondreSupprimer
  16. A Slinn: Une divergence a toujours un fondement idéologique, sinon, ce n'est qu'un désaccord.
    A JC: "Le recours massif au crédit a permis de soutenir la demande durant la dernière période, mais la crise des subprimes en 2008 et celle des dettes souveraines depuis 2010 ont montré les limites d’une telle politique. Au-delà d’un certain seuil, le niveau d’endettement doit cesser de croître sous peine de provoquer la perte de confiance des prêteurs et l’implosion du système. De l’avis de tous les économistes, ce seuil est aujourd’hui atteint".. Idioties ?

    RépondreSupprimer
  17. Jef, vous êtes un vrai politicard!
    Vous me répondez en jouant sur les mots, et les subtilités linguistiques, mais pas sur ce que je vous dis!
    Pardonnez moi, de ne pas avoir votre culture, bien que comme bruno, vous me l'ayez fait désagréablement remarque hier, mais voyez vous ,je ne suis qu'un modeste ouvrier avec un CAP qui essaie de ne plus se faire avoir par les beaux parleurs dont vous faites partie. Maintenant si cela vous dérange d'être contredis, ou si vous jugez que mes arguments ne sont pas à la hauteur de ce que vous souhaiteriez pour votre blog, je n'insisterais plus!
    Slinn

    RépondreSupprimer
  18. Slinn, je me moque totalement de ce que vous êtes, universitaire ou illétré, richissime ou pauvre, immigré ou "français de souche". J'ai des amis dans tous ces milieux et moi aussi j'essaie de ne plus me faire avoir...
    Il y aura toujours, dans un groupe, quelques individus qui ne joueront pas le jeu, d'autres qui auront des désaccords de fond, les seconds sont utiles au débat et il faut neutraliser les premiers.
    Je ne réponds qu'à ce que vous dites et reconnaissez que, le plus souvent sur ce blog, vous maniez plus souvent l'invective que l'argument.

    RépondreSupprimer
  19. Jef,
    Au nom de dieu miséricordieux ! En quoi l'invective est-elle inutile : elle est aussi nécessaire à l'expression que le raisonnement. On est pas des robots raisonneurs, merdre !

    Vas y Slinn, pas de langue de bois, on s'exprime comme on veut ...!

    RépondreSupprimer
  20. Vous maniez plus souvent l'invective que l'argument, dixit jef

    J'ai écrit " et voilà ce qu'il arrive lorsque l'on recherche uniquement des réponses dans les livres (la bible?), et non dans le vécu et l'expérience personnelle..."

    Et jef réponds :" si votre vécu et votre expérience personnelle sont à la hauteur de la pertinence de vos convictions, ils doivent être particulièrement pauvres"

    Au lecteur de juger ou se situe l'invective à la place de l'argument!!!
    Slinn

    RépondreSupprimer
  21. @JC
    « « Je connais des tapées de jolies veuves » »
    Pourquoi des veuves ? Jolies et jeunes j’espère !
    Mais je peux faire un effort si « jeune fille laide mais très fortunée ! »
    ça va me valoir un "contrat" de la part des féministes! : -)

    @Justine
    merci de vous souciez de ma « solitude »
    Mais que je sache le système par répartition, que je défends à100%, est en vigueur dans d’autres pays de l’UE. (Allemagne …)
    Les questions du financement valent donc hors de nos « frontières »
    Je posais des questions comment faire vivre ce système lorsque la «croissance » est atone, le chômage de masse et que, l’essentiel des cotisations reposent sur le salarié et l’employeur (régime fonctionnaire hors étude) ?

    RépondreSupprimer
  22. A Slinn. Mes arguments sont exposés dans mes posts... Après, je régule.

    RépondreSupprimer
  23. Je trouve que Laurence V. fait preuve d'une belle lucidité en ce qui concerne la croissance. Elle n'est pas la seule, et d'autres ont dit que si croissance il y a, ce sera une croissance molle, non créatrice d'emplois. je ne pense pas qu'une simple réforme de notre fiscalité suffira pour amorcer la transformation nécessaire de notre société. Je crois qu'il va falloir, comme certains le préconisent, cesser de se soumettre à la dictature de la croissance, et faire une véritable révolution en changeant le rapport au travail. Abolir le travail, le remplacer par l'activité.

    J'aurais aimé que Laurence V. puisse approfondir son propos, car dans une telle optique, la retraite à 60 ans pourrait bien être, effectivement, une lubie.

    RépondreSupprimer
  24. Nous sommes d'accord, il faut approfondir les pistes qu'elle ouvre avant de condamner.

    RépondreSupprimer
  25. Oui, oui ! Approfondissons...

    Tout est dit, mais on peut encore approfondir : pendant ce temps là, d'autres agissent ... Quelle perte de temps !

    RépondreSupprimer
  26. @ JC

    Vous faites sans doute partie de ces heureux dont la réflexion est arrêtée, et voudriez de l'action sans plus de débat. Très bien ! Agissons. Nous déciderons ensuite en quel sens.

    J'aurais effectivement aimé cet (inutile) approfondissement de la part de Laurence V., car, à la lecture de ses propos, je me pose deux questions — manœuvre dilatoire, je sais, d'autant que selon vous, si les questions sont saines et bonnes, les réponses sont mensongères et fallacieuses : d'abord, irait-elle plus loin qu'un énième rhabillage du même système en une sorte de capitalisme vert, et ensuite, pourquoi cette confusion entre décroissance et récession.

    RépondreSupprimer