jeudi 18 octobre 2012

Spéculations financières

J'apprécie les écrits de Paul Jorion,  anthropologue converti à l'économie qui fut le premier à dénoncer les conséquences des subprimes US, pourtant dotées d'un triple A par les agences de notation, et à annoncer la crise financière et économique qui dure depuis. Je suis régulièrement son blog depuis quelques années et on y est rarement déçu.

Son dernier ouvrage, "Misère de la pensée économique", Fayard 2012, ne déçoit pas, par son approche dépassant la pure pensée économique classique, idéologique et mutilant la réalité.



Pour lui, la crise qui perdure tient à différentes causes: 1) "notre espèce colonisatrice arrivant en bout de course", détruisant la nature, 2) une complexité de l'économie non réductible aux différents algorithmes des automates boursicoteurs et 3) la concentration excessive de la richesse: entre 1979 et 2010 aux USA, "si dans l'ensemble les 20% les moins riches ont vu leurs revenus après impôts augmenter de 18%, ..., ceux du 1% le plus fortuné ont grimpé pendant ce temps là de 278%".

Autre cause, la spéculation financière, assimilable à des jeux et paris, qui en "long" (gagnante si le prix monte) ou en "short", (gagnante si le prix baisse), se portant sur les cours des matières premières,  fait  régler l'ardoise par les consommateur dans le premier cas,  par les producteur dans le second. Dans tous les cas, une finance toxique pour l'économie réelle.

Deux courts extraits d'un ouvrage foisonnant, amenant à réfléchir et soulignant, comme d'autre, la proximité de la finance et du monde politique.
  • Tunisie, "Les médias en grève contre les attaques du pouvoir", NouvelObs.
  • "A Notre-Dame-des-Landes, la bataille continue", Le Monde.
  • "Clearstream : le juge Renaud van Ruymbeke blanchi", NouvelObs.
  • "L'Equateur gèle 200 millions de dollars d'actifs de Chevron", Le Monde.

10 commentaires:

  1. Non, ce n'est pas une crise : juste le moyen pour certains de s'enrichir encore plus sur le dos des autres. Ce qui dénote de leur part un sens de l'altruisme et de la responsabilité proche de zéro. Des anormaux, quoi.

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    1. Lisez Soljenitsyne : il a existé des pays où l'on savait quoi faire des "anormaux".

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  2. Pour spectaculaire qu'elle soit, la crise des subprimes n'est pas une cause mais une conséquence de la crise économique. La cause première est le pétrole. Suivez le cours du Brent avant 2008, il annonce clairement que l'économie américaine va ralentir et que de plus en plus de ménages ne pourront plus rembourser leurs crédits.

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    1. Le Brent n'est que le pétrole de la Mer du Nord, dont les USA ne sont pas les premiers clients : il est visqueux et difficile à travailler.

      La "crise des subprimes" ne vient que de l'avidité de certains organismes à s'enrichir en faisant miroiter à leurs clients la possibilité d'avoir de l'argent emprunté facilement. La hausse du Brent n'a été que l'un des nombreux facteurs déclenchants d'une catastrophe, qui de toute façon serait arrivée.

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    2. Peu importe l'indice, le Brent reflète le cours mondial du pétrole. Votre analyse de la crise des subprimes donne à envier la clarté logique de votre monde : les gentils d'un côté, les anormaux de l'autre. On a tout de suite envie d'adhérer.

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    3. Au contraire, il y a bien des "gentils" et des anormaux, mais il y a surtout une énorme masse qui ne pense pas, qui subit presque sans broncher. Et même souvent qui croit trouver son compte dans le fait que vivent de plus malheureux qu'elle, et qui pense avoir quelques responsabilités pour se mettre en valeur.

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  3. Sic : « Paul Jorion, (…) fut le premier à dénoncer les conséquences des subprimes US, » Euh ? faut peut-être pas être « aveuglé » à ce point mon cher Jef .Sachant que les « subrprimes » sont des capitaux fictifs, il faut reprendre les manuels d’économie pour mesurer les conséquences néfastes du capital fictif.
    Mais , laissons de côté ce détail sans importance
    Est-ce une crise financière ou crise du mode de production ?
    La crise qui traverse le pays et le monde est une crise non financière mais une crise du capitalisme, c'est-à-dire d’un mode de production qui ne parvient plus à réaliser l’accumulation et la rotation du capital. Les conséquences les plus visibles se concentrent en Europe et aux USA.
    Le capital fictif est beaucoup trop important . La dette publique, les subprimes , sont du capital fictif.
    La crise des « subprimes » a sifflé la fin de partie. Il faut remettre les compteurs à zéro. Il faut revenir à la théorie marxienne de la monnaie qui dit que l'argent doit être une vraie marchandise. Et évidemment, cela ne fera pas dans la joie et l'allégresse.
    Pour s’en sortir, certains courants politiques avancent les théories « sous-consommationnistes » qui auraient « l’avantage » de prolonger l’illusion que le capitalisme peut se réformer, et qu’en conséquence, l’accumulation de capital peut reprendre. Mais à condition de sortir du « libéralisme ». Illusion !
    Pour l’instant, les seules mesures avancées sont les destructions massives de forces productives -mise en jachère d’une grande quantité de forces de travail (chômage de masse) et réduire de façon drastique le capital fictif en faisant « saigner » les portefeuilles !

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  4. La science économique n'en est pas une. Jorion sera contredit par d'autres, qui seront contredits par d'autres, etc, etc, Cela rappelle les "sciences" dites humaines ! Tout peut être justifié par n'importe quoi, c'est à dire des modélisations bourrées d'axiomatique !

    Le découplage capitalisme/économie réelle, augmenté par la malhonnêteté des financiers et l'illusion des peuples qui accumulent du déficit et veulent "répartir" la richesse sans la créer, c'est cela qui est responsable de la situation actuelle. Il faudra 10 ans de serrage de boulons pour retourner à l'avant-dérive, au temps où l'argent était un outil réel.

    PS : quand on parle "d'anormaux", je vois, j'entends, Hitler, Pol Pot et Staline. Sacré Bab el Normal !

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    1. Quand je dis anormaux, je pense Blankfein, Bernanke, Monti, Draghi, Ouattara, Osborne mais surtout Cameron, Harper, Lagarde, Van Rompuÿ, Barroso, etc...

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    2. @bab
      J’ignore si les individus que vous citez sont « anormaux » ce qui est certain se sont des « petits bras »
      des joueurs de 3ème division dans la survie du capitalisme mondiale
      Ils tentent de sauver le « capitalisme de rentiers ». Un capitalisme prêt à détruire ses propres bases nationales, et comptent sur l’exploitation de la main d’œuvre « low cost » des pays émergeants pour se refaire une santé.
      Aujourd’hui la crise des « dettes souveraines » n’est pas le résultat des actions de dirigeants « anormaux » mais le résultat « normal » de la crise du capital en général, en tant que mécanisme produisant de la valeur. L’endettement n’est que le moyen provisoire de produire du « capital fictif ».

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